Le Pape à la rencontre d’Églises en quête d’espérance
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Capucine MODERATION
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Sujet: Le Pape à la rencontre d’Églises en quête d’espérance Mer 25 Sep 2024, 6:52 am
François s’envole ce jeudi 26 septembre au matin pour son 46e voyage apostolique au Luxembourg et en Belgique.
Il visitera deux pays de tradition catholique qui ont connu une sécularisation très rapide et où l’Église doit faire face à de nombreux défis. Mais les motifs d’espoir ne manquent pas.
Xavier Sartre – Envoyé spécial au Luxembourg et en Belgique
Un voyage apostolique au Luxembourg et en Belgique, cela sonne comme une formalité, une tradition que l’on respecte envers deux pays catholiques de la vieille Europe. Pourtant, pour le Pape François, désireux de rendre visite prioritairement à des communautés en minorité et périphériques, il n’est rien de tout cela. Sans aller jusqu’à dire que les Églises de Belgique et du Luxembourg sont devenues minoritaires, force est de reconnaitre qu’elles évoluent dans des sociétés très sécularisées, où des lois légalisant l’euthanasie comme en Belgique vont à l’encontre du respect de la vie humaine tel que défendu par l’Église, où les valeurs matérialistes sont au-dessus de tout.
Deux pays d'Europe occidentale
Le Luxembourg, de pays minier ne tirant ses revenus que de l’agriculture ou du charbon, est devenu en quelques décennies une des principales places financières d’Europe, siège de nombreuses institutions européennes. De petit pays enclavé, coincé entre la France et l’Allemagne, il est devenu un territoire multiculturel et multiethnique où les étrangers, dont de nombreux Européens, vivent et cohabitent en harmonie.
En Belgique, où les divisions linguistique et politique se sont renforcées, la place de l’Église a fortement diminué en quelques décennies là aussi, surtout dans la partie flamande, historiquement plus attachée à la foi catholique que la partie francophone. Les scandales d’abus sexuels commis au sein de l’Église révélés au cours de ces trente dernières années environ ont certainement contribué à affaiblir le lien entre la population et l’Église.
Un encouragement à un sursaut de la foi
Dans ce contexte, la venue du Pape peut être perçue comme un encouragement à persévérer dans la transmission de la Parole de Dieu, à trouver de nouvelles voies d’évangélisation de populations de plus en plus diverses, où le renouveau de la foi vient aussi des communautés d’immigrés.
Le prétexte officiel de ce voyage apostolique est le 600e anniversaire l’année prochaine, de l’Université catholique de Louvain, scindée en deux depuis 1968: d’un côté la Katholieke Universiteit Leuven (KU Leuven) et l’Université catholique de Louvain à Louvain-la-Neuve. François vient ainsi à la rencontre du monde universitaire catholique belge qui est résolument tourné vers l’avenir, en phase avec les grands thèmes des deux encycliques Laudato si’ et de Fratelli tutti, et où le débat d’idée est la règle. Pour le Saint-Père, c’est une occasion en or de parler des réfugiés et des migrants, de la préservation de notre maison commune et de paix. Quoi de plus normal au cœur de l’Europe alors que la guerre déchire depuis deux ans et demi ses confins.
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Sujet: Re: Le Pape à la rencontre d’Églises en quête d’espérance Mer 25 Sep 2024, 6:54 am
Le Pape en Belgique et au Luxembourg pour parler de paix, de climat, de migration
«Le thème de la paix sera central alors que le continent risque d'être à nouveau entraîné dans un conflit», a affirmé le directeur de la Salle de presse du Saint-Siège. Matteo Bruni est revenu sur les détails du 46e voyage apostolique de François dans les deux pays du Benelux, sièges des institutions financières et administratives de l'UE. Parmi les autres sujets centraux, celui des abus, sans que ne soit confirmée une rencontre avec un groupe de victimes.
