Nicaragua : une Église persécutée

MARVIN RECINOS / AFP


Jaime Septién - publié le 14/06/22 - mis à jour le 14/06/22

190 cas d’agressions contre l’Église au Nicaragua ont été répertoriés au cours d'avril 2018 à mai 2022 dans une récente enquête intitulée "Nicaragua, une Église persécutée ?" qui met en lumière l'hostilité du régime de Daniel Ortega.


Entre avril 2018 et mai 2022, les quatre ans et un mois qui se sont écoulés depuis le début des manifestations contre le gouvernement nicaraguayen, l’Église catholique de ce pays d’Amérique centrale a subi quelque 190 actes d’hostilité à son encontre de la part du gouvernement et de ses partisans, d’après une récente enquête intitulée Nicaragua, une Église persécutée ?. Elle a été réalisée par Martha Patricia Morales, avocate, enseignante et membre de l’Observatoire pro-transparence et anti-corruption du Nicaragua. L’hostilité du régime de Daniel Ortega et son épouse, Rosario Murillo, se traduit par des vols, des menaces, des exils, des agressions mais aussi des campagnes de diffamation et des discours de haine.


Plus d’un-tiers d’attaques « physiques »


Concrètement, l’enquête de Martha Patricia Morales rappelle qu’en 2018, l’Église catholique nicaraguayenne a subi 46 attaques, en 2019 (qui a été l’année la plus dangereuse, ndlr), il y a eu 48 attaques, 40 en 2020, 35 en 2021 et 21 au cours des cinq premiers mois de 2022. Les attaques contre des prêtres, des évêques, des séminaristes et des laïcs représentent un peu plus d’un tiers (37%) des hostilités détectées contre l’Église depuis avril 2018. 19% des situations enregistrées correspondent à la profanation d’églises et sanctuaires présents sur le territoire national. Les messages haineux du gouvernement comptent pour 9%, de même que les entraves aux ONG catholiques.


L’avocate met en lumière dans cette enquête comment l’Église catholique a été l’une des premières institutions à montrer son soutien à ceux qui sont descendus dans les rues de Managua et d’autres villes du pays contre le nouveau système de retraite proposé par le gouvernement sandiniste. La révolte s’est accentuée, de même que la répression de la part du gouvernement : à ce jour près de 350 personnes ont été tués et près de 100.000 personnes ont quitté le pays. « Les prêtres et les évêques ont recherché la vérité, ils sont du côté du peuple, ils ont ouvert leurs églises », a-t-elle indiqué au média nicaraguayen Expediente Público. « Ils n’ont pas commis d’actes de terrorisme, comme l’assure l’administration publique d’Ortega-Murillo. »


Que recherche le régime ?


Comme dans toutes les persécutions contre l’Église catholique menées par des régimes autoritaires, celui de Daniel Ortega (qui en est venu à qualifier les évêques de « putschistes » et les prêtres comme le père Román de « criminels »), l’objectif de tels actes est de faire taire et d’intimider, reprend l’auteur de l’enquête. « Ce qu’ils veulent », assure l’avocate, « c’est d’avoir des marionnettes qui ne les critiquent pas, ce qui n’est pas le cas de l’Église catholique. Si elle voit que le peuple souffre, elle le dénoncera et c’est ce que le couple présidentiel veut éviter à tout prix ».


Avant avril 2018, les attaques contre l’Église catholique étaient sporadiques au Nicaragua. Mais depuis cette date, conclut l’avocate, « le langage agressif et menaçant du couple présidentiel contre la hiérarchie catholique est devenu de plus en plus évident et fréquent » et la menace d’emprisonnement des prêtres et des évêques.


Nicaragua : une Église persécutée (aleteia.org)

Diócesis de Matagalpa
Mgr Rolando Alvarez empêché par la police de sortir, 5 août 2022.

Après deux semaines d’assignation à résidence, Mgr Rolando Alvarez, évêque de Matagalpa, au Nicaragua, a été arrêté vers 3 heures du matin par la police et emmené dans un convoi d’au moins huit voitures.

Glaçant. Après deux semaines d’assignation à résidence, Mgr Rolando Alvarez, évêque de Matagalpa, au Nicaragua, a été arrêté vers 3 heures du matin par la police et emmené dans un convoi d’au moins huit voitures. D’abord rapportée par plusieurs médias locaux, l’information a ensuite été confirmée par son diocèse. Le média Boletin Ecologico, un autre média local, a également publié des vidéos de cloches d’églises sonnant pour avertir les habitants de Matagalpa que la police emmenait l’évêque, au petit matin, ce vendredi 19 août. L’évêque et ceux qui l’accompagnent pourraient être emmenés à la tristement célèbre prison d’El Chipote à Managua, où sont détenus plus de 190 prisonniers politiques.

