Date d'inscription : 12/12/2011 Messages : 7534 Pays : FranceR E L I G I O N : catholique
Sujet: Lectio divina - 2e dimanche du Carême 2020 Sam 07 Mar 2020, 11:51 pm
Lectio divina - 2e dimanche du Carême 2020
La scène de la « Transfiguration » du Seigneur est placée peu avant la montée de JESUS vers Jérusalem, la ville de sa Passion. Il faut bien en effet la lumière de la Transfiguration pour aborder les durs récits de la Passion. Croire vous offre une Lectio divina (Lecture - Méditation - Contemplation et Prière) de l’Évangile.
LECTIO
Évangile de JESUS Christ selon saint Matthieu (Mt 17, 1-9)
En ce temps-là, JESUS prit avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les emmena à l’écart, sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux ; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière. Voici que leur apparurent Moïse et Élie, qui s’entretenaient avec lui. Pierre alors prit la parole et dit à JESUS : « Seigneur, il est bon que nous soyons ici ! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » Il parlait encore, lorsqu’une nuée lumineuse les couvrit de son ombre, et voici que, de la nuée, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! » Quand ils entendirent cela, les disciples tombèrent face contre terre et furent saisis d’une grande crainte. JESUS s’approcha, les toucha et leur dit : « Relevez-vous et soyez sans crainte ! » Levant les yeux, ils ne virent plus personne, sinon lui, JESUS, seul. En descendant de la montagne, JESUS leur donna cet ordre : « Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. »
MEDITATIO
La gloire de la croix
La voix qui s’adresse aux témoins de la transfiguration prononce les mêmes mots que la voix venue du ciel au Baptême. Dans les deux cas, il s'agit d'une déclaration d'identité : «Celui-ci est mon fils bien-aimé» et de l'affirmation que tout l'amour de Dieu l'accompagne en son itinéraire personnel et habite en lui pour rejoindre tous les hommes : «Il a tout mon amour». Pourquoi réitérer ces affirmations ? C'est qu'au Baptême il s'agissait d'investir JESUS d'autorité pour que ses auditeurs accueillent les enseignements qui allaient suivre. À la Transfiguration le contexte est différent : immédiatement avant cette image de gloire, JESUS a informé les disciples qu'il devait se rendre à Jérusalem où il serait mis à mort. Il fallait que les disciples apprennent que même là, dans l'horreur de la Passion, il restait le Fils bien-aimé et que le visage de douleur coïnciderait avec le visage rayonnant de gloire. Certes, la dimension pascale était bien inscrite dans le Baptême, comme on l'a répété, mais en quelque sorte à distance ; maintenant on est au pied du mur. À vrai dire, l'événement pascal n'apparaît directement qu'à la dernière ligne de notre lecture, mais il est sous-jacent à tout le récit. Méditons cela car nous avons beaucoup de mal à lire tout l'amour de Dieu pour le Christ et, par lui, pour nous dans l'horreur du supplice, étant bien entendu que Dieu n'est pas l'auteur de la croix, ni de nos divers déboires,mais qu'il vient nous rejoindre et nous «glorifier» partout où la vie nous met.
Le visage de lumière
Avec le visage rayonnant de JESUS, on pense forcément à Moïse descendant de la montagne où Dieu lui avait remis les «dix paroles» de l'Alliance. Au point qu'il devait se voiler le visage pour ne pas effrayer les « enfants d'Israël » (Exode 34,29-35). Paul reprend ce thème en 2 Corinthiens 3,4-18. Il explique que sous l'ancienne Loi la vérité glorieuse était voilée mais qu'avec le Christ le voile tombe. Cette lumière est contagieuse, car nous aussi c'est «le visage découvert que nous réfléchissons comme en un miroir la gloire du Seigneur». On est passé du régime de la condamnation au régime de la JUSTIFICATION (verset 9). Ce texte de Paul insiste beaucoup sur le caractère passager de la première Alliance. Or voici justement que le récit de la Transfiguration nous met en présence de Moïse et d'Élie, la Loi et les prophètes, figures qui récapitulent tout l'Ancien Testament. Le Christ vient accomplir, surclasser, la Loi et remplir les promesses de la prophétie. Il opère le passage du transitoire au définitif, à cet avenir représenté par les trois Apôtres, ceux-là même que l'on retrouvera à Gethsémani, au seuil de la Passion. Pourquoi seulement ces trois ? En Galates 2,9 Paul écrit qu'il est allé faire approuver son action auprès des païens par «Jacques, Pierre et Jean, que l'on regarde comme les colonnes» ; de l'Église, bien entendu ; nous sommes bien aux portes d'un avenir révélé comme lourd de gloire.
Vers l'ultime Exode
Gloire, lumière qui se lève dans les ténèbres, d'accord. Mais voici que les personnages entrent dans une nuée à la fois lumineuse et obscure, puisqu'elle les couvre de son ombre. Bien sûr, on pense à la nuée qui revient si souvent dans l'Exode pour manifester la présence divine, en particulier dans le chapitre 40, versets 32-36, l'un des passages où on la voit audessus de la tente de réunion. Ces multiples références à l'Exode montrent bien que nous sommes ici à la veille de l'Exode ultime et définitif, celui qui ne traversera plus le désert mais ce que ce désert représentait : la mort. C'est bien pour cela que Luc, dans sa version de la Transfiguration, écrit que Moïse et Élie parlaient avec JESUS de «l'exode qu'il devait accomplir à Jérusalem». Comme au cours de la traversée du désert, Pierre veut dresser des tentes.Or, dresser la tente, c'est vouloir s'installer, interrompre la marche. Veut-il bloquer, ou retarder, le passage de l'ancien au nouveau ? Ouf ! Reposons-nous sur l'acquis, sur le déjà-là. Ne quittons pas le lieu où se manifeste la gloire. Là-bas, au pied de la montagne, serpente la route qui mène à Jérusalem. Pas plus qu'en Matthieu 16,21-23, donc au chapitre précédent, Pierre n'est partant pour ce voyage vers la ville qui tue les prophètes. «Dressons trois tentes.» Mais pourquoi exiger le silence sur la Transfiguration jusqu'à ce que le Fils de l'homme soit ressuscité d'entre les morts ? Parce qu'alors seulement on pourra comprendre que la gloire vient par la croix.
Père Marcel Domergue, sj.
CONTEMPLATIO
ORATIO
Un instant nos yeux Ont surpris ta gloire : Te voici rayonnant De splendeur ; Seigneur, notre joie, Tu as vu le Père, Ton visage est clarté.
Il nous faut encore Soutenir l’épreuve, Traverser avec toi D’autres nuits ; Seigneur, Fils de Dieu, Conduis-nous au Père, Transfigure nos vies.
SPECIAL DIMANCHE 8 mars 2020
Nous vivons une période exceptionnelle : le coronavirus-Covid 19 impose la fermeture de certaines églises, privant beaucoup d’entre nous de la messe dominicale. Devant ce phénomène qui risque de s’étendre, Prions en Église vous propose de vivre la messe du 2ème dimanche de Carême, enregistrée dans la chapelle de Bayard, célébrée par le père Sébastien Antoni, religieux assomptionniste.