Salvatore Cernuzio - Cité du Vatican
Des régions les plus reculées du monde au cœur de l'Europe. Après un grand pèlerinage en Asie du Sud-Est et en Océanie, le Pape s’apprête à entamer un nouveau voyage international, le 46ème de son pontificat, au Luxembourg et en Belgique. Deux pays, carrefours de l'histoire du Vieux Continent et centres des institutions européennes, où François se rendra du 26 au 29 septembre, à l'invitation du Grand-Duc et de la famille royale belge, pour apporter une parole sur les thèmes de la paix, des migrations, de l'urgence climatique, de l'avenir des jeunes. Sans oublier les questions ecclésiales d'actualité comme le rôle du christianisme dans des sociétés en proie à la sécularisation et à l'indifférence, l'apport de l'éducation chrétienne -le 600e anniversaire de l'Université catholique de Louvain fondée en 1425, est l'une des raisons du voyage- et le fléau des abus, très présent en Belgique, notamment avec le cas de l'évêque émérite de Bruges, Roger Vangheluwe, 87 ans, révoqué de l'état clérical en mars dernier pour des violences, y compris sur des mineurs.
Sur les traces de saint Jean-Paul II
Matteo Bruni, directeur de la Salle de presse du Saint-Siège, a fourni des détails et des clés de lecture sur le nouveau voyage à l'étranger du Pape François. Il a également rassuré sur l'état de santé du Souverain pontife, qui a annulé aujourd'hui les audiences prévues en raison d'un «léger état grippal». «Pour le moment, tout reste exactement comme prévu», a expliqué le porte-parole du Vatican, qui rappelle que ce voyage s'inscrit dans la continuité des visites de Jean-Paul II dans les deux pays. En 1985, le Pape polonais rencontrait déjà les étudiants de la Katholieke Universiteit Leuven et la communauté académique de l'Université Catholique de Louvain. Ces deux rendez-vous figurent également au programme du voyage de François, qui s'achèvera notamment par la béatification, au cours d'une messe au stade Roi Baudouin, de la vénérable carmélite Anne de JESUS, qui a dirigé le monastère de Bruxelles pendant quatorze ans. Suivant le fil de l'histoire, Jean-Paul II a également célébré une béatification en Belgique en 1995, celle de saint Damien de Veuster, dit Damien de Molokai, grand missionnaire belge mort parmi les lépreux d'Hawaï qu'il avait servis au prix de sa vie.
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Sujet: Re: Le Pape à la rencontre d’Églises en quête d’espérance Mer 25 Sep 2024, 6:55 am
Capucine MODERATION
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Sujet: Re: Le Pape à la rencontre d’Églises en quête d’espérance Jeu 26 Sep 2024, 9:42 pm
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Sujet: Re: Le Pape à la rencontre d’Églises en quête d’espérance Jeu 26 Sep 2024, 9:44 pm
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Sujet: Re: Le Pape à la rencontre d’Églises en quête d’espérance Jeu 26 Sep 2024, 9:45 pm
Capucine MODERATION
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Sujet: Re: Le Pape à la rencontre d’Églises en quête d’espérance Jeu 26 Sep 2024, 9:45 pm
Capucine MODERATION
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Sujet: Re: Le Pape à la rencontre d’Églises en quête d’espérance Ven 27 Sep 2024, 6:09 am
Le Pape est arrivé en Belgique, deuxième étape de son voyage au centre de l'Europe
La première étape 46è voyage apostolique de François s'est achevée à l'aéroport international de Luxembourg-Findel. Après avoir rencontré la communauté catholique dans la cathédrale, le Souverain pontife est arrivé à 19h06 en Belgique, à Bruxelles, sur la base aérienne de Melsbroek. Le voyage se poursuivra pendant trois jours, jusqu'à dimanche.
Vatican News
Le Pape François est arrivé à Bruxelles, capitale de la Belgique, deuxième étape de son voyage au centre de l'Europe, à 19h06 sur la base aérienne de Melsbroek, où s'est déroulée une cérémonie d'accueil. Après l'atterrissage du Boeing 737 de la compagnie Luxair, le nonce apostolique en Belgique, Mgr Franco Coppola, et le chef du protocole belge sont montés à bord de l'avion pour accueillir le Pape. Lorsque le Souverain pontife est descendu de l'avion, les hymnes ont salué son arrivée sur le sol belge. Il a ensuite été accueilli par le roi Philippe, la reine Mathilde et deux enfants qui lui ont offert des fleurs. Après les hymnes nationaux, les délégations ont été présentées, avec, au sein de la délégation vaticane, l'archevêque de Malines-Bruxelles, Mgr Luc Terlinden. Le cortège papal a ensuite pris la direction de la nonciature apostolique.
