Date d'inscription : 12/12/2011 Messages : 7545 Pays : FranceR E L I G I O N : catholique
Sujet: Les « docteurs de l’Église » Mer 28 Fév 2024, 5:33 am
Qu’est-ce qu’un « docteur de l’Église » ?
C’est au XIIIe siècle que l’Église va mettre en valeur l’apport des « maîtres et docteurs » des premiers siècles de l’Église. Spécialiste des Pères de l’Église et de saint Irénée, Agnès Bastit-Kalinowska, retrace leur histoire. Qu’est-ce qu'un "docteur de l’Église" ?
est JESUS qui est le premier « docteur » : « Vous m’appelez “maître” [rabbi, docteur, Nda] et vous dîtes bien, je le suis en effet… » (Jn 13, 13). À la dernière cène, JESUS revendique en effet le titre de « rabbi » que lui donnent ses disciples et, plus largement, ses interlocuteurs. De fait, l’Évangile nous le montre souvent enseignant, soit les foules, soit ses proches, et les auditeurs en restaient frappés « car il parlait avec autorité » (Mt 7, 29). C’est lui aussi qui qui a donné à l’Église ses « docteurs » : « Celui qui est descendu est le même que celui qui s’est élevé au-dessus de tous les cieux… c’est lui qui a donné les apôtres, les prophètes, les évangélisateurs, les pasteurs et les docteurs… en vue de l’édification du corps du Christ » (Ep 4, 10-12). Dans ce passage de la Lettre aux Éphésiens, l’Église issue de la Pentecôte apparaît déployée, grâce à l’action missionnaire des « apôtres et des évangélisateurs », et les communautés sont gardées et enseignées par « les pasteurs et les docteurs ». Ils prolongent l’activité de JESUS, qui s’est dit lui-même pasteur et maître (ou « docteur », didaskalos). La fin de la phrase montre la visée et la portée de l’évangélisation, de la pastorale et de l’enseignement : conforter les fidèles dans le service qui est le leur et, par là-même, édifier le corps du Christ qui est l’Église.
Des évêques et des maîtres
L’antiquité chrétienne a connu des enseignants («didascales »), catéchistes ou conférenciers, et des auteurs approfondissant par écrit la foi de l’Église (Justin, Clément d’Alexandrie, Tertullien etc.). À côté de ces maîtres « professionnels », des évêques dotés d’une formation suffisante ont vite concentré dans leur personne les deux fonctions de pasteur et de docteur, en enseignant les communautés dont ils avaient la responsabilité. Clément de Rome et Ignace d’Antioche sont pour nous les plus anciens exemples, après Paul et ses collaborateurs, de ce lien entre pastorale et approfondissement du contenu de la foi reçue, qui s’épanouira, encore au IIe siècle de notre ère, chez Irénée de Lyon (entre autres). Au début du Ve s., Augustin, dans sa polémique autour du péché originel, énumère sept « docteurs de l’Église » (doctores Ecclesiae), trois latins et trois grecs, avec en tête Irénée, qui était à la fois grec et latin : Irénée, Cyprien, Hilaire, Ambroise, Grégoire de Nazianze, Basile le Grand, Jean Chrysostome.
C’est au XIIIe siècle, après les travaux des grands théologiens tels Thomas ou Bonaventure, qui eux-mêmes puisaient chez les auteurs antérieurs de la période patristique, que l’Église va ressentir le besoin de mettre en valeur l’apport de ces docteurs des premiers siècles de l’Église, en créant officiellement, en 1295, le titre de « docteur de l’Église ». Quatre évêques enseignants sont ainsi devenus les « quatre docteurs de l’Église latine » (Ambroise, Augustin, Jérôme et Grégoire le Grand). Presque trois siècles plus tard, saint Pie V complètera cette liste en y inscrivant d’abord Thomas d’Aquin (en 1567), puis l’année suivante les « quatre Pères de l’Église grecque » (Athanase, Basile, Grégoire de Nazianze et Jean Chrysostome), rejoints bientôt par Bonaventure (en 1586).
Des spirituels, des religieux dont des femmes
Sept Pères de l’Église (quatre latins et trois grecs) ont encore été proclamés aux XVIIIe et XIXe siècles, en compagnie de quatre médiévaux et de deux « modernes » (Alfonse de Liguori et François de Sales, tous deux évêques et auteurs). Le XXe et XXIe siècles ont promu deux orientaux anciens (le syrien Ephrem et l’arménien Grégoire de Narek), mais font surtout la part belle aux médiévaux et aux modernes. La plupart de ces docteurs plus récents sont des spirituels, des religieux sans charge pastorale, quelquefois des femmes (Thérèse d’Avila et Catherine de Sienne en 1970), Thérèse de Lisieux en 1997 et Hildegarde de Bingen en 2012). Le point commun entre des profils désormais aussi diversifiés est d’une part la profondeur de l’enracinement dans le mystère de Dieu, et de l’autre une œuvre écrite, qui permet à qui le souhaite d’être éclairé par l’enseignement ainsi transmis. Un « docteur » de l’Église est donc un saint qui a eu à cœur de puiser aux sources de la parole de Dieu, qui en a reçu par grâce une compréhension particulièrement riche et qui l’a diffusée.