Citation :

Dieu voit tout, dans l’Eucharistie qui vainc les ténèbres et les inégalités, qui à chaque messe fait trembler les enfers.

Mgr Alvarez, ainsi que cinq prêtres et six laïcs, étaient retenus dans la résidence de l’évêque depuis le 3 août. Le lendemain, la police a publié une déclaration disant que l’évêque faisait l’objet d’une enquête. Le gouvernement de Daniel Ortega accuse l’évêque d' »organiser des groupes violents, les incitant à commettre des actes de haine contre le peuple », dans l’intention de « déstabiliser l’État ».



Depuis son assignation à résidence, Mgr Alvarez a continué à célébrer la messe – diffusée en ligne – avec des messages axés sur le pardon et un Dieu qui « voit tout, dans l’Eucharistie qui vainc les ténèbres et les inégalités, qui à chaque messe fait trembler les enfers ». Il a également déclaré que lui et les autres « détenus » plaçaient leur confiance en Dieu, « joyeux parce qu’il est avec nous, parce que notre force et notre espérance intérieure viennent de lui, notre joie sereine, notre ferme espérance et notre conviction que Dieu ne déçoit pas, que Dieu a toujours le dernier mot dans l’histoire et dans notre histoire.

Des tensions depuis 2018

Mercredi 17 août, près de trente anciens chefs d’État d’Amérique latine et d’Espagne ont exprimé leur inquiétude face à la « persécution religieuse déclenchée par le régime » de Daniel Ortega. Ils ont demandé au pape François de prendre la défense du peuple nicaraguayen et de la liberté religieuse.

Les relations entre l’Église catholique et le gouvernement de Daniel Ortega sont tendues depuis 2018 lorsque des manifestants qui réclamaient la démission du président nicaraguayen ont trouvé refuge dans des églises. Le président Ortega accuse le clergé catholique de complicité de tentative de coup d’État ourdie par Washington. La crise a même mené à l’expulsion en mars du nonce apostolique, Mgr Waldemar Sommertag. En juillet, les missionnaires de la Charité, congrégation fondée par Mère Teresa, ont dû quitter le Nicaragua, expulsées comme des «délinquantes». Depuis, plusieurs radios catholiques ont également dû fermer.



Nicaragua : le gouvernement arrête un évêque lors d’un raid nocturne (aleteia.org)

Le prêtre successeur de Mgr Álvarez Lagos arrêté au Nicaragua


Père Frutos Valle, responsable du diocèse d'Estelí et âgé de 80 ans, a été arrêté selon les médias locaux 100% Noticias et La prensa. Trois ordinations sacerdotales ont également été annulées.

Vatican news


Un prêtre de 80 ans, le père Frutos Valle, a été arrêté au Nicaragua. Cette information a été rapportée par le site web 100% Noticias, citant l'avocat de l'ecclésiastique qui a été nommé à la tête du diocèse d'Estelí après l'arrestation et le transfert à l'étranger de Mgr Rolando José Álvarez Lagos.

Ordinations sacerdotales annulées

Par ailleurs, l'ordination sacerdotale du diacre Wendell Fuentes Chavarría, prévue samedi dernier dans la cathédrale Notre-Dame du Rosaire, également à Estelí, a été annulée sans explications. C'est le diacre lui-même qui l'a annoncé dans une lettre aux fidèles du diocèse, rapportée par le journal local La prensa. Selon le journal, la même mesure a été ordonnée pour deux autres diacres, Kellyn José Martínez Rayo et Ervin Joel Hernández.


https://www.vaticannews.va/fr/eglise/news/2024-07/nicaragua-arrestation-pretre-mgr-rolando-jose-alvarez-lagos.html?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=NewsletterVN-FR

Le logo de Radio Maria

Au Nicaragua, le gouvernement ferme Radio Maria


Après avoir bloqué les comptes bancaires en avril, l'exécutif de Managua a désormais annulé le statut juridique du radiodiffuseur, qui disparaît des ondes du pays après plus de 40 ans d'existence.

L'Osservatore Romano


Le 9 juillet, le statut légal de Radio María, une station de radio qui émet depuis plus de 40 ans dans ce pays d'Amérique centrale, a été annulé au Nicaragua. La radio a diffusé sur sa page [url=https://www.facebook.com/watch/?ref=search&v=500924265783499&external_log_id=7b2be0a9-6e42-4fb1-b623-88ded7877a81&q=radio maria]Facebook[/url] une vidéo au cours de laquelle la radio est éteinte. La dissolution de Radio María, ainsi que celle de 12 autres entités, a été approuvée par la ministre de l'intérieur, María Amelia Coronel, et publiée dans le périodique gouvernemental officiel "La Gaceta de Nicaragua".

