Référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie
Auteur
Message
Capucine MODERATION
Date d'inscription : 12/12/2011 Messages : 7539 Pays : FranceR E L I G I O N : catholique
Sujet: Référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie Dim 04 Oct 2020, 6:38 am
Référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie : le non l’emporte d’une courte tête
Les électeurs ont voté à 53,3 % en faveur du maintien de l’archipel dans le giron de la France. Le président Emmanuel Macron a réagi en témoignant de sa « reconnaissance ».
Publié aujourd’hui à 13h33, mis à jour à 16h37
Dans un bureau de vote de Nouéma, en Nouvelle-Calédonie, samedi 3 octobre. Mathurin Derel / AP
Le non à l’indépendance arrive de justesse en tête du référendum organisé en Nouvelle-Calédonie, dimanche 4 octobre, selon les résultats provisoires communiqués par le Haut-Commissariat sur la base de l’intégralité des bureaux de vote. Le non récolte 53,26 % des voix face au oui (46,74 %). Au-delà de son verdict, ce scrutin est également marqué par une forte participation, qui s’élève à 85,64 %.
Près de 181 000 électeurs de cet archipel français, colonisé en 1853, étaient appelés aux urnes pour dire s’ils souhaitaient ou non « que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ».
Un premier scrutin organisé le 4 novembre 2018 dans le cadre des accords de Nouméa (1998) avait vu les pro-Français l’emporter par 56,7 % des voix. L’écart entre les deux camps s’est donc sensiblement resserré en deux ans, et il n’est désormais que de 9 965 voix, précise-t-on au ministère des outre-mer. Un troisième scrutin resterait théoriquement encore possible d’ici à 2022.
Un troisième référendum possible
« En tant que chef de l’Etat, j’accueille cette marque de confiance dans la République avec un profond sentiment de reconnaissance. J’accueille également ces résultats avec humilité », a réagi Emmanuel Macron lors d’une courte allocution, dimanche à 14 heures (heure de Paris) depuis l’Elysée.
Le chef de l’Etat a par ailleurs invité l’archipel à « se tourner vers l’avenir ». Et de préciser :
« L’avenir, c’est la dernière étape de l’accord de Nouméa. Un troisième référendum est possible. C’est à vos élus du Congrès d’en décider. L’Etat, fidèle à sa parole, se tient prêt à l’organiser, si tel est leur choix. L’avenir, c’est aussi, avec ou sans référendum, la préparation de la sortie de l’accord de Nouméa en 2022. (…) Nous avons devant nous deux années pour dialoguer et imaginer l’avenir, et pas seulement l’avenir institutionnel. »
Emmanuel Macron a terminé son intervention en insistant sur les trois défis auquel l’archipel aura à faire face ces prochaines années, selon lui : le défi « indo-Pacifique, le développement économique et le défi climatique, dont on mesure chaque jour un peu plus combien il est prégnant, urgent ».
De son côté, le premier ministre, Jean Castex, a confirmé dans un communiqué qu’il allait réunir « prochainement » tous les acteurs de la Nouvelle-Calédonie « disposés à travailler ensemble à la poursuite du processus de dialogue et de paix à l’œuvre depuis trente ans ».
Aux Néo-Calédoniens qui ont voté oui à l’indépendance, le chef du gouvernement adresse « un message de profond respect ». Il assure que le gouvernement « restera fidèle à sa parole : conformément à l’accord de Nouméa, il respectera le choix des élus calédoniens de solliciter, ou non, une troisième consultation ».
« Les prochains mois devront permettre d’approfondir les différentes options qui s’offrent à la Nouvelle-Calédonie et d’imaginer concrètement les solutions institutionnelles mais aussi politiques, économiques et sociales sur le chemin du destin commun », ajoute-t-il.
