Ne rien nier de soi.
Peut être le secret de la sainteté est-il là. Ne rien nier de ce que notre humanité nous donne à porter. Faiblesses, limites, ambitions etc...
Ne pas nier, mais transformer. Ne pas masquer mais dévoiler. Ne pas retenir mais s’affranchir.
Combien entreposent au fond d’eux-mêmes tout ce dont ils veulent se débarrasser ? Pensées impures – qu’est-ce que l’impureté face à la Miséricorde ? Désirs qu’ils croient signes du Malin – ne sommes-nous pas des êtres de désirs et désirés par Dieu ? Regrets de l’acte manqué – qu’est le passé dans le présent de Celui qui Se donne sans cesse à nous ?
Ni la mémoire ni le cœur ne possèdent de caves intérieures. Tout sera révélé, tout sera déterré. Les dehors même les plus flatteurs ne sauraient être d’assez habiles paravents des sédiments enfouis. Ils peuvent sans doute leurrer nos frères, mais pas Dieu. Ils peuvent sans doute faire illusion devant les yeux novices, mais pas face à Dieu.
Ne soyons pas dupes de nous-mêmes en refusant de voir nos failles ! Ne jouons pas ces comédies infantiles que sont les poses, les postures, les airs de faux-semblants, les faciès étudiés des mascarades intimes, ni rien de tout ce qui pare le cœur des fards de l’ego.
Qui croit encore que la sainteté n’est que l’entretien d’une pureté déjà acquise, comme innée ? Il se trompe celui-là. « Viens ma toute belle, viens dans mon jardin. L’hiver s’en est allé et les vignes en fleurs exhalent leur parfum. » (Ct) Mais ce jardin avant d’être un Eden de paix, n’a-t-il pas vu sa terre durement labourée ? N’a-t-il pas attendu la poussée des semailles ? N’a-t-il pas supporté le temps de l’attente ? De l’espérance ? De la déception parfois lorsque rien ne veut germer, que rien ne semble vouloir éclore ?
Combien de pierres arrachées au sol avant d’obtenir la terre « promise » et promesse de fécondité ? Combien d’hivers du cœur et de l’esprit ? Combien de sécheresses ?
Ne soyons pas dupes ! Seul l’insensé peut imaginer transformer en un jour son terrain vague en paradis ! Nous savons bien l’effort. Nous savons bien le temps.
Laissons aux prestidigitateurs de l’image le soin d’exhiber leurs fleurs artificielles. Nous, nous ne recherchons pas des fruits en plastique incapables de nourrir notre âme. Nous, nous cherchons ceux qui donnent la vie !