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Capucine MODERATION
Date d'inscription : 12/12/2011 Messages : 7545 Pays : FranceR E L I G I O N : catholique
Sujet: Re: Les « docteurs de l’Église » Mer 28 Fév 2024, 5:36 am
Quelle différence entre un Père et un docteur de l’Église ?
L'Église attribue le titre de Père ou de docteur de l’Église aux hommes et aux femmes dont l’œuvre de réflexion et d’écriture a enrichi l’assemblée des chrétiens. Ainsi, il faut que les écrits, illuminés d’une foi profonde, aient contribué à faire rayonner l’Église. Les enseignements de ces hommes et ses femmes ne sont pas des dogmes à proprement parler, mais ils sont d’une justesse incontestable, à tel point qu’ils sont devenus partie intégrante de l’enseignement de l’Église.
Une distinction d’abord chronologique
Le premier élément de distinction est chronologique : on ne peut appeler Pères de l’Église que des auteurs ayant vécu au plus tard jusqu’au XIIe siècle. Les docteurs viennent ensuite. Les Pères de l’Église appartiennent à l’Église des premiers siècles, dont ils ont gagné la paternité en mettant par écrit les fondements de la doctrine chrétienne, voire de la théologie. Saint Bernard de Clairvaux (1090-1153) est le dernier des Pères. On compte 61 Pères de l’Église jusqu’en l’an 450, puis dix après cette date. Aucune femme ne figure parmi eux. Il existe enfin des Pères de l’Église propre aux orthodoxes, d’autres aux catholiques, et d’autres encore à l’Église d’Orient.
Les docteurs sont peu nombreux (37) et comportent des femmes (4). Ils ne peuvent, en aucune manière être des laïcs non consacrés. Ils sont considérés davantage comme des figures d’autorité et des témoins de la doctrine, à laquelle les pères ont contribué. Les docteurs sont généralement des figures plus récentes dans l’Histoire, mais rien n’interdit à l’Église d’attribuer ce titre à des personnalités de toutes les époques. Au delà de leurs œuvres théologiques, philosophiques ou littéraires, ce sont aussi des âmes consacrées à Dieu : tous sont saints.
Une figure, deux titres
Quinze rares figurent possèdent les deux titres : saint Irénée de Lyon, saint Cyrille de Jérusalem, saint Athanase d’Alexandrie, saint Ambroise de Milan, saint Basile de Césarée, saint Grégoire de Nazianze, saint Jean Chrysostome, saint Cyrille d’Alexandrie, saint Jérôme, saint Augustin d’Hippone, saint Léon le Grand, saint Jean Damascène, saint Grégoire le Grand, saint Isidore de Séville et saint Bernard de Clairvaux.
Bossuet vouait une grande admiration aux Pères de l’Église et ses conseils demeurent d’une grande actualité :
Citation :
« Quiconque, donc, veut devenir un habile théologien et un solide interprète (des Écritures), qu’il lise et relise les Pères. S’il trouve dans les modernes quelquefois plus de minuties, il trouvera très souvent dans un seul livre des Pères plus de cette première sève du christianisme, que dans beaucoup de volumes des interprètes nouveaux, et la substance qu’il y sucera des anciennes traditions le récompensera très abondamment de tout le temps qu’il aura donné à cette lecture. » (Bossuet, Défense de la Tradition et des saints Pères, 1763).
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Capucine MODERATION
Date d'inscription : 12/12/2011 Messages : 7545 Pays : FranceR E L I G I O N : catholique
Sujet: Re: Les « docteurs de l’Église » Mer 28 Fév 2024, 5:38 am
Quelles sont les conditions pour être déclaré docteur de l’Église ?
L’Église crée officiellement le titre de docteur de l’Église en 1295. Les premiers à le recevoir sont saint Ambroise, saint Augustin, saint Jérôme et saint Grégoire le Grand. Trois siècles plus tard, en 1567, saint Pie V complète cette liste avec saint Thomas d’Aquin. L’année suivante les « quatre Pères de l’Église grecque » (saint Athanase, saint Basile le Grand, saint Grégoire de Nazianze et saint Jean Chrysostome) s’ajoutent à cette liste. Ils sont ensuite rejoints par saint Bonaventure en 1586. À partir du XVIIIe siècle, le titre, plus fréquemment donné, est accordé à saint Anselme de Cantorbéry, saint Isidore de Séville, saint Pierre Chrysologue et saint Léon Ier dit le Grand.
