La congrégation des Légionnaires du Christ a indiqué, mardi 31 mars, sur son site Internet que le pape Benoît XVI avait ordonné une "visite apostolique" de ses institutions. Un euphémisme pour annoncer une enquête au coeur des écoles et séminaires de cette congrégation touchée par des scandales liés aux moeurs de son fondateur, le prêtre mexicain Marcial Maciel, mort en 2008 à l'âge de 87 ans.
Une équipe de prélats exceptionnellement dépêchée par le Vatican inspectera donc "de près", pendant plusieurs mois, le fonctionnement de ce mouvement élitiste et dynamique créé en 1941 au Mexique.
L'ordre, qui évoque "les actuelles vicissitudes en relation avec les graves faits de la vie de notre père fondateur", reconnaît que cette "visite apostolique" constitue "une manière pour l'Eglise d'offrir un appui extérieur pour résoudre une situation difficile" ; un procédé qui laisse entendre que la congrégation n'est pas parvenue par elle-même à remédier à ses dysfonctionnements.
DÉRIVES SECTAIRES
En février, les responsables des Légionnaires du Christ ont dû admettre que leur fondateur charismatique, vénéré comme un saint, avait eu une fille, révélant un mode de vie incompatible avec son sacerdoce. Déjà, en mai 2006, le père Maciel avait été relevé de tout ministère public et invité par l'instance vaticane de la Congrégation pour la doctrine de la foi, avec l'aval de Benoît XVI, à "se retirer et à mener une vie discrète de prière et de pénitence". Cette sanction faisait suite à une enquête interne ouverte après des accusations de pédophilie contre le prêtre, soupçonné d'avoir abusé de séminaristes durant les années 1940 à 1960. Ces accusations ont alimenté les soupçons d'endoctrinement de jeunes garçons et de dérives sectaires. En 2005, le père Maciel avait donc laissé la direction de l'ordre à un autre prêtre mexicain, Alvaro Corcuera.
Considérés comme une garde rapprochée du pape, les Légionnaires du Christ ont joui du soutien sans faille de Jean-Paul II, séduit par l'efficacité de cet ordre à l'organisation militaire, voué à "l'évangélisation du monde". Il n'avait pris aucune mesure envers le père Maciel, en dépit des soupçons.
Benoît XVI n'a pas eu ces préventions ; le lancement de cette inspection confirme sa volonté d'y voir plus clair dans le fonctionnement de cette riche institution qui revendique 800 prêtres, 2 500 séminaristes installés dans 22 pays. Son mouvement de laïcs, Regnum Christi, compterait aussi quelque 50 000 personnes.
Stéphanie Le Bars