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 Le Coran est-il violent? Clarisse DeLorient répond à Gary Ducran

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MessageSujet: Le Coran est-il violent? Clarisse DeLorient répond à Gary Ducran    Le Coran est-il violent? Clarisse DeLorient répond à Gary Ducran  Icon_minipostedJeu 14 Mai 2020, 7:42 pm








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MessageSujet: Re: Le Coran est-il violent? Clarisse DeLorient répond à Gary Ducran    Le Coran est-il violent? Clarisse DeLorient répond à Gary Ducran  Icon_minipostedVen 19 Juin 2020, 6:36 pm




Le Coran incite-t-il à la violence ?


Quelle est la place de la violence dans le Coran ? Réponse du jésuite égyptien Samir Khalil Samir, spécialiste du dialogue islamo-chrétien .

Marchand à Essaouira (Maroc) © Jean-François Gornet Flickr CC
(Samir Khalil Samir est expert au synode sur le Moyen-Orient)

Voir aussi sur croire.com
Les musulmans d'Europe doivent-ils prendre davantage la parole ?
Pour comprendre l'Islam
L’islam radical, une dérive sectaire
Quelles différences entre la Bible et le Coran ?
JESUS dans le Coran et dans la tradition musulmane
Islam
Le Coran n'est pas un texte violent mais la violence fait partie intégrante du Coran. Ce texte du début du VIIe siècle est adressé à un milieu bédouin d'Arabie, qui pratique la guerre comme une coutume et un moyen de survie.

Mahomet, le fondateur de l'islam, a lui-même dirigé plus d'une soixantaine d'attaques guerrières (razzia) en l'espace d'une dizaine d'années (entre 622 et 632).

On n'est pas étonné que les fondamentalistes qui prônent l'imitation du Prophète en tout aient recours à la violence et à la guerre pour se développer. Ils se conforment au Coran et à la vie de Mahomet.

La Mecque la tolérante, Médine la violente
L'entrée de Mahomet à Médine, qui marque le début du calendrier musulman (l'hégire) se caractérise par une guerre continue, à la fois défensive contre ceux qui n'étaient pas en accord avec ses projets (et qui ne voulaient plus payer une contribution), mais aussi d'attaques destinées à renforcer son pouvoir, se nourrir, disposer d'esclaves... Ses motivations étaient avant tout militaires et financières.

Les islamistes radicaux se référent aux passages et écrits les plus violents de l'histoire du Prophète (sourate de la Vache, par exemple) datant de l'époque médinoise (622-632 après J.-C.), en oubliant les sourates plus tolérantes (celles dites des Infidèles, de Jonas, de l'Araignée ou de la Caverne), liées à la période mecquoise (610-622 après J.-C.), au début de sa mission lorsqu'il ne bénéficiait pas encore de soutien suffisant.

Leur façon d'exercer la violence ne respecte pas la tradition du Prophète. Il ne faisait pas la guerre avec cruauté ; ils suivaient des règles précises (par exemple, la demande de soumission de l'ennemi avant toute attaque). Il n'attaquait pas les croyants. Nous nous trouvons actuellement dans une phase de régression par rapport à l'interprétation du Coran.

L'infidèle (kāfir), dans l'islam de Mahomet, c'est le polythéiste (qui vénère des divinités). Il ne s'agit ni des juifs, ni des chrétiens qui adorent le Dieu unique et ont le droit de vivre dans la cité à condition de payer un tribut par le chef de famille (jizya).

Les infidèles, quant à eux, avaient le choix entre devenir musulmans ou être tués. Les fondamentalistes de l'Etat islamique ou de Boko Haram en Afrique, qui se réfèrent pourtant au Coran, ne respectent pas ces prescriptions du Prophète.

L'esprit de la charia
Pour échapper à une lecture étroite et littérale du Coran, les théologiens musulmans (ceux du IXe et Xe siècles, repris par les réformateurs du XIXe et XXe siècles) ont développé une interprétation de la charia, la loi coranique qui repose sur le Coran, des paroles du Prophète (hadîths), des interprétations de juristes, entre autres.

