EVANGILE
Lc 9, 46-50
Une discussion s'éleva entre les disciples pour savoir qui était le plus grand parmi eux. Mais Jésus, connaissant la discussion qui occupait leur pensée, prit un enfant, le plaça à côté de lui et leur dit : « Celui qui accueille en mon nom cet enfant, c'est moi qu'il accueille. Et celui qui m'accueille accueille aussi celui qui m'a envoyé. Et celui d'entre vous tous qui est le plus petit, c'est celui-là qui est grand. »
Jean, l'un des Douze, dit à Jésus : « Maître, nous avons vu quelqu'un chasser les esprits mauvais en ton nom, et nous avons voulu l'en empêcher, car il n'est pas avec nous pour te suivre. » Jésus lui répondit : « Ne l'empêchez pas : celui qui n'est pas contre vous est pour vous. »
HOMELIE
Dimanche passé (20 sept), nous avons médité le passage parallèle en saint Marc sur la question de la préséance. Aussi nous nous arrêterons à la seconde partie de la péricope de ce jour. C’est d’ailleurs la même question qui demeure à l’horizon de ce nouveau débat : un exorciste juif, voyant l’autorité des apôtres sur les démons, se sert du nom de Jésus dans son ministère, sans pour autant adhérer au groupe de ceux qui suivent Notre-Seigneur. Pour Jean et les Douze, il usurpe un droit qui leur revient exclusivement en tant que disciples. La discussion ne fait que se déplacer du niveau individuel - « savoir qui était le plus grand parmi eux » - au niveau communautaire : le groupe des disciples revendique une supériorité sur ceux qui n’adhèrent pas à leur Maître.
Telle n’est pas la position de Jésus : celui qui utilise son nom pour chasser les démons, reconnait implicitement qu’il vient de la part de Dieu. Saint Paul écrira de façon lapidaire aux Philippiens : « Du moment que le Christ est annoncé, je m’en réjouis, et je m’en réjouirai toujours » (Ph 1, 18). Ce qui compte, c’est l’extension du Royaume de Dieu que le Christ Jésus est venu instaurer sur terre. Y travailler exige non seulement beaucoup d’humilité, mais aussi de tolérance, à l’image de celle que Jésus exerce envers nous.
« Seigneur sauve-nous de l’idolâtrie de notre personne ou de nos communautés ! Guéris-nous de la lèpre de l’accusation, qui nous met du côté de celui que nous prétendons combattre. Ouvre nos yeux sur ta présence en tout homme. Comment pouvons-nous avoir bonne conscience en t’adorant dans la présence réelle de ton Eucharistie, tout en te méprisant dans nos frères, sacrements de ta présence parmi nous ? »
Père Joseph-Marie