La dernière rencontre et le départ du Luxembourg
Après une rencontre intense avec la communauté catholique luxembourgeoise dans la cathédrale, qu'il a quittée vers 18 heures, le Pape François a pris congé du Luxembourg, accompagné, jusqu’à l’aéroport, par le Grand-Duc Henri et son épouse Maria-Teresa. Après les salutations officielles, le Boeing 737 de la compagnie Luxair avec à son bord François, la suite pontificale et les journalistes a décollé pour Bruxelles à 18h38. En quittant le pays, le Pape a envoyé un télégramme au Grand-Duc Henri de Luxembourg, le remerciant, ainsi que les autorités civiles et toute la nation, pour l'accueil chaleureux et l'aimable hospitalité. Assurant de ses prières, il a invoqué la bénédiction de Dieu sur tous les Luxembourgeois «pour l'unité, la fraternité et la paix».
Le programme de la première journée de vendredi en Belgique
Demain vendredi 27 septembre, en Belgique, la deuxième journée du voyage débutera peu après 9 heures par une visite de courtoisie au Roi des Belges au château de Laeken. Cette visite sera suivie, à 9h45, d'une rencontre avec le Premier ministre et, à 10h, d'une rencontre avec les autorités et la société civile, au cours de laquelle François prononcera son premier discours en Belgique. L'après-midi, à 16h30, le Souverain pontife rencontrera des professeurs d'université dans la «Promotiezaal» de la Katholieke Universiteit Leuven, l'une des plus anciennes universités d'Europe, qui fêtera son 600e anniversaire de fondation en 2025. Un discours est également prévu à cette occasion.
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Sujet: Re: Le Pape à la rencontre d’Églises en quête d’espérance Ven 27 Sep 2024, 6:13 am
François en Belgique, quelles attentes? Entretien avec le père Scholtès
Le père Tommy Scholtès, porte-parole francophone de la Conférence épiscopale, confie ses attentes au moment où le Pape François arrive à Bruxelles. Le Souverain pontife sera en Belgique jusqu’au dimanche 29 septembre.
Joseph Tulloch – Envoyé spécial à Bruxelles
Le Pape François est arrivé en Belgique pour une visite de quatre jours. Une brève escale au cœur de l'Europe, qui contraste fortement avec le récent voyage du Saint-Père en Asie du Sud-Est et en Océanie. Pourquoi le Pape vient-il en Belgique et comment l'Église locale se prépare-t-elle à cette visite? Vatican News s'est entretenu avec le père Tommy Scholtès, SJ, porte-parole francophone de la conférence des évêques belges.
Quelles sont vos attentes et vos espoirs pour la visite du Pape?
Alors mes attentes, elles sont, que ce soit un moment joyeux, un moment de confirmation, un moment d'encouragement, un moment de rencontre au sens où beaucoup de personnes vont s'adresser à lui. D'autres personnes que le Pape prononceront des discours. Il y aura aussi des responsables de l'Église, il y aura le roi. Il y aura des anonymes, il y aura le recteur de Louvain et de Leuven. Donc beaucoup de personnes vont lui parler et je pense que c'est très important qu'on sente bien que le Pape est d'abord un pasteur, quelqu'un qui a envie de dialoguer, d'écouter et alors de pouvoir aussi répondre à ces personnes dans ces différentes situations.
Par rapport à d’autres pays que le Pape a visités récemment, la Belgique est assez sécularisée. Quel rôle joue une visite papale dans un tel contexte?
Alors c'est vrai que la Belgique est un pays sécularisé. La religion catholique est une des religions présentes. On ne peut pas dire qu'il y ait une forte identité catholique. Il y a une grande histoire catholique.
Malheureusement, les abus sexuels dans l'Église ont contribué à une grande fragilisation aussi de l'Église, et je le comprends parce qu'il y a eu beaucoup de drames dans le domaine des abus sexuels et nous devons les prendre en compte. Et le Pape, d'ailleurs, va prendre du temps pour recevoir des victimes.
Mais je pense que ce que je peux attendre de plus fort, c'est un souffle, je dirais le souffle de l'Esprit, une vie, un encouragement dans lequel une parole doit être dite. Elle doit être dite en premier lieu par le Pape bien sûr, mais par toute l'Église et par tous les chrétiens de Belgique, de vivre l'Évangile non seulement en paroles, mais en actes. Et même si aujourd'hui l'Église est peut-être moins forte, c'est peut être aussi une certaine leçon d'humilité. Mais l'essentiel, c'est que, le Pape François a dit lui-même Au Maroc, le plus grand danger pour une Église n'est pas d'être minoritaire, c'est d'être insignifiante. Et donc, le plus important pour nous en Belgique aujourd'hui, c'est que le Pape nous redise la signification de l'Église dans une société sécularisée
Nous sommes ici au Collège Saint-Michel, où le Pape vous rencontrera avec vos frères jésuites samedi. Que signifie pour une communauté jésuite d’avoir une rencontre aussi intime avec le chef de l’Église catholique?
