Eglise Neo Apostolique
Il s'agit d'une dissidence de l'Église Catholique Apostolique irvingienne qui veut offrir aux hommes tout ce que possédaient les premiers chrétiens, notamment le ministère apostolique. Cette Église avait choisi les apôtres qui devaient préparer la venue du Seigneur. Comme ils sont morts avant la réalisation des prophéties de l'Église, la dissidence en a choisi de nouveaux, d'où le vocable “néo-apostolique”.
Origine
La situation bien triste de l'Église chrétienne dans tous les pays d'Europe, notamment après la Révolution française, choque et attriste les chrétiens et les pousse à examiner les Écritures. Ce mouvement d'intérêt pour la Bible est intense en Angleterre.
Dans les années 1825-1830, des chrétiens de différentes dénominations se réunissent pour des réunions de prière. La pauvreté spirituelle des Églises en Angleterre les pousse, en attendant le retour du Christ, à demander une effusion du Saint-Esprit. A partir de 1826, le banquier londonien Henry DRUMMOND (1786-1860) est l'âme de ce groupe. Ses membres se réunissent tous, lors d'une retraite annuelle de prière pour le renouvellement des dons du Saint-Esprit, dans la propriété du banquier à Albury Park.
Dès 1830, à Londres, à Glasgow et en d'autres endroits d'Ecosse, se manifestent plusieurs dons de l'Esprit: des prophéties, le parler en langues et des guérisons par la foi.
A la même époque à Londres, un autre Anglais a les mêmes préoccupations. Il s'agit d'Edward IRVING. Il naît le 4 août 1792 à Annam, au sud de l'Ecosse. D'abord étudiant à Edimbourg, puis professeur de mathématiques, ensuite étudiant en théologie, Irving est prédicateur auxiliaire à Glasgow dès 1819. En 1822, il devient pasteur de la paroisse écossaise de Londres. En 1826, il publie son ouvrage “Babylone et l'incroyance aux prophéties de Dieu”.
Dans sa paroisse, avec beaucoup de foi et d'éloquence, il prêche régulièrement sur le retour du Christ, en demandant les dons de l'Esprit comme au commencement de l'Histoire de l'Église. Bientôt ces dons se manifestent parmi ses paroissiens. Parce qu'Irving autorise la pratique de ces dons, il est exclu de son église, le 2 mai 1832, et se voit obligé de louer, avec les siens, une salle dans la Newman Street à Londres afin de continuer ses réunions.
Par des paroles de prophétie, le Saint-Esprit annonce le prochain retour du Seigneur ainsi qu'un renouvellement de l'Église chrétienne en vue de lui rendre l'unité perdue. Ce même Esprit enseigne que l'Église est une et qu'elle comprend tous les baptisés.
Un peu plus tard encore, le même Esprit désigne quelques croyants comme apôtres du Seigneur et annonce le rétablissement des ministères et des ordonnances de l'Église ancienne. Beaucoup de fidèles sont appelés aux ordonnances restaurées, comme prophètes, évangélistes ou pasteurs, et pour les cultes comme anges ou évêques, prêtres ou diacres.
La vérité que l'Église est une, est enseignée avec beaucoup de vigueur. Ces croyants ne veulent donc pas former une Église séparée, mais désirent constituer des congrégations à l'intérieur de l'Église Universelle.
Par conséquent, ces fidèles n'ont pas l'intention de se donner un nom qui divise, mais le nom de l'Église entière, catholique et apostolique, leur congrégation ne voulant être qu'une œuvre dans l'Église.
Le but de cette œuvre est de reconstituer le Corps de Christ en instituant les ministères cités dans le Nouveau Testament. Des apôtres sont désignés, John CARDALE est le premier dès le 31 octobre 1832. Celui-ci consacre Irving, l'année suivante, comme ange de la congrégation centrale de Londres.
Le 17 juin 1836, le Collège des douze apôtres est au complet, Collège qui doit continuer l'œuvre des douze apôtres bibliques. Irving meurt d'épuisement le 8 décembre 1834 à Edimbourg, avant la fondation propre de l'Église Catholique Apostolique. Le siège des nouveaux apôtres est à Albury. C'est de là qu'ils partent le 14 juillet 1835 pour évangéliser le monde.
