Capucine MODERATION
Date d'inscription : 12/12/2011 Messages : 7544 Pays : France R E L I G I O N : catholique
| Sujet: Le régime biélorusse réprime, la contestation résiste Jeu 13 Aoû 2020, 8:09 am | |
| Le régime biélorusse réprime, la contestation résisteLes ministres européens des affaires étrangères doivent se réunir le 14 août pour débattre d’éventuelles sanctions contre Minsk. Toute la semaine, les forces de sécurité du régime biélorusse ont répondu à une contestation dispersée par une violence indiscriminée.
- Fabrice Deprez, avec Olivier Tallès et Elena Daneiko (à Minsk),
- le 14/08/2020 à 06:00
- Modifié le 14/08/2020 à 08:00
Le 9 août, comme chaque soir, la police biélorusse arrête des manifestants à Minsk.ITAR TASS/BESTIMAGEDes images en forme de menace, symbole d’un régime prêt à aller jusqu’au bout : celles de six jeunes, présentés comme des manifestants, face à une caméra de la télévision d’État biélorusse. Alignés contre un mur, mains liées dans le dos, visages hagards et contusionnés, ils baissent le regard lorsqu’une voix déformée leur demande « s’ils comptent encore faire la révolution ». « Non, plus jamais », murmure l’un d’entre eux.La contestation contre la réélection frauduleuse du président Alexandre Loukachenko a pris, toute la semaine, la forme d’affrontements nocturnes et dispersés dans près de trente villes du pays entre manifestants et des forces de sécurité composés de brigades antiémeutes, mais aussi de forces spéciales du KGB et de troupes parachutistes. « Tout le monde s’attendait à une répression bien sûr, mais pas à un tel niveau de brutalité », explique Tadeusz Giczan, chercheur biélorusse basé à Londres.La répression du pouvoir, la nuit et sous couvert d’un Internet inopérant, a déjà fait au moins deux morts et 250 blessés. Environ 6 700 personnes ont aussi été arrêtées depuis le début de la semaine, dont environ 50 journalistes. Emmanuel Macron a fait part de sa « très grande préoccupation sur la situation en Biélorussie » lors d’une conversation téléphonique avec Vladimir Poutine, mercredi 12 août , tandis que les ministres européens des affaires étrangères doivent se réunir vendredi pour discuter d’éventuelles sanctions contre le pouvoir biélorusse. Un membre des forces de sécurité contacté par La Croix résume ainsi la stratégie du pouvoir biélorusse : « Passé 19 heures, toute personne qui sort dans la rue peut être interpellé et battu, femmes et enfants compris, et nous avons reçu la permission d’utiliser des armes. » Un couvre-feu qui ne dit pas son nom et permet aux forces de l’ordre d’agir les mains libres. L’objectif est « psychologique », pense Tadeusz Giczan : « Il faut montrer qu’il n’y a aucun espoir. » Et appuyer les propos du président Loukachenko, qui a qualifié les manifestants de « moutons » pilotés depuis l’étranger et de « chômeurs » qui « devraient trouver un travail ».Arrêté lundi soir alors qu’il tentait de photographier un déploiement policier, Phillipe Tchmir, un musicien biélorusse de 52 ans, s’est vu rapidement transporté vers un centre de détention de Minsk : « Ils nous ont donné une bouteille d’eau pour 60 personnes, nous ont alignés des heures contre un mur en nous disant qu’on avait de la chance qu’il n’y ait pas de barbelés au sol. Dès qu’un prisonnier s’appuyait contre le mur, il était frappé dans le dos et les jambes à coups de tonfa. » Libéré deux jours plus tard, en pleine nuit, Phillipe Tchmir décrit à La Croix des policiers se comportant comme « des bêtes sauvages ». « Il y a aussi des policiers normaux, mais ce sont les bêtes qui commandent », résume-t-il.Les images brutales diffusées sur les réseaux sociaux ont aussi entraîné de nouvelles formes de protestation. Dans plusieurs villes du pays, plusieurs centaines de femmes vêtues de blanc ont aussi organisé mercredi et jeudi des chaînes de solidarité en soutien aux manifestants, tandis que des groupes de médecins défilaient à Minsk contre les violences policières. Des grèves, pour l’heure limitées, ont aussi éclaté dans plusieurs entreprises d’État.La répression brutale du pouvoir biélorusse semble néanmoins faire son effet. Les autorités ont annoncé environ 700 arrestations dans la nuit du 12 au 13 août, un chiffre en baisse par rapport aux 3 000 réalisées trois jours plus tôt. « C’est une contestation qui n’a pas de structure, pas de leader ni d’objectif bien articulé, donc je ne pense pas qu’elle puisse aboutir à un changement de pouvoir, note le politologue Alexandre Papko. Mais ça reste un moment très important, car les gens ont compris qu’ils pouvaient affronter la police. »https://www.la-croix.com/JournalV2/Le-regime-bielorusse-reprime-contestation-resiste-2020-08-14-1101109079?
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