Pour justifier la mesure, l'exécutif a affirmé que Radio María n'avait pas établi de budget pour la période 2019-2023 et que son comité de gestion avait expiré le 8 novembre 2021.  La mesure intervient après que la station a annoncé la réduction de ses heures de programmation, de 24 à 14 heures, et après le gel de ses deux comptes bancaires, ce qui l'a empêchée de recevoir des dons.

Depuis 2018, plus de 3 500 partis politiques, associations et ONG ont été supprimés.


https://www.vaticannews.va/fr/eglise/news/2024-07/au-nicaragua-le-gouvernement-ferme-radio-maria.html

L'Église du Nicaragua subit une vague d'arrestations

Au Nicaragua, la série noire des arrestations de prêtres se poursuit

Au moins neuf prêtres ont été arrêtés et enlevés par les autorités au Nicaragua ces deux dernières semaines, a révélé le 5 août l'avocate et chercheuse Martha Patricia Molina. Ces enlèvements en série témoignent de l'acharnement déployé par la dictature de Daniel Ortega contre l'Église depuis plusieurs années.

L'été est sombre pour les catholiques du Nicaragua. Après l'arrestation du père Frutos Valle le 26 juillet, au moins huit autres prêtres et un diacre ont été kidnappés par le régime, a révélé l'avocate nicaraguayenne Martha Patricia Molina sur X le 5 août. Auteur d'un rapport sur les persécutions contre l'Église au Nicaragua, la chercheuse estime que les dix hommes ont été "kidnappés dans la violence" et sans aucun motif légal. L'un d'entre eux, le père Salvador López, est porté disparu, sans que l'on sache s'il a fui le pays ou s'il a été enlevé, a précisé l'avocate à ACI Prensa.

Une "vengeance" contre Mgr Rolando Alvarez

La majorité de ces prêtres dépend de l'archevêché de Matagalpa, considéré comme le centre de la résistance catholique contre la dictature d'Ortega et de son épouse. Son archevêque, Mgr Rolando Alvarez, a été condamné en février 2024 à 26 ans de prison par les autorités. Figure éminente de la lutte pour la liberté religieuse au Nicaragua, il a finalement été expulsé vers Rome où il réside depuis le mois de janvier. Pour Martha Patricia Molina, cet acharnement contre les prêtres de Matagalpa s'exercerait à titre de "vengeance" par procuration contre Mgr Alvarez, en dépit de la discrétion de ce dernier depuis son expulsion. Cette série noire d'arrestation s'ajoute à la longue liste des multiples persécutions contre l'Église catholique depuis 2017. Arrestations arbitraires, expulsion de congrégations religieuses, interdiction de diffusion des médias catholiques, surveillance des prêtres... Le clergé et les fidèles sont harcelés en permanence dans cet État d'Amérique latine qui figure parmi les plus répressifs au monde en matière de liberté religieuse.


https://fr.aleteia.org/2024/08/07/au-nicaragua-la-serie-noire-des-arrestations-de-pretres-se-poursuit?utm_medium=email&utm_source=sendgrid&utm_campaign=EM-FR-Newsletter-Daily-&utm_content=Newsletter&utm_term=20240808

Nicaragua, deux autres prêtres arrêtés à Matagalpa et Estelì


Les 10 et le 11 août, les autorités du pays latino-américain ont arrêté deux religieux et un assistant pastoral. Il y a quelques jours, sept autres membres de l'Église catholique avaient été expulsés et sont arrivés à Rome.

Vatican News


Le week-end dernier, l'Église du Nicaragua a subi de nouvelles arrestations, au moins deux prêtres et un assistant pastoral, comme l'ont rapporté des médias indépendants.

Le samedi 10 août, le père Leonel Balmaceda, curé de la paroisse Jesús de Caridad dans la municipalité de La Trinidad, à Estelí, et l'assistante pastorale de Matagalpa, Carmen Sáenz, ont été arrêtés. Le lendemain, Denis Martínez, vicaire de la paroisse de la cathédrale de Matagalpa, a également été mis aux arrêts par la police.

Le Nicaragua expulse sept autres prêtres

Suite aux arrestations de ces derniers jours, le gouvernement du Nicaragua a expulsé de son territoire sept prêtres et les a envoyés à Rome.

ONU: la liberté de religion

Le 8 août dernier, sept prêtres nicaraguayens expulsés de leur pays sont arrivés à Rome. Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH), sur son compte X, avait salué leur libération, appelant à une «célébration de leur liberté» et exigeant en même temps la fin immédiate des «violations de la liberté religieuse».

Nicaragua: arrestation du recteur du séminaire de Matagalpa

Le prêtre Jarvin Tórrez et un agent pastoral de la paroisse Santa María de Guadalupe ont été arrêtés par les autorités le 5 août


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