Les puéricultrices d'une maternité à Haïfa (en Israël) ont échangé par erreur deux bébés. Ce n'est qu'après 6 jours que l'erreur fut découverte. Les deux mères ont refusé de reprendre leur enfant biologique ! Elles avaient pendant 6 jours nourri et materné l'enfant d'une autre, et cela a suffi à ce que le lien soit devenu assez fort pour que les mères considèrent cet enfant comme leur  "bébé d'amour"...

Ce fait-divers (authentique) pose une série de questions psycho-philosophiques (et aussi, à la limite, éthiques).

D'abord, qu'est-ce qui est le plus important ? Le lien du "sang", le matériel chromosomique, ou le lien affectif entre la mère et l'enfant ? Ne peut-on pas dire que le premier lien est plus "intellectuel" et théorique, le second étant émotionnel et affectif ?

Pour les bébés (de leur point de vue), cela va-t-il, à votre avis, changer quelque chose d'être élevé par une mère différente de leur "vraie" mère ? Et pour les mères ? Vont-elles aimer leur bébé autant que s'il était son "vrai" bébé ? D'ailleurs, cette distinction entre "vrai" et "faux" bébé a-t-elle un sens ?

La situation aurait-elle été différente si la substitution avait eu lieu plus tard après la naissance ? On retrouverait évidemment le cas, abondamment documenté, des enfants adoptés.

Je donne la parole à celui ou celle que ce sujet intéresse.

Cité par Boris Cyrulnik, "Mémoire de singe et paroles d'homme", Edition Pluriel, Hachette, 1983. Je suis en train de le lire ! (la phrase se trouve à la page 110, avant-dernier §).

Ainsi Soit-Il.

Michel Blanc a écrit:

Les puéricultrices d'une maternité à Haïfa (en Israël) ont échangé par erreur deux bébés. Ce n'est qu'après 6 jours que l'erreur fut découverte. Les deux mères ont refusé de reprendre leur enfant biologique ! Elles avaient pendant 6 jours nourri et materné l'enfant d'une autre, et cela a suffi à ce que le lien soit devenu assez fort pour que les mères considèrent cet enfant comme leur  "bébé d'amour"...

Ce fait-divers (authentique) pose une série de questions psycho-philosophiques (et aussi, à la limite, éthiques).

D'abord, qu'est-ce qui est le plus important ? Le lien du "sang", le matériel chromosomique, ou le lien affectif entre la mère et l'enfant ? Ne peut-on pas dire que le premier lien est plus "intellectuel" et théorique, le second étant émotionnel et affectif ?

Pour les bébés (de leur point de vue), cela va-t-il, à votre avis, changer quelque chose d'être élevé par une mère différente de leur "vraie" mère ? Et pour les mères ? Vont-elles aimer leur bébé autant que s'il était son "vrai" bébé ? D'ailleurs, cette distinction entre "vrai" et "faux" bébé a-t-elle un sens ?

La situation aurait-elle été différente si la substitution avait eu lieu plus tard après la naissance ? On retrouverait évidemment le cas, abondamment documenté, des enfants adoptés.

Je donne la parole à celui ou celle que ce sujet intéresse.

Ayant été toute ma vie active au service de l'Enfance (enfants placés par le juge), je peux dire que... cela dépend des enfants. Certains ont été abandonnés par leur mère à la naissance et arrivés à l'adolescence veulent retrouver leurs géniteurs... Chaque fois que j'ai rencontré ce genre de questions (que le juge nous disait ou pas le motif du placement), je trouvais normal, mais ça s'est souvent passé très mal quand je juge décidait d'ouvrir le dossier...

Par contre, j'ai été plus d'une fois choquée qu'arrivées à l'âge de 16 ans, certaines mères se manifestaient... et là... la fille était tellement heureuse de faire la connaissance de sa mère que n'importe quoi pouvait se passer après... et nous étions, nous les éduc, des bourreaux...

Certaines ont été ensuite retrouvées sur le trottoir... beaucoup ont fait de la prison...

Je vais avoir 75 ans, j'ai commencé à travaille à 22 ans en Belgique dans un hôme d'enfants fermé, tous ayant des antécédents familiaux différents mais ils étaient là à cause de leurs parents : prison, inceste, manque de soins, etc... quand ce n'était pas les gendarmes qui trouvaient des enfants gelés presque nus dans la rue...

Je suis, depuis, restée en contact avec certains qui n'ont pas repris la vie familiale et me considèrent encore comme leur mère... parce qu'ils ont compris que nous ne voulions que leur bien. Maintenant, je sais aussi qu'ils trainent leur passé et certains ont reproduit les mêmes choses... 

Certains enfants adoptés n'ont pas pu rester chez leurs parents adoptifs et nous sont revenus...

Mais maintenant que certaines filles ont la cinquantaine, elles me posent encore la question de leur placement... Les liens du sang ? oui pour beaucoup... mais ce que je déplore, c'est qu'ils pensent surtout qu'ils seront plus aimés...

Bonjour Capucine, et merci pour ta réponse !

J'ai un jour postulé pour travailler comme éducateur dans un centre d'hébergement pour enfants placés par le juge. J'ai fait une journée d'essai. Cela m'a marqué ! Combien ces enfants (ils avaient entre 6 et 12 ans) sont en demande d'affection et surtout d'attention, de respect et de chaleur humaine... J'ai lu beaucoup sur le sujet. Me vient à l'esprit les récits touchants de Torey Hayden (psychologue américaine qui a travaillé avec des enfants autistes).

Porte-toi bien chère Capucine

A propos des enfants placés par le juge : c'est peut-être un peu HS : c'est plus un échange intentionnel de bébés, ou plutôt d'enfants d'âge scolaire ! Il faudrait créer un topic à part entière, à moins qu'il existe déjà.