Capucine MODERATION
Date d'inscription : 12/12/2011 Messages : 7539 Pays : France R E L I G I O N : catholique
| Sujet: Russie : à Khabarovsk, l’Extrême-Orient russe défie le Kremlin Lun 27 Juil 2020, 8:13 am | |
| Russie : à Khabarovsk, l’Extrême-Orient russe défie le KremlinDans la grande ville de Khabarovsk, sur le fleuve Amour, des foules inédites descendent dans la rue pour protester contre l’arrestation de leur gouverneur et, au-delà, pour défier le Kremlin.
- Benjamin Quénelle, à Moscou,
- le 27/07/2020 à 15:29
- Modifié le 27/07/2020 à 17:12
Dans les manifestations de soutien à Sergueï Fourgal fleurissent désormais des slogans contre Vladimir Poutine. IGOR VOLKOV/APÀ plus de 6 000 kilomètres et sept fuseaux horaires de Moscou, la contestation s’installe à Khabarovsk, cité de 600 000 habitants sise sur le fleuve Amour à la frontière de la Mandchourie chinoise. Du jamais vu dans cet Extrême-Orient russe bien loin du Kremlin et devenu, pour le troisième week-end consécutif, l’épicentre d’une colère grimpante contre le pouvoir russe. Spontanée, sans leader ni coordinateur, la manifestation du samedi 25 juillet, dernière en date, était la plus vaste jusque-là : de 6 500 à 90 000 personnes, selon les estimations extrêmes, vraisemblablement autour de 20 000 en réalité. Le long des avenues menant place Lénine, au siège de l’administration régionale, un slogan fédère la rue : « liberté pour Fourgal ». Une affaire qualifiée de « stalinienne »
Sergueï Fourgal, ancien médecin et homme d’affaires, est devenu en 2018 le gouverneur hors système de la région, après les élections régionales où il a supplanté le représentant des autorités. Depuis lors, il s’activait pour développer cette région longtemps négligée par Moscou. Subitement accusé du meurtre de trois entrepreneurs dans une affaire vieille de quinze ans, arrêté sans ménagements le 9 juillet, il a été envoyé en détention provisoire à Moscou. À présent, les manifestants expliquent qu’ils poursuivront leur mouvement tant qu’il ne sera pas libéré. Son incarcération très musclée devant son domicile, il est vrai, a choqué jusque dans les rangs de l’opposition dite « constructive » – réputée loyale au pouvoir. Tenu fermement par des hommes en treillis, Sergueï Fourgal avait alors été conduit menotté vers une cage de verre au tribunal. Son parti, le populiste et nationaliste LDPR, a qualifié l’affaire de « stalinienne ».
Plus de deux semaines plus tard, la protestation faiblit d’autant moins que, pour le remplacer, Moscou a envoyé Mikhaïl Degtyarev, jeune député de la Douma choisi dans les rangs du même parti LDPR, mais sans attache locale. Les habitants de Khabarovsk l’ont accueilli, du coup, avec colère, en « parachuté », critiquant depuis son manque d’expérience et de liens avec la région. Le message de Moscou est clair Car loin de chercher à calmer les esprits en montrant une prudente sympathie pour la protestation, le nouveau gouverneur par intérim de 39 ans a déclaré que les manifestations ne reflétaient pas l’opinion publique, que des étrangers étaient derrière le mouvement. Une rhétorique habituelle du Kremlin pour dénigrer tout mouvement d’opposition.
L’incarcération brutale du gouverneur est un message on ne peut plus clair du Kremlin : après avoir délégué aux régions la gestion de la crise du coronavirus, Moscou entend rétablir l’ordre ainsi que sa verticale du pouvoir, et met en garde les autorités locales contre trop d’autonomie, surtout avant les élections locales de septembre 2020. Sergueï Fourgal, gouverneur réputé plus populaire que Vladimir Poutine dans sa région, était donc pour le pouvoir une cible désignée. « Poutine démission » La protestation à Khabarovsk, avec des manifestations de moindre ampleur à Vladivostok, 750 kilomètres plus au sud, s’explique en grande partie par l’exaspération de régions qui, en Extrême-Orient mais aussi en Sibérie, se sentent oubliées par Moscou. Lors des récentes élections, elles ont souvent voté contre le pouvoir soutenu par le Kremlin.
Au fil des manifestations, toutefois, deux faits nouveaux surprennent. En plus des messages de soutien au gouverneur, la foule commence à crier « Poutine démission », « Russie réveille-toi » et d’autres slogans à portée plus nationale, semblables à ceux des mouvements libéraux anti-Kremlin à Moscou.
Pourtant, loin des vagues d’arrestations à chaque rassemblement dans la capitale, la police à Khabarovsk, peu présente, n’arrête personne. Selon certains médias locaux, des policiers laissent même leur épouse se joindre aux foules bigarrées, entre jeunes, retraités et femmes avec poussette. Un signal pour le Kremlin. -------------------------------------------- Plusieurs arrestations politiques à Kazan À Kazan (Tatarstan), plusieurs militants du mouvement russe « Démocrates unis » ont été arrêtés samedi 25 juillet lors d’une conférence de l’ONG Transparency International, qui milite pour des élections pluralistes en Russie. « Un grand nombre de policiers antiémeute portant des masques et des mitrailleuses sont entrés par effraction dans le quartier général et ont arrêté environ 17 personnes », dont la conférencière Iékatérina Petrova, a témoigné Anastasia Bourakova, coordinatrice du mouvement, citée par l’agence de presse Interfax. « Démocrates unis » prévoit de présenter des candidats indépendants dans quatre régions, dont le Tatarstan, aux municipales de septembre 2020, selon Interfax.https://www.la-croix.com/Monde/Russie-Khabarovsk-lExtreme-Orient-russe-defie-Kremlin-2020-07-27-1201106606? |
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