Date d'inscription : 12/12/2011 Messages : 7539 Pays : FranceR E L I G I O N : catholique
Sujet: Re: Référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie Lun 05 Oct 2020, 4:13 am
Nouvelle-Calédonie : la bipolarisation confirmée par le référendum du 4 octobre
Le Monde
Editorial. Il revient à l’Etat de mettre en œuvre tout ce qui est de son ressort pour favoriser le dialogue et aboutir à une solution négociée.
Publié aujourd’hui à 11h10, mis à jour à 16h50
Un bureau de vote lors du référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie, à Nouméa, le 4 octobre. Mathurin Derel / AP
Editorial du « Monde ».
Une nouvelle fois, les quelque 181 000 électeurs appelés à se prononcer, dimanche 4 octobre, sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie ont répondu non. Toutefois, la dynamique progresse nettement en faveur du oui. Avec une participation exceptionnelle de 85,64 %, ce qui témoigne de la perception de l’enjeu par les populations concernées, le oui à l’indépendance recueille 46,74 %, soit une progression de près de 3,5 points par rapport au premier référendum du 4 novembre 2018 contre (43,33 %).
De quoi encourager les indépendantistes à demander un troisième référendum, dans un délai de deux ans, comme le prévoit l’accord de Nouméa du 5 mai 1998, qui a engagé un processus de décolonisation inédit. Or, la date de 2022 marquera, comme l’a souligné Emmanuel Macron lors de sa déclaration à l’issue de la publication des résultats, la fin de ce processus et le passage à une nouvelle étape : « Avec ou sans troisième référendum, la sortie de l’accord de Nouméa interviendra d’ici à 2022 », a rappelé le chef de l’Etat.
C’est cette nouvelle étape qu’il convient à présent de préparer. La Nouvelle-Calédonie ne peut pas se contenter de vivre au rythme de ces consultations à répétition pendant que son économie s’enfonce dans la crise et que l’influence prédatrice de la Chine ne cesse de se renforcer dans la zone Pacifique.
Alors que le scrutin du 4 octobre confirme, voire accentue, la bipolarisation géographique, ethnique et sociale sur le territoire, il revient à l’Etat de mettre en œuvre tout ce qui est de son ressort pour favoriser le dialogue et aboutir à une solution négociée.
La spirale de la surenchère
Le résultat de cette deuxième consultation montre que, quoi qu’il advienne, les options sur le futur statut du territoire se partagent pour moitié, à quelques points près, entre partisans de l’indépendance et opposants. Rien ne serait pire que de laisser s’enclencher la spirale de la surenchère entre ces deux camps face à face, alors que, déjà, les instances de dialogue mises en place avant la première consultation ont cessé de produire leurs effets.
Il revient donc à l’Etat de prendre ses responsabilités : la neutralité qu’il s’impose dans le processus électoral ne doit pas signifier son absence. A chaque fois que la Nouvelle-Calédonie a su se projeter vers l’avant, que ce soit en 1988 avec les accords de Matignon, sous l’égide de Michel Rocard, ou en 1998 avec l’accord de Nouméa, négocié par Lionel Jospin, c’est parce que l’exécutif a été au rendez-vous de l’histoire.
Le président de la République l’a souligné, il reste « deux années pour dialoguer et imaginer l’avenir ». Ce dialogue doit s’engager dès maintenant. Cela veut dire qu’une représentation de l’Etat au plus haut niveau devrait être envoyée sans tarder sur le territoire pour ouvrir des discussions avec toutes les parties. Il ne s’agit plus, de part et d’autre, de se compter. L’avenir de la Nouvelle-Calédonie est un marqueur dans la capacité de la France à « reconnaître les ombres de la période coloniale, même si elle ne fut pas dépourvue de lumière », comme le rappelait le préambule de l’accord de Nouméa.
La période qui s’ouvre sera déterminante. L’exécutif a un rôle nécessaire : renouer les fils du dialogue, mais cela n’empêche pas qu’il expose clairement comment il envisage, de son côté, les conséquences du non ou du oui à l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie. Cela afin de permettre un véritable débat à l’échelle du territoire comme au niveau national.