Capucine
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 |  Sujet: Iran-Israël : les leçons d’une attaque inédite  Dim 14 Avr 2024, 9:23 am | |
| L'Iran a mis à exécution sa menace de représailles contre Israël en lançant, samedi soir, une attaque massive et inédite contre son ennemi régional. cette opération risque-t-elle de déstabiliser encore plus le Moyen-Orient, au bord du précipice ? Décryptage.1 Quelle est l’origine précise de cette attaque ?
Elle vise à répliquer, de manière très significative, à l’attaque israélienne effectuée, il y a une quinzaine de jours, laquelle avait consisté à frapper le consulat iranien, à Damas (Syrie). Ce consulat était situé près d’un bâtiment qui abritait des chefs des Gardiens de la Révolution, appelés aussi Pasdarans, dont le général chargé des opérations extérieures qui a été tué. Celui-ci commandait toutes les forces des Gardiens de la Révolution présentes au Moyen-Orient : en Syrie, Irak et au Liban, auprès du Hezbollah chiite libanais. C’était donc une cible de choix. En l’éliminant, lui, ainsi que d’autres Pasdarans, Israël savait parfaitement qu’un nouveau cycle était entamé.Ce cycle tourne désormais une page car jusqu’ici, les rapports conflictuels très tendus entre Israël et l’Iran consistaient souvent à utiliser des voies détournées ou des mandataires que l’on appelle des « proxys ». La frappe, qui a eu lieu dans la nuit de samedi à dimanche, marque une véritable rupture. D’une part, elle frappe directement le sol israélien. D’autre part, environ deux tiers des missiles et projectiles tirés sur Israël, y compris les drones, proviennent directement d’Iran et seulement un tiers du Hezbollah et des Houthis du Yémen. L’État hébreu a frappé le sol syrien et, cette fois, c’est l’Iran qui frappe le sol israélien. L’escalade est très nette.[*] 2 L’Iran a-t-il vraiment les moyens de mener une véritable guerre, au-delà de cette opération ?
L’Iran n’a absolument pas les capacités technologiques d’Israël, un pays qui a acquis un niveau de précision technique et technologique en matière militaire absolument unique au monde. De surcroît, il ne faut jamais oublier qu’Israël est équipé de la bombe atomique, alors que tout le problème posé par l’Iran à la communauté internationale est justement que le régime des mollahs prétend se doter très rapidement de la bombe atomique à son tour, ce qu’Israël aimerait bien éviter. Objectivement, dans le contexte actuel, l’État hébreu a intérêt à pousser l’Iran à la faute afin que Téhéran s’estime obligé de riposter et d’enclencher un engrenage dans lequel il ne peut être que perdant car, sur le plan militaire, encore une fois, Israël dispose d’une suprématie totale.
 [*] 3 Quel rôle peuvent jouer les pétromonarchies sunnites ?
Une des leçons de l’attaque qui vient de se produire est que le front anti-iranien a bien résisté. Il s’est même conforté. Non seulement l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont donné totalement tort à l’Iran, de façon déclaratoire, mais la Jordanie, elle-même, pays qui a signé la paix avec Israël et qui a reconnu cet État, à l’instar de l’Égypte, a intercepté des missiles tirés par les Houthis et qui passaient par-dessus le territoire jordanien pour atteindre Israël. La Jordanie s’est donc clairement rangée du côté de la protection de l’État hébreu. Un soutien encouragé par l’Égypte, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis qui démontre que l’Iran n’a absolument pas réussi à fracturer le clan sunnite pro américain.
[*] 4 Risque-t-on un embrasement régional et, partant, un engagement mondial ?
L’embrasement régional est déjà à l’œuvre, puisque l’Iran dispose d’un balcon sur la Méditerranée à travers le Hezbollah et le Hamas, à Gaza. Il est également présent en soutien extrêmement actif aux côtés du régime de Bachar al-Assad en Syrie et aussi en Irak où, il ne faut jamais l’oublier, la majorité de la population est chiite. L’Iran dispose en Irak de milices chiites dévolues à sa cause. L’encerclement d’Israël est déjà opérationnel, d’un point de vue strictement iranien. Ce qui est nouveau, c’est ce choc frontal entre Israël et l’Iran qui ne s’était pas produit jusque-là. Mais, encore une fois, c’est l’Iran qui a tout à perdre car beaucoup de généraux israéliens rêvent d’une guerre ouverte avec Téhéran. Ces derniers savent, en effet, qu’ils disposent d’une suprématie totale. C’est justement ce que l’Iran essaie d’éviter en pratiquant des attaques très ciblées comme celle qui vient d’avoir lieu. Cette dernière montre que Téhéran, en utilisant un maximum de capacités balistiques, n’arrive pas à saturer le système de défense anti-aérienne israélien. Israël proclame d’ailleurs que 99 % des projectiles en provenance d’Iran ont été détruits. La démonstration est donc faite que l’Iran est en position claire et nette d’infériorité militaire par rapport à Israël. Dans ces conditions-là, un embrasement régional n’est vraiment pas dans l’intérêt de Téhéran.
[*] 5 Quel rôle doit jouer la communauté internationale, et la France en son sein ?
Là aussi, la leçon est claire et nette. L’Iran espérait fracturer le clan occidental qui soutenait Israël et c’est exactement l’inverse qui s’est produit. La solidarité des pays occidentaux, dont la France, autour d’Israël s’est faite de façon extrêmement rapide, prompte et efficace. L’Iran a, là aussi, échoué, pas seulement sur le plan militaire mais aussi sur le plan stratégique. Si Israël disposait d’une très mauvaise image, depuis les bombardements de Gaza et les ravages exercés sur la population palestinienne, Israël retrouve, cette fois, les faveurs de la famille occidentale, puisqu’il s’agit d’un cas de légitime défense face à l’agression iranienne. Et, de ce point de vue là, Téhéran se montre assez malhabile en ressoudant le camp occidental autour d’Israël. Ce n’est pas une grande victoire pour l’Iran.
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