FIGAROVOX/TRIBUNE - Une délégation de parlementaires, d'élus et d'acteurs de la société civile, s’est rendue du 3 au 5 décembre pour une mission d'observation dans les zones attaquées par le Hamas le 7 octobre. Les actes perpétrés par le Hamas s'inscrivent dans une rupture civilisationnelle, expliquent-ils.
Nous savions, mais désormais nous sommes témoins. Nous avons vu, nous avons entendu, nous avons touché et nous avons senti la barbarie qui s'est abattue le 7 octobre sur les civils israéliens.
Cette barbarie n'avait pas un visage humain, elle est indescriptible et n'est pas même comparable, par son ampleur et son horreur, aux pires exactions de Daech.
Le 7 octobre, le Hamas et ses alliés ont donné des leçons à l'enfer, emportant tout sur leur passage et laissant plus de 1.200 morts et 5.000 blessés. Hommes, femmes, enfants et nourrissons majoritairement juifs, et même des animaux, ont été massacrés, amputés, décapités ou brûlés vifs après avoir été torturés, violés, éventrés ou mutilés. Un officiel nous confiera que très peu de corps étaient entiers lors de leur inhumation. 240 personnes ont également été prises en otage, dont plus de la moitié est encore retenue. Leur libération est essentielle.
Ce jour-là, comme beaucoup d'autres kibboutz, villes et rassemblements, Nir Oz, communauté agricole créée en 1955 et située à moins de deux kilomètres de Gaza, n'a pas été le théâtre d'un pogrom mais la scène d'un camp d'extermination. Nous avons découvert le martyr, un village fantôme, figé et calciné. Derrière chaque porte éventrée de chaque maison où s'est joué l'indicible, résonnent encore les cris et le supplice des victimes innocentes. Dans chaque maison les stigmates de l'horreur sont encore présents, murs criblés, pièces brûlées, projections de sang. Un village hanté par les ombres et quelques chats errants, derniers survivants orphelins d'une humanité éradiquée. Leurs miaulements stridents se mêlent au chant assourdissant des oiseaux encore perchés sur les arbres pour interpréter la symphonie de l'horreur dont ils ont été les derniers témoins. Un martyr qui en rappelle un autre, celui du village français d'Oradour-sur-Glane commis par les SS de la division « Das Reich » le 10 juin 1944. Les mêmes images, la même dévastation, la même sauvagerie ; les crimes sexuels en moins. Dans les cuisines communes de Nir Oz, où étaient conservés les corps suppliciés, on est saisi par l'odeur de la mort qui enveloppe encore les lieux deux mois après les massacres. Le silo à grain est intact, comme les bâtiments techniques et agricoles. Les barbares ne venaient pas pour détruire l'accessoire, ils venaient pour s'en prendre à la vie et aux lieux de vie.
Vidéo associée: Otages du Hamas : vaste rassemblement à Washington pour exiger leur libération (Dailymotion)
Le 7 octobre, on n'a pas tué pour un territoire ou pour une cause, contrairement à ce que laisse à penser cette inscription laissée par les barbares sur le mur d'une maison «Le peuple palestinien», on sait qu'il n'en est rien, car aucun être humain ne cautionnerait pareil déchaînement de sauvagerie absolue, ni au nom d'aucune idéologie connue. On a tué pour tuer la vie, on a tué pour anéantir la vie et pour désincarner l'humanité dans une entreprise d'extermination planifiée, méticuleuse et chirurgicale.
Comme si la barbarie commise n'y suffisait pas, le village était pris pour cible par des tirs de roquettes du Hamas alors que nous étions sur les lieux de leurs abominations.
Des femmes ont été enlevées, séquestrées, entravées, violées, démembrées, mutilées avant d'être assassinées. Des crimes sexuels atroces ont été commis sur des femmes et aussi sur des hommes vivants ou morts qu'aucun mot de notre humanité ne peut décrire. Des enquêteurs et des secouristes primo intervenants nous ont rapporté des scènes de viols collectifs, de mutilations génitales, d'ablations d'organes, de pelvis brisés…
À ces exactions sans commune mesure se sont rajoutés les vols, destructions et pillages systématiques.
Les barbares ont brûlé des maisons entières, pour contraindre les habitants à sortir de leurs dérisoires pièces sécurisées, qui ne résistaient ni aux balles ni au feu, avant de les abattre, mais surtout pour réduire en cendres toute trace d'humanité. Ils voulaient éliminer par le feu la vie et l'histoire de ces vies, avilir jusqu'à la mort, et au-delà de la mort, jusqu'à la crémation.
