Bonne fête de la Toussaint 2020 !
Publié par Roland Cazalis, compagnon jésuite sur 31 Octobre 2020, 15:32pm
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La sainteté est l’esprit des béatitudes ou les béatitudes sont les figures de la sainteté.
Toutes ces figures sont des aspects de la face de Dieu.
Il existe une autre réalité qui fait référence aux aspects de la face de Dieu, ce sont les anges.
Qui sont-ils ? « Mon nom est en lui », nous dit l’AT, au sens littéral du terme, puisque chacun porte en son nom celui de Dieu.
Que font-ils ? Voilà ce que dit le Christ : « ils voient sans cesse la face de mon Père »
Chaque saint ou sainte, dont celles et ceux que l’Église reconnaît comme tel, chacun donc incarne un aspect de Dieu ; chacun incarne un reflet de la face de Dieu, comme la douceur, la justice, la paix, la miséricorde, le cœur pur , etc.
L’humanité a besoin de toutes ces réalités, de toutes ces valeurs, pour parvenir à vivre à hauteur de ce qu’elle est, pour vivre pleinement sa nature.
Nous pouvons nous rappeler des luttes et du temps qu’il a fallu pour parvenir à la justice faite à l’individu, parce que c’est un être humain tout simplement.
La justice lui est due, non pas parce qu’il appartient à telle caste respectable, ou à tel groupe social ayant le pouvoir, ou à telle ethnie qui serait supérieure. Non, la justice est due tout simplement parce qu’il est un être humain.
Notre seule noblesse est d’être humain.
Si nous comprenons cette réalité de base, alors notre justice va s’étendre à toutes les créatures.
Nous avons pris connaissance du projet de Syrus, un prototype des droits de l’Homme, il y a de cela vingt-cinq siècles.
Les droits de l’Homme ne sont toujours pas approuvés dans certains pays. Je ne dis pas respectés, mais approuvés par les autorités au pouvoir, car les approuver revient implicitement à s’engager à les respecter.
Dans ces pays réfractaires qui freinent l’avancée de l’humanité, doivent se lever des figures des béatitudes pour que, par leur engagement, l’humanité soit honorée.
Celle ou celui qui porte une de ces valeurs doit l’incarner. On ne peut pas prôner la justice et en même temps être un injuste.
En septembre dernier, le Parlement européen a « formellement » exclu Aung San Suu Kyi de la « communauté » des lauréats du prix Sakharov des droits de l’Homme, décerné en 1990, en raison du sort réservé à la minorité musulmane des Rohingya en Birmanie.
Il ne s’agit pas de jeter la première pierre sur cette dame, mais incarner une valeur comme la justice suppose de dénoncer l’injustice faite à autrui, quel qu’il soit.
Nous nous rendons bien compte de ce que signifie incarner un aspect de la face de Dieu parmi les hommes.
Il ne suffit pas d’être un personnage charismatique avec une capacité d’influence sur les autres. Il faut être vrai, car Dieu ne peut pas aller contre lui-même. Si l’on n’est pas vrai, et que dans le fond, on roule pour soi seul, alors tôt ou tard le masque de l’acteur tombera.
Si réellement nous incarnons un aspect de la face de Dieu, alors il ne faut pas nous étonner qu’il y ait de l’hostilité — ce dont parle St Jean dans son épître —, et même de la persécution contre celles et ceux qui incarnent ces aspects de Dieu.
Évidemment, des gens n’appartenant pas à l’Église portent également ces aspects de la face de Dieu, même si dans l’Église, nous faisons référence aux nôtres.
Les saints et saintes, ces personnalités reconnues par l’Église nous donnent, une fois de plus, une métrique, une référence pour reconnaître des équivalents ailleurs dans le monde, quand ils se manifestent.
En effet, Dieu se fait visible partout où il y a des hommes. Quand nous observons ses traces dans le monde, nous devons nous en réjouir et témoigner.
En conséquence, ouvrons notre célébration à l’universel pour manifester la sainteté de Dieu.
Des gens nous posent souvent la question, « comment Dieu agit-il dans le monde aujourd’hui ? »
Nous pourrions répondre « par sa face, par ceux et celles qui sont tournés vers sa face et la traduisent en acte, ou essayent de la manifester parmi les leurs.
Maintenant, je me demande quelles sont les figures de la sainteté de Dieu dont notre monde a besoin aujourd'hui.
Prenons des réalités concrètes et même proches de chez nous.
Par exemple, je vois la situation des attentats terroristes en France causés par l’islam politique.
Cette réalité suscite en moi « heureux les artisans de paix ».
La force terroriste ou policière ne résoudra pas un malentendu payé à haut prix.
Il y a malentendu, car d’un côté, on parle de religion comme idée, par conséquent, le débat d’idées, la critique et la controverse sont de mise ; de l’autre, on parle de religion comme une catégorie de l’intime et comme telle est de l’ordre du sacré.
Comment s’accorder ? Comment faire société avec ce malentendu ? Car, faire société est bien l’enjeu, mais sur quelle base ?
Pourquoi une caricature aurait-elle plus de valeur que la vie d’un homme ?
Il faut un artisan de paix qui dépasse ce malentendu.
Je ne sais pas quelle figure des béatitudes vous suggère la gestion du problème de la covid, qui repose sur les épaules de tout le monde, jusqu’à ce que nous ayons un vaccin.
Nous pouvons ainsi penser à l’une ou l’autre situation qui nous tient à cœur et invoquer une figure des béatitudes afin que le Seigneur y jette un rayon de sa lumière.
Roland Cazalis, compagnon jésuite
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