Alors je crois que c'est un moment de grande émotion. On sent que dans la communauté, c'est quelque chose qui est très important. Un peu mystérieux aussi. Le Pape sera naturel et on va lui demander aussi quelques conseils. Ce qu'il a envie de nous dire, je dirai dans le cœur à cœur, pas uniquement dans un discours officiel, mais dans le cœur à cœur. Ce qu'il a envie de dire à des jésuites engagés dans une ville qui est un peu cosmopolite, capitale de l'Europe, capitale de l'OTAN et une ville aussi où la communauté musulmane est aussi très présente. Je pense qu'on va parler aussi de vocation à la vie religieuse et la difficulté de de s'engager pleinement pour des jeunes, aussi dans la compagnie de JESUS. Je pense qu'on parlera de de sa vie personnelle et comment il nous encourage à vivre dans notre quotidien, pas uniquement nos activités officielles ou nos activités publiques, mais aussi notre vie de prière. Il a certainement des très bons conseils à nous donner et le fait que ça nous soit dit en direct touchera encore davantage les cœurs.
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Sujet: Re: Le Pape à la rencontre d’Églises en quête d’espérance Ven 27 Sep 2024, 9:24 pm
Dans une Flandre sécularisée, le Pape reçu comme “un homme de dialogue”
Photo by ERIC LALMAND / BELGA MAG / Belga via AFP
Cyprien Viet - publié le 27/09/24
La visite du pape François à l’université catholique de Leuven ce vendredi - avant, samedi, une étape dans son homologue francophone à Louvain-La-Neuve - n’a pas rassemblé de grandes foules, mais elle a attiré un public d’universitaires et d’étudiants curieux de l’entendre sur l’articulation entre affirmation de la foi catholique et respect de la liberté académique.
De notre envoyé spécial à Leuven.
“C’est une journée très importante pour nous ! La venue du pape, cela n’arrivera qu’une seule fois dans notre vie !”, nous explique, ému et quelque peu tendu, un commissaire de police chargé d’escorter les invités jusqu’au siège de la prestigieuse Katholieke Universiteit Leuven. La KU Leuven, fierté de la région flamande,est reconnue comme l’une des meilleures universités d’Europe et du monde, avec au total près de 60.000 étudiants inscrits sur ses différentes antennes.
Le pape François, attentif aux gens simples et aux plus pauvres, retrouvait cette fois-ci un public d’élite, assez méfiant vis-à-vis d’une institution catholique dont l’image a été gravement dégradée par les affaires d’abus qui ont profondément blessé les fidèles et l'opinion publique en Belgique, particulièrement en Flandre. L’Eglise catholique garde néanmoins son rôle de tutelle sur la KU Leuven, dans le respect d’une liberté académique qui ne se vit pas sans quelques tensions et frottements. Dans un discours d’accueil assez frontal et militant, le recteur, Luc Sels, a expliqué que son université “défie la communauté catholique”, appelant notamment à une meilleure reconnaissance de la “diversité des genres”, ou à l’ordination presbytérale des femmes. Le père Jozef Van Osta a apprécié la réponse du pape, qui, sans s’engager sur ces sujets, “a invité la communauté académique à ne pas se contenter d’un rationalisme sans cœur”. Le moine prémontré de l’abbaye de Heverlee, située près de l'un des principaux campus de la KU Leuven, a lui-même obtenu plusieurs diplômes de cette université, notamment en musicologie. En habit religieux, le moine, parfaitement à l’aise dans cet écosystème flamand qui semble pourtant avoir mis la foi catholique en sourdine, a apprécié le discours du pape. Il souligne que François a voulu remettre le rapport au sens de la vie, et donc la recherche de Dieu, au centre de la recherche scientifique et intellectuelle.