Ils se sont filmés, en selfies et parfois en direct, dans une jouissance macabre de leur sauvagerie. Un spectacle d'inhumanité utilisé comme arme psychologique pour sidérer et briser le moral des témoins de leur entreprise d'extermination.
Ce qui s'est produit là et ailleurs en Israël le 7 octobre n'a pas sa place dans notre humanité. Et quelles que soient les voies qu'empruntera le nécessaire règlement politique de la situation au Proche-Orient, la destruction du Hamas, comme organisation politique, administrative et militaire, est désormais un préalable à tout le reste. Il n'y aura pas de paix tant qu'une organisation terroriste comme le Hamas pourra s'affranchir des lois de l'humanité et sombrer dans la barbarie absolue. Cette organisation s'est mise d'elle-même au ban de l'humanité et des valeurs universelles. Les actes perpétrés par le Hamas s'inscrivent dans une rupture civilisationnelle.
Ne nous y trompons pas, ce combat n'est pas celui d'une civilisation contre une autre, il n'est pas celui d'un État contre une population, et il n'est même pas celui d'un État contre une organisation terroriste, il est celui de la civilisation des humains contre les barbares. Et ce combat n'est pas seulement celui d'Israël, c'est le combat millénaire de l'humanité contre le mal absolu, pour que cela ne puisse se reproduire, en Israël ou ailleurs dans le monde, car n'en doutons pas, si nous n'y mettons pas un terme définitif aujourd'hui, la stratégie et les modes opératoires du Hamas seront copiés et imités ailleurs demain, et pourraient devenir la nouvelle norme des terroristes. Souvenons-nous que les modes opératoires mis en œuvre par Daech en Irak et en Syrie à partir de 2013, que nous pouvions croire lointains, ont été exportés jusque dans nos rues, qu'il s'agisse des attentats suicides ou des décapitations.
L'humanité a su faire front commun contre la barbarie nazie il y a 80 ans, comme elle l'a fait contre Daech il y a près de 10 ans. Nous avons éliminé la barbarie de la surface de la terre, comme c'est notre devoir aujourd'hui à l'égard du Hamas.
Ce combat est également à mener sur le front intérieur. Les discours irresponsables qui justifient cette barbarie, qui en nient la réalité ou la remettent en cause, doivent être systématiquement poursuivis et réprimés. Outre qu'ils constituent des faits d'apologie du terrorisme, de crimes de guerre ou de crimes contre l'humanité, ils contribuent insidieusement à amplifier la menace terroriste. Il est aussi du devoir des démocraties de combattre ce révisionnisme.
Les signataires:
Jean-Charles Brisard (président du Centre d'analyse du terrorisme)
Aurélie Assouline (adjointe au maire du XVIIe arrondissement de Paris, présidente du Collectif 7 Octobre)
Pierre-Christophe Baguet (maire de Boulogne-Billancourt)
Céline Bardet (juriste, enquêtrice criminelle internationale)
Monique Canto-Sperber (universitaire, chercheur, ENS Paris)
Bernard Carayon (avocat, maire de Lavaur, ancien député)
Nathalie Cohen-Beizermann (chef d'entreprise, élue de Saint-Mandé)
Nathalie Colin-Oesterlé (députée européenne, conseillère municipale et métropolitaine de Metz)
Anne Daussan-Weizman (adjointe au maire de Metz à l'attractivité, au commerce et aux partenariats internationaux)
Bernard Gahnassia (adjoint au maire de Puteaux)
Alain Gest (président d'Amiens Métropole, ancien député)
Sacha Ghozlan (avocat au Barreau de Paris)
Nadine Herrati (adjointe au maire de Gentilly, chargée du travail de mémoire)
Patrick Karam (vice-Président du Conseil régional d'Ile-de-France)
Jacky Mamou (ancien président de Médecins du monde)
Pascal Markowicz (avocat au barreau de Paris)
Pierre Ramel (responsable associatif, ancien directeur général de l'Aide Médicale Internationale)
Nathalie Riu-Guez (présidente de Wizo France)
Eryck Schekler (commissaire de justice à Paris)
Ariel Weil (maire de Paris Centre)
Bernard Zaoui (administrateur de l'Association française des victimes du terrorisme, élu de Combs-la-Ville)
https://www.msn.com/fr-fr/actualite/monde/ce-que-nous-avons-vu-et-entendu-dans-les-zones-attaqu%C3%A9es-par-le-hamas-le-7-octobre/ar-AA1lvhPK?ocid=msedgdhp&pc=U531&cvid=8b4c00aa173741e994c4b4e02e04c281&ei=15