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| La bioéthique du monde d’après | |
| Auteur | Message |
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Capucine MODERATION
Date d'inscription : 12/12/2011 Messages : 7539 Pays : France R E L I G I O N : catholique
| Sujet: La bioéthique du monde d’après Sam 25 Juil 2020, 8:50 am | |
| La bioéthique du monde d’aprèsPublié le 20 juillet 2020
Alors que le projet de loi de révision des lois de bioéthique arrive en deuxième lecture à l’Assemblée nationale le 27 juillet, la Conférence des évêques de France alerte sur la volonté d’adoption en urgence d’une loi injuste et inégalitaire. Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes et président du Groupe bioéthique de la Conférence des évêques de France explique les enjeux et les dangers du projet de loi tel qu’il est présenté par la « Commission spéciale chargée d’examiner le projet de loi relatif à la bioéthique ». Quel monde édifions-nous ? Quelle solidarité voulons-nous ? Aussi bien pour nous que pour les générations à venir. Les crises sociales et les alertes écologiques traduisent une réelle inquiétude, tandis que la pandémie du COVID-19 a révélé notre fragilité humaine et économique. La loi de bioéthique va-t-elle augmenter le désarroi ? Nous changeons d’époque. Il nous faut penser un nouveau progrès. Il ne se réalisera pas sans une vision commune de notre humanité et de son indispensable « fraternité ». Celle-ci exige des remises en question qui nous préservent de la toute-puissance de nos désirs et qui réajustent nos droits et nos devoirs les uns vis-à-vis des autres. Si nos inquiétudes pour demain se cristallisent dans la crise écologique, nous assistons heureusement à une salutaire prise de conscience en vue de la préservation de la planète, notre maison commune. Il est désormais impossible de rester dans le monde ancien en ne considérant que les solutions techniques, ce qui aurait un effet dévastateur. Les consensus écologiques dessinent un autre progrès pour un monde nouveau, celui de la sobriété heureuse et du partage solidaire. La bioéthique ne saurait rester étrangère à cette transition. Aujourd’hui, elle est tentée de valider les succès technologiques et le court-terme des profits du marché. Le projet de loi, dans son actuelle mouture, semble s’y enfermer sans avoir conscience que l’être humain en est blessé. Certains plaident faussement qu’ainsi va le sens de l’histoire, ce que contredit le virage écologique qui s’impose à nous ! Ils s’affirment progressistes en ayant une vision étroite du progrès, qui ne considère pas vraiment la santé publique comme bien commun et qui exclut le respect dû à l’être humain le plus fragile ! La bioéthique aussi a besoin d’une salutaire prise de conscience ! Elle doit entendre ces alertes, dont certaines sont devenues plus vives en raison de la pandémie :
- Face aux défis liés au vieillissement de concitoyens de plus en plus nombreux, quelle nouvelle et juste solidarité allons-nous édifier en faveur de nos aînés ?
- Face à une conception gestionnaire des soins selon laquelle un « patient » devient parfois un « client », comment promouvoir une médecine plus humaine pour tous, soutenue par une politique de santé davantage reconnaissante envers les soignants ?
- Face à la volonté de tout maîtriser par les techniques biomédicales, comment discerner en raison les vrais enjeux ? Car les menaces sont réelles : marché des tests génétiques, robotisation et intelligence artificielle sans contrôle suffisant, expérimentation sur des embryons chimères, sélection accrue des enfants à naître, filiation sans paternité, maternité sans gestation, marchandisation de la procréation.
Plus que jamais, une vision audacieuse est nécessaire : grâce au « dialogue », qui est plus qu’un simple débat, développons une compréhension unifiée de la personne humaine en ses dimensions corporelle, psychique, sociale et spirituelle. Le corps n’est pas un matériau manipulable selon tout désir. Les liens humains fondamentaux ne sont pas configurables à volonté, fût-ce celle d’une majorité parlementaire.