Au XIXe, neuf autres saints sont proclamés docteurs de l’Église : Pierre Damien, Bernard de Clairvaux, Hilaire de Poitiers, Alphonse de Liguori, François de Sales, Cyrille d’Alexandrie, Cyrille de Jérusalem, Jean Damascène et Bède le Vénérable. Le XXe et XXIe siècles font la part belle aux médiévaux et aux modernes, à l’exception de deux orientaux anciens, le syrien Ephrem et l’arménien Grégoire de Narek. Saint Pierre Canisius, saint Jean de la Croix, saint Robert Bellarmin, saint Albert le Grand, saint Antoine de Padoue, saint Laurent de Brindisi, saint Jean d’Avila… La liste se rallonge et compte même quatre femmes : sainte Thérèse d’Avila, sainte Catherine de Sienne, sainte Thérèse de Lisieux et sainte Hildegarde de Bingen. Après la proclamation en janvier 2022 de saint Irénée de Lyon, l’Église catholique compte 37 docteurs. Mais pour obtenir ce titre, ces saints et saintes ont dû répondre à plusieurs critères.
Doctrine éminente, sainteté de vie et élection de la part du Pape
Avant tout, il ne faut pas confondre les Docteurs de l’Église avec les Pères de l’Église, même si certains saints, comme saint Ambroise de Milan ou saint Augustin, portent ces deux dénominations. Les Pères de l’Église sont les penseurs dont les écrits constituent les bases de la doctrine de l’Église elle-même. Tandis que le terme de docteur de l’Église s’applique aux théologiens, philosophes ou écrivains ayant enrichi significativement la doctrine de l’Église tant au niveau philosophique que spirituel. « L’Église attribue officiellement ce titre à des théologiens auxquels elle reconnaît une autorité particulière de témoins de la doctrine, en raison de la sûreté de leur pensée, de la sainteté de leur vie, de l’importance de leur œuvre », indique la Conférence des évêques de France.
Benoît XIV, qui fut pape entre 1740 et 1758, explicita les conditions requises pour devenir docteur, toujours à titre posthume. Les critères sont au nombre de trois : doctrine éminente ; sainteté de vie ; élection de la part du Souverain Pontife ou par le Concile Général. « Un docteur de l’Eglise est un saint dont l’éminence de la pensée théologique et spirituelle est reconnue comme ayant enrichi significativement la doctrine de la foi chrétienne », précise à Aleteia frère Elie Ayroulet, vice-postulateur de la cause du doctorat d’Irénée de Lyon, professeur de patristique et vice-doyen de la faculté de théologie de l’Université Catholique de Lyon.
« Outre la sainteté de vie, c’est le degré d’excellence et la pertinence de la doctrine qui retient l’attention. La doctrine doit être sûre, originale, et avoir un rayonnement et une influence dans l’Église vérifiés au cours des âges. À un moment donné, l’Église peut estimer opportun de mettre en avant la doctrine spirituelle et théologique d’un saint parce qu’elle la considère comme pertinente et d’actualité pour la foi des baptisés », souligne-t-il.
En pratique, la Congrégation des causes des saints reçoit des lettres postulatrices de ceux plaidant ce titre pour un saint. La Congrégation pour la doctrine de la foi est aussi consultée. Après ces votes, la proposition du titre est soumise au Pape ou au Concile général, seules autorités habilitées à proclamer un docteur de l’Église. S’ils valident la proclamation, souvent par lettre apostolique, elle fait alors l’objet d’une célébration solennelle. Le calendrier liturgique réserve ensuite des mentions spéciales pour célébrer les docteurs de l’Église.
Aleteia
Capucine MODERATION
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Sujet: Re: Les « docteurs de l’Église » Sam 02 Mar 2024, 7:04 am
Au début du christianisme, des hommes et des femmes vont dans le désert pour vivre dans le dénuement.
Tournés vers la recherche de Dieu et l’écoute de sa parole, certains vivent en communauté : les cénobites ; d’autres choisissent la solitude : les ermites.
Ils vivent dans les déserts de Mésopotamie, d’Égypte, de Syrie ou de Palestine, entre le milieu du IIIe siècle et le VIIe siècle.
On les appelle les Pères et les Mères du désert. Leurs préceptes, anecdotes et paroles de sagesse sont connus sont le nom d’apophtegmes.
Parmi eux, Antoine le Grand, est considéré comme le père des moines.
Il incarne le combat spirituel et la quête du feu de l’amour de Dieu.
« L’ermite au désert, dit-il, est dispensé de trois combats, celui des yeux, celui de la langue, celui des oreilles. Il ne lui en reste qu’un seul : celui du coeur .»
Sainte Synclétique cultivait l’humilité, la vigilance et la charité. Elle est considérée comme la fondatrice du monachisme en Orient.