Klaartje Heiremans, coordinatrice des festivités du 600e anniversaire de la KU Leuven, explique que la dimension “catholique” de l’université s’exprimant avant tout dans “l’universalité” de ses étudiants, “de toutes provenances et croyances”. Parmi eux, des religieuses et des prêtres venus d’Asie, et notamment de Chine, venus se former en théologie mais aussi en sciences humaines. Charlotte, une doctorante française qui vient de soutenir sa thèse à la faculté de droit et se dit athée, se souvient de sa surprise lorsqu’elle a croisé, dans les couloirs de l’université, une religieuse asiatique en habits qui bénissait une étudiante.
François plus “populaire” que l’Église ?
Eline Van Asselbergh, une étudiante native de Leuven même, insiste sur la dimension internationale de la paroisse étudiante dont elle est l’un des piliers. “Nous célébrons régulièrement la messe en anglais, et non seulement en flamand”, explique-t-elle. Les étudiants étrangers, notamment africains, contribuent à faire vivre un petit noyau de catholiques pratiquants au sein d’une université largement détachée de l’institution. Pour la jeune fille, le pape était avant tout attendu ici “comme un homme de dialogue, ouvert notamment à une plus grande présence des femmes dans l’Eglise”.
ALBERTO PIZZOLI | AFP
En arrivant dans la ville flamande, le pape n’était pas en terrain conquis. Christophe Herinckx, journaliste pour RCF et le site Cathobel, estime toutefois que “le pape François est plus populaire que l’institution catholique” au sein de la population belge, notamment grâce à ses prises de position en défense de l’écologie, des pauvres, des migrants, ou encore des personnes homosexuelles. Il remarque aussi que ses réponses fortes sur les abus, devant les autorités belges, lui valent également une certaine sympathie de la part de personnes qui étaient a priori réticentes à sa venue.
Tous ceux qui l’ont écouté et salué à Leuven, du côté flamand, comme ceux qui doivent le retrouver samedi à Louvain-La-Neuve, sont touchés de voir venir jusqu’à eux ce pape vulnérable, en fauteuil roulant, à la voix essoufflée. Ils ressentent du respect pour ce vieil homme qui a fait l’effort de venir saluer une “vieille dame” de près de 600 ans, cette université riche d’une histoire glorieuse et qui tente de redéfinir sa place et sa vocation dans une société et un pays complexe et rempli de contradictions. Et finalement, en œuvrant ensemble à la bonne réussite de cette double visite, les responsables flamands et francophones de cette université scindée en deux depuis plus de 50 ans ont certainement redonné au pape sa vocation d'apôtre de l’unité et la réconciliation.
Date d'inscription : 12/12/2011 Messages : 7534 Pays : FranceR E L I G I O N : catholique
Sujet: Re: Le Pape à la rencontre d’Églises en quête d’espérance Sam 28 Sep 2024, 9:30 pm
L’opposition du roi Baudouin à l’avortement, un argument pour sa béatification ?
Photo by Handout / VATICAN MEDIA / AFP
Cyprien Viet - publié le 28/09/24
En rendant hommage au roi Baudouin (1930-1993) qui avait refusé de contresigner une loi légalisant l’avortement en Belgique, et en souhaitant ouvertement sa béatification, le pape François a soulevé bon nombre de critiques. Il ne s’agit pourtant pas d’une position nouvelle de la part du pontife argentin.
La visite du pape François dans la crypte royale de l’église Notre-Dame de Laeken ne devait pas être rendue publique. Mais un communiqué officiel du Vatican l’a révélée, et provoqué de vives réactions dans le plat pays. Samedi, en fin de matinée, le pape de 87 ans a rejoint l’église néo-gothique située à moins de cinq kilomètres de l’immense basilique de Koekelberg où il venait de s’adresser aux forces vives de l’Eglise catholique belge. Construite à l’initiative de Léopold 1er pour y recevoir la dépouille de sa femme, la crypte sert depuis lors de nécropole à la famille royale belge. Le pape François y a retrouvé le roi Philippe et la reine Mathilde qui l’avaient accueilli sur le tarmac de l’aéroport battu par la pluie à son arrivée en Belgique jeudi soir. Le lendemain, ils s’étaient retrouvés au Château de Laeken où le pape avait, dans un discours aux autorités, dit la honte de l’Église pour les abus sexuels commis par des clercs, un drame que le roi lui-même avait évoqué dans son discours.