Par sa filiation, chacun entre dans l’histoire d’autant plus serein qu’il aura été pleinement respecté dans sa dignité et dans ses droits fondamentaux, dès sa conception. Comment affirmer de façon péremptoire que priver délibérément un enfant d’un père n’est pas un mal pour l’enfant et respecte ses droits ? N’est-ce pas jouer avec le feu que de lui imposer légalement un double lien maternel qui serait biologique avec une femme et gestationnel avec une autre ? De sa dignité découle la « gratuité » avec laquelle tout être humain, avec ses vulnérabilités et ses limites, est accueilli en raison de sa valeur sans prix. L’éthique ainsi fondée est capable de discerner les violences exercées sur lui et de s’y opposer. Elle résiste à la séduction des techniques nous entraînant dans les dérives de l’eugénisme. « Fraternité » et « gratuité » permettent d’édifier la société inclusive désirée par tous : accueillir les différences et les fragilités, non comme des problèmes à éradiquer mais comme des sources d’humanité plus grande. Voilà le chemin d’un progrès véritable et plus juste, qui conduit à ce monde nouveau ! Répondre au défi écologique, c’est inséparablement élaborer une autre bioéthique que celle de l’actuel projet de loi. Ne manquons pas ce rendez-vous grave et plein d’espérance. Sans une conscience renouvelée de l’éthique, le plus fragile sera soumis à la loi du plus fort, et le progrès escompté deviendra régression. Il en va du sens de l’histoire et de notre responsabilité collective !
Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes, Responsable du Groupe Bioéthique de la CEF Mgr Pierre-Antoine Bozo, évêque de Limoges Mgr Nicolas Brouwet, évêque de Tarbes et Lourdes Mgr Olivier de Germay, évêque d’Ajaccio Mgr Hervé Gosselin, évêque d’Angoulême Mgr Vincent Jordy, archevêque de Tours Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre Père Brice de Malherbe, Département éthique biomédicale, Collège des Bernardins Père Bruno Saintôt, Département éthique biomédicale, Centre Sèvres [url=https://eglise.catholique.fr/sengager-dans-la-societe/eglise-et-bioethique/502357-bioethique-monde-dapres/?utm_campaign=%C3%89glise catholique - Newsletter du 23 juillet 2020&utm_medium=email&utm_source=Mailjet]https://eglise.catholique.fr/sengager-dans-la-societe/eglise-et-bioethique/502357-bioethique-monde-dapres/?utm_campaign=%C3%89glise%20catholique%20%20-%20Newsletter%20du%2023%20juillet%202020&utm_medium=email&utm_source=Mailjet[/url] |
| | | Capucine MODERATION
Date d'inscription : 12/12/2011 Messages : 7539 Pays : France R E L I G I O N : catholique
| Sujet: Re: La bioéthique du monde d’après Sam 25 Juil 2020, 8:51 am | |
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| | | Capucine MODERATION
Date d'inscription : 12/12/2011 Messages : 7539 Pays : France R E L I G I O N : catholique
| Sujet: Re: La bioéthique du monde d’après Lun 27 Juil 2020, 12:37 am | |
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| | | Capucine MODERATION
Date d'inscription : 12/12/2011 Messages : 7539 Pays : France R E L I G I O N : catholique
| Sujet: Re: La bioéthique du monde d’après Lun 27 Juil 2020, 12:40 am | |
| P. Bruno Saintôt : « Il doit rester dans la loi des références éthiques intangibles »Entretien Alors que le projet de révision de la loi de bioéthique revient lundi 27 juillet devant l’Assemblée nationale, le père Bruno Saintôt, directeur du centre d’éthique biomédicale du Centre Sèvres, estime que son contenu ne peut se résumer au résultat d’un équilibre entre jeux de pouvoirs et d’intérêts.