C'est ce qu'on appelle «l'esprit de la charia» (maqāsid al shari'ah). Son objectif est d'interpréter pour aujourd'hui des prescriptions éditées il y a plus d'un millénaire. Le Coran stipule par exemple qu'il faut couper la main des voleurs. Quelle est la visée de la charia ? D'empêcher le voleur de récidiver. La réponse réside peut-être dans une sanction éducative, une peine de prison...

La plupart des pays musulmans ont cessé de couper les mains aux voleurs, tout comme les juifs ne lapident plus les femmes adultères, bien que ce commandement figure toujours dans la Torah !

Le rôle des musulmans d'Europe, qui acceptent la civilisation occidentale sans renoncer à leur foi, peut être déterminant pour une interprétation de l'esprit de la Charia, loin de tout fondamentalisme réducteur et régressif.

Le père Samir Khalil Samir est l'auteur de 100 questions sur l'islam, traduit en France sous le titre Les raisons de ne pas craindre l'islam, Presses de la Renaissance, 2007.

Recueilli par Gilles Donada


https://croire.la-croix.com/Abonnes/Theologie/Les-autres-religions/Le-Coran-incite-t-il-a-la-violence








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MessageSujet: Re: Le Coran est-il violent? Clarisse DeLorient répond à Gary Ducran    Le Coran est-il violent? Clarisse DeLorient répond à Gary Ducran  Icon_minipostedJeu 23 Juil 2020, 7:06 pm





L’islam est-il responsable de la violence islamiste?


«Les recherches montrent que les quiétistes qui basculent dans la violence sont rares, tant leur éthos idéologique rejette le terrorisme djihadiste», soulignent les auteurs.
Photo: Bandar Aldandani Agence France-Presse «Les recherches montrent que les quiétistes qui basculent dans la violence sont rares, tant leur éthos idéologique rejette le terrorisme djihadiste», soulignent les auteurs.

Khadiyatoulah Fall, Samir Amghar

respectivement de l'Université du Québec à Chicoutimi et de l'European Foundation for Democracy, à Bruxelles

8 juillet 2017

Qu’y a-t-il dans le Coran et dans la Sunna prophétique qui autorise les djihadistes à se réclamer de l’islam, à scander le nom d’Allah chaque fois qu’ils commettent un attentat meurtrier ? Voilà une question légitime qui doit être posée et devant laquelle les communautés musulmanes ne peuvent se dérober.

Comment parler de l’islam et des communautés musulmanes dans ce contexte de violence terroriste, mais aussi de discours haineux, sans être immédiatement catalogué comme islamophobe ou « islamophile » ? André Glucksmann formulait ce dilemme discursif ainsi : comment ne pas céder ni à l’amalgame qui fait de l’islam un problème en soi, ni à l’angélisme qui déconnecte le terroriste djihadiste de toute base idéologique religieuse ?

Les explications scientifiques du processus d’engagement violent au nom de l’islam ne s’entendent pas sur la place qu’il faut accorder à la religion musulmane dans l’équation de la radicalisation. Tantôt l’islam est présenté comme le vernis religieux, le prétexte facile pour justifier à postériori des positions violentes, tantôt il est analysé comme la matrice fondatrice des actions violentes.

Pour les tenants de cette dernière théorie, le modèle explicatif de la radicalisation islamique proviendrait des doctrines littéralistes de l’islam, en l’occurrence le salafisme. Cette explication se fonde dans un premier temps sur la dimension belliqueuse de la religion musulmane dont le prophète, contrairement à d’autres messagers, était un chef de guerre qui a mené, au nom de Dieu, plusieurs batailles et razzias.

Cette orientation d’analyse se base également sur plusieurs versets du Coran qui prônent sans ambiguïté la violence. C’est à partir de tels versets que les théologiens ont élaboré le concept de djihad sur lequel s’articule l’engagement des djihadistes contemporains. Si le terme djihad ne renvoie pas en langue arabe à l’idée de guerre ou de violence, mais plutôt à celui d’effort, il a subi une capture sémantique dans le langage courant qui en a fait un synonyme de violence au nom de l’islam, surtout depuis que certains doctrinaires de l’islam contemporain l’ont forgé dans ce sens.