Mais ce samedi matin, c’est dans une ambiance intime et familiale que le pontife et une partie de la famille royale se sont réunis. Dans la crypte accessible par un double escalier et qui rassemble les tombeaux de tous les monarques belges, ils ont rendu hommage au roi Baudouin. Sur une photo publiée par le Vatican, on peut voir le pontife, assis dans son fauteuil roulant, recueilli devant la tombe du souverain qui aura régné 42 ans, de 1951 à son décès brutal d’une crise cardiaque en 1993, alors qu’il n’avait que 63 ans. Aux côtés du pape, le roi Philippe et la reine Mathilde mais aussi l’ancien roi Albert II, qui avait succédé à son frère Baudouin car celui-ci était mort sans descendance, et son épouse la reine Paola. Le jeune archevêque de Malines-Bruxelles, Mgr Luc Terlinden, était également présent.
«Le courage » de Baudouin
L’histoire aurait pu s’en tenir là. Mais une note explicative du Vatican diffusée aux journalistes allait bousculer les choses : le pape y salue « le courage » de Baudouin, ce roi qui avait quitté son poste « pour ne pas signer une loi meurtrière ». Une allusion à un épisode étonnant de l’histoire de la monarchie belge. Durant 36 heures, en 1990, le roi avait en effet utilisé une formule juridique établissant son propre “empêchement” afin de ne pas associer sa signature à cette loi qu’il ne pouvait ni approuver ni rejeter, à moins de provoquer une crise de régime. Cette démarche avait divisé les spécialistes du droit constitutionnel comme les responsables politiques, mais elle n’avait pas entamé l’attachement du peuple belge pour son roi.
Le Saint-Siège indique également, avec une franchise très inhabituelle, que le pape souhaite la béatification de l’ancien souverain, et invite « les Belges à se tourner vers lui en ce moment où des lois criminelles sont élaborées ». Une allusion probable à l’extension progressive des possibilités de recours à l’euthanasie. Aussitôt la nouvelle répandue, un communiqué musclé du Centre d’action laïque dénonçait des « propos ahurissants », y voyant une « provocation » le jour même de la journée internationale pour le droit à l’avortement. Embarrassé par la diffusion de la nouvelle, qui risque de fragiliser la position d’arbitre constitutionnel que le roi des Belges est censé jouer, le Palais royal envoyait à son tour un communiqué pour rappeler le caractère « strictement privé » de ce déplacement.
La piste argentine
Certaines sources se félicitent de voir le pape exprimer une position tranchée et libre, sans se laisser brider par des conditionnements politiques locaux. Le pape François a souvent eu des mots forts sur l’avortement, qualifiant de « tueurs à gages » les médecins qui le pratiquent. Dès le début de son pontificat, il a récusé les attentes de ceux qui espéraient un changement de doctrine de l’Eglise catholique sur l’IVG : il s’agit pour François d’un point non-négociable, et il est possible que sa légalisation dans son propre pays natal, l’Argentine, ait joué un rôle dans son renoncement à s’y rendre ces dernières années.
Mais c’est peut-être aussi en Argentine que se situe l’une des raisons de l’affection personnelle du pape pour l’ancien roi des Belges. Dans les années 1970, en tant que provincial des jésuites d’Argentine, l’alors père Jorge Mario Bergoglio s’est fréquemment rendu en Belgique pour remercier les bienfaiteurs de l’université de Cordoba, dont il était le chancelier. Or, depuis 1961, la clinique de cette université jésuite porte le nom de “Clinica Reina Fabiola”, du nom de l’épouse du roi Baudouin. L’année suivante, le père du roi, l’ancien souverain déchu Léopold III l’avait discrètement visitée, avant que Baudouin et Fabiola eux-mêmes ne se rendent sur place en 1964. L’affection personnelle du pape pour l’ancien monarque peut donc s’ancrer en partie dans son soutien à cette institution jésuite.
Un autre monarque
En tout cas, en s’exprimant ouvertement en faveur de la béatification du roi Baudouin, le pape François a franchi un pas que son prédécesseur Benoît XVI n’avait pas osé franchir, bien qu’il ait confié y être personnellement favorable en recevant des visiteurs belges en privé. Si le dossier aboutit, le roi Baudouin serait le premier monarque européen proposé à la vénération des fidèles depuis le dernier empereur d’Autriche-Hongrie, Charles Ier (1916-1918), décédé en 1922 et béatifié par Jean-Paul II en 2004. Son épouse Zita, qui ne s’est éteinte qu’en 1989 après un très long veuvage de près de sept décennies, fait également l’objet actuellement d’une procédure de béatification.