- Recueilli par Loup Besmond de Senneville,
- le 27/07/2020 à 09:52
- Modifié le 27/07/2020 à 11:01
Le P. Bruno Saintôt, directeur du centre d’éthique biomédicale du Centre Sèvres.[size=12]P.RAZZO/CIRIC[/size] Les lois de bioéthique doivent-elles être le résultat d’un équilibre entre différents éléments comme les attentes de la société ou les capacités techniques ? Bruno Saintôt : Du point de vue de la réflexion éthique, considérer ces lois comme le résultat d’un équilibre me semble erroné. L’image d’un système qui s’équilibre par le seul jeu des diverses forces en présence me paraît dédouaner les instances éthiques et politiques de leur responsabilité : comprendre, argumenter, décider. Le bien et le juste ne doivent pas dépendre fondamentalement des jeux de pouvoir et d’intérêts de ceux qui les revendiquent ou les défendent.
Bien sûr, la réflexion éthique est faite de conflits et de tensions entre différentes attentes et entre différents principes éthiques. Mais les attentes, les forces politiques et les capacités techniques ne sont pas en elles-mêmes des valeurs ou des normes éthiques. Il faut les passer au crible de la raison critique. L’usage du terme « équilibre » nourrit la vision d’une « éthique de l’équilibre » où les repères majeurs de ce qui fait l’humanité de l’être humain sont eux-mêmes perpétuellement changeants, où il n’y a plus d’interdits fondamentaux mais des repères toujours mouvants. Il doit rester des références éthiques intangibles. À quelles grandes références faites-vous allusion ? B. S. : Notre société s’est construite sur des valeurs et des normes fondamentales, dont certaines sont traduites juridiquement dans la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH). Celle-ci donne un premier cadre pour penser et définir « ce qu’il ne faut jamais faire ». Par exemple, l’on ne doit jamais instrumentaliser une personne même pour faire progresser la recherche au bénéfice d’une multitude d’autres personnes. Le code médical de Nuremberg avait fait aussi prendre conscience de la nécessité de lois internationales pour réguler la recherche médicale. En ce sens, dire l’intangible, c’est dire : « plus jamais cela ! »
Les valeurs et principes intangibles et à prétention universelle, comme la dignité, la liberté, l’égalité, la fraternité, sont forcément très généraux. L’enjeu de la bioéthique est de les traduire dans le domaine particulier de l’usage des techniques biomédicales. Le défi du questionnement bioéthique n’est pas simplement de les appliquer mais de les préciser : est-ce manquer à la dignité d’une personne de l’engendrer de telle façon, de modifier ses gènes, etc. ? J’insiste sur le concept de dignité, même s’il est critiqué, car la DUDH l’établit comme « fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde ». Si vous dites qu’il existe certains principes intangibles, à quoi cela sert-il de réviser régulièrement la loi ? B. S. : Si les principes intangibles sont nécessaires, ils ont aussi besoin d’être précisés en fonction des nouvelles possibilités techniques. Par exemple, avec ce projet de loi, le droit à connaître ses origines va sans doute être une nouvelle disposition juridique. Mais l’on devrait également s’interroger sur la nécessité de le définir comme un droit fondamental explicitant la dignité de la personne. Il y a donc, à mon sens, une nécessité d’enrichir la compréhension des principes intangibles. Le rôle de la révision régulière de la loi devrait être aussi de nous faire prendre collectivement conscience des avancées des techniques et de leurs incidences sur la manière de vivre ensemble dans un monde fragile et menacé. En revanche, si le principe de révision de la loi est dicté par les forces de revendication de quelques groupes, nous passerons à côté de l’enjeu collectif de cette révision.
Le grand inconvénient de cette révision est qu’elle polarise sur quelques sujets qui apparaissent comme de nouvelles conquêtes de libertés et fait perdre le sens de l’aventure commune de l’humanité. La bioéthique souffre beaucoup de la dissociation, entretenue malheureusement par la plupart des forces politiques, entre éthique personnelle et familiale, éthique sociale, éthique économique et éthique écologique.https://www.la-croix.com/Sciences-et-ethique/P-Bruno-Saintot-Il-doit-rester-loi-references-ethiques-intangibles-2020-07-27-1201106574? |
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