Salafisation

Il est de plus en plus convenu que la violence djihadiste trouve ses racines aujourd’hui dans une idéologie salafisante de l’islam. Par salafisation de l’islam, il est entendu la tentative d’une partie de la cléricature musulmane de revenir aux fondamentaux de l’islam à travers une approche littéraliste du Coran. Cette perspective établit un continuum entre salafisme et djihadisme.

Selon une lecture linéaire et graduelle de la radicalisation, la radicalisation religieuse constituerait la première étape vers la radicalisation violente, à partir d’un continuum entre pratiques religieuses ultra-orthodoxes et violence. Plusieurs enquêtes de terrain dont les nôtres donnent une certaine assise à ce modèle explicatif. Les personnes interrogées ont justifié leur engagement violent au nom du corpus islamique. Même si la plupart ne sont pas férus de théologie islamique, ils ont néanmoins la capacité de recourir à des préceptes religieux pour expliquer leur départ ou leur tentative de départ vers la Syrie.

Peut-on dès lors parler de radicalisation de l’islam pour expliquer la violence islamiste ? Oui, mais avec nuance. D’abord, empiriquement, le lien n’est pas systématiquement établi. En effet, un bon nombre de radicalisés violents ne sont pas passés par la radicalisation religieuse ou n’ont pas été socialisés au sein de mouvements prônant un rigorisme islamique. L’exemple de Salah Abdeslam est édifiant à ce titre, lui qui a été décrit comme un personnage peu respectueux de l’orthopraxie islamique.

De plus, la radicalisation religieuse ne constitue pas de façon mécanique le prélude à la radicalisation violente. Parfois, elle peut être un frein ou un obstacle à la violence. En France, par exemple, la branche ultra majoritaire du salafisme, « le quiétisme », condamne de façon claire les attentats, qualifiant leurs auteurs de « chiens de l’Enfer », de takfiri (excommunicateurs) et de khawarîj (ceux qui sont sortis de l’islam).

Dans certains pays, le courant quiétiste est mobilisé pour contrer l’influence du djihadisme. Il suffit de consulter quelques sites salafistes pour trouver de multiples critiques contre les actions menées par Daech.

Les recherches montrent que les quiétistes qui basculent dans la violence sont rares, tant leur éthos idéologique rejette le terrorisme djihadiste. Leur condamnation de l’action violente est tellement forte que les djihadistes les traitent de talafiyyuns (ceux à éviter) et multiplient les critiques et les menaces à leur endroit, leur reprochant leur apolitisme excessif et leur absence de courage militant.


Débat figé

Théoriquement, les postures qui posent l’islam soit comme un « problème en soi », soit comme « une solution en soi » se fondent sur un postulat épistémologique essentialiste qui fige le débat. La posture « néo-orientaliste » qui s’enferme dans une vision de l’islam comme acteur central ou moteur de l’histoire des musulmans réduit ces derniers à des communautés monolithiques, statiques, dépourvues de rationalité et « régulées » et « agies » par leur religion. Cette posture fait face à son « pendant positif » que nous jugeons tout autant essentialiste et qui est souvent proclamé par des leaders religieux ou intellectuels musulmans qui présentent l’islam comme une religion ontologiquement pacifique, humaniste, tolérante et de raison.

Si l’on ne peut éviter d’interroger le Coran dans ses fondements, dans son passé et dans ce que l’islam apportait comme instrument d’émancipation ou de domination, il demeure cependant que la demande urgente de la forte majorité des musulmans, et surtout des musulmans de la diaspora, porte sur la capacité aujourd’hui du Coran d’autoriser une réflexion religieuse qui soit audible dans un contexte du vivre-ensemble fondé sur le respect de l’égalité des droits, de la liberté de croyance et sur le rejet sans ambiguïté de toute idéologie de la violence au nom de la foi. Il est demandé aux musulmans d’aujourd’hui de produire une interprétation du Coran qui ferme toute possibilité pour l’islamisme meurtrier de cheminer à côté du Livre saint.


https://www.ledevoir.com/opinion/idees/502977/l-islam-est-il-responsable-de-la-violence-islamiste







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