En juin 1836, le monde est partagé en plusieurs districts dirigés chacun par un apôtre. Des lettres sont adressées à tous les chefs d'Églises et à de nombreux chefs d'État ; ces lettres constituent le célèbre “Testimonium”. Après deux ans de voyages, les apôtres se retrouvent à Noël 1838 à Albury pour faire le point de la situation.
Cette nouvelle Église Catholique Apostolique est rejetée par toutes les autres Églises. A partir de 1855, les premiers apôtres commencent à mourir. En 1860, seulement six sont encore en vie.
L'ancien instituteur berlinois, Heinrich GEYER, devenu prophète, se rend au siège de l'Église à Albury pour proposer de nouveaux apôtres qui doivent remplacer leurs collègues décédés. Geyer désigne Charles BOEHM pour l'Allemagne du Sud et CAIRD pour la France. Les six autres apôtres accueillent très mal cette initiative de Geyer. En 1861, ce dernier désigne encore un autre nouvel apôtre à Koenigsberg, ROSOCHAZKY.
L'ange SCHWARTZ de Hambourg approuve Geyer, mais ils sont exclus tous les deux de l'Église Catholique Apostolique en 1863. Geyer, voulant que sa dissidence ait également des apôtres, nomme SCHWARTZ et PREUSS. En 1864, F.W. Schwartz réagit contre les tendances catholicisantes de leur Église d'origine.
En 1865, Geyer et Schwartz fondent la Mission Chrétienne Apostolique Universelle. lis choisissent douze apôtres et se donnent des statuts le 22 février 1866. Ces statuts sont très conciliants pour les autres Églises, mais ils seront modifiés et abrogés par la suite. Le culte est très simplifié.
Bientôt surgissent des rivalités et une profonde mésentente entre Schwartz et Geyer. Le 4 août 1878, au cours d'un culte à Hambourg, la rupture entre ces deux hommes est définitive. Le groupe de Geyer disparaît peu après sa mort en 1896, alors que le groupe de Schwartz prospère, même après sa mort en 1895, grâce à Fritz KREBS.
Le chef de gare Fritz Krebs naît en 1832. Dès 1881, il donne une structure solide et une doctrine cohérente à sa Mission Chrétienne. En 1896, il se déclare apôtre- patriarche. En 1898, il met sur pied les principes actuels de l'Église. En 1900, les douze nouveaux apôtres sont en place. Il meurt le 21 janvier 1905 des suites d'une pneumonie.
Le successeur de Krebs, le second apôtre- patriarche est, dès 1905, Hermann NIEHAUS. Agriculteur de Westphalie, né à Steinhagen près de Bielefeld, en 1848, il devient évangéliste en 1872 et apôtre en 1896. Lorsqu'il prend la succession de Krebs, l'Église Néo-Apostolique compte 488 églises locales. A la fin de sa vie, il en existe 1.800 dans le monde. C'est sous son règne qu'en 1906, en Saxe, le nom de Communauté Néo-Apostolique, puis plus tard d'Église Néo-Apostolique est officiellement accepté. Niehaus meurt en 1932, conséquence d'une chute grave dans un escalier.
Johann-Gottfried BISCHOFF succède immédiatement à Niehaus. Il naît le 2 janvier 1871 à Unter-Mossau, dans l'Odenwald allemand. D'abord cordonnier, puis sergent à Mayence, ensuite marchand de cigarettes, Bischoff est d'origine catholique. Il entre en 1897 dans l'Église Néo-Apostolique. Il devient apôtre en 1906. Il établit le siège de son Église, avec sa maison d'édition et son imprimerie, à Francfort. Dès 1924, il est désigné comme successeur de Niehaus et troisième apôtre-patriarche.
Le 18 juin 1950 à Eindhoven, aux Pays-Bas, puis au cours du culte de Noël, le 25 décembre 1950, à Giessen, Bischoff déclare: “Je ne mourrai pas avant le retour du Christ”. A partir de cette annonce publique que le retour du Christ aurait lieu du vivant de l'apôtre-patriarche, l'Église Néo-Apostolique redouble de zèle et d'esprit de conquête.
Le 5 décembre 1954, au cours d'un culte à Francfort, Bischