Le ministre de l’Intérieur de l’état en place à l'époque Mr de Hesse, Boris Rhein, membre de l’Union chrétienne-démocrate, a dit au quotidien Die Welt que le salafisme est «un facteur déterminant pour ceux qui veulent mener la soi-disant guerre sainte.
Le salafisme peut ainsi mener au terrorisme», a-t-il dit. Il a ajouté que la loi devait être modifiée pour que les «prêcheurs de haine» puissent être expulsés du pays plus facilement : «On devrait pouvoir le faire, à l'avenir, quand une personne propage des écrits qui vont à l’encontre de l'ordre démocratique libéral fondamental ou qui favorisent la radicalisation, ou, le cas échéant, le recrutement de terroristes. Nous devons également changer les lois correspondantes en matière de liberté de réunion et sur la sédition».

Les ministres de l'Intérieur des 16 états de l'Allemagne prévent discuter de la question lors de leur réunion régulière mardi. Le Financial Times Deutschland a rapporté mardi que les agences de renseignement domestique Verfassungsschutz allaient intensifier leur surveillance du milieu salafiste. «Le salafisme est considéré, en ce moment, tant en Allemagne qu’au plan international, comme un mouvement islamiste dynamique», écrit le FTD, citant un expert du Verfassungsschutz qui n'a pas été identifié.


Le salafisme prône l'adhésion stricte au coran et aux premiers principes de l'islam datant de la période se situant entre le 8e et le 10e siècle. Les salafistes ont pour objectif de réorganiser la société, l'Etat et la loi en fonction des valeurs salafistes, considérées comme données par allah. Rhein dit que les salafistes veulent «un retour à l’islam de l’âge de pierre et transformer l'Allemagne en une théocratie. Ils diabolisent tout ce qui est occidental. Ils prêchent la haine, l'intolérance et l'exclusion. Ils appellent à la lapidation des adultères et à la mise à mort des homosexuels. Ils rejettent l'égalité des hommes et des femmes. Cette idéologie est en contradiction avec nos valeurs fondamentales. Elle est à tous égards inconstitutionnelle et dangereuse.»

Le ministre de l'Intérieur de Bavière, Joachim Herrmann, de l'Union chrétienne-sociale, a également mis en garde contre une menace croissante : «Je mets en garde contre la sous-estimation des dangers du salafisme», a-t-il déclaré au FTD, ajoutant que : «Presque tous les problèmes de terrorisme dans le passé ont été liés d’une manière ou d’une autre à la tendance du salafisme à mener à la radicalisation. Nous devons être particulièrement vigilants ici.»

L’un des représentants les plus éminents du salafisme en Allemagne est l'ancien boxeur Pierre Vogel, qui se désigne désormais sous le nom de Abou Hamza, dont les sermons et les vidéos sur Internet sont très populaires auprès des jeunes adeptes. Le jeune Kosovar Arid Uka qui s’est rapidement radicalisé et a tué deux soldats de l'armée américaine à l'aéroport de Francfort au début de mars, était un ami Facebook de Vogel.

Rhein a décrit Vogel

un «provocateur spirituel» capable de radicaliser les jeunes, tout en prenant soin de ne pas enfreindre la loi, par exemple en prônant la violence.

Rhein rappelle que Vogel a expressément condamné la violence au nom de l'islam, mais cet ancien boxeur voulait organiser un service commémoratif à Francfort pour le leader d’Al-Qaïda, Oussama ben Laden, après son exécution par les forces américaines. Rhein a dit que les autorités sont en train d’examiner si le groupe de Vogel, «Invitation au Paradis», devrait être interdit.

Herrmann a déclaré : «Nous ne devons pas permettre au terrorisme domestique de se développer sous notre nez. Nous devons attaquer le salafisme et son idéologie de manière résolue et avec tous les moyens prévus à la loi.» Il est difficile de surveiller les salafistes de près car il n’y a pas de hiérarchie claire ; il est même difficile d’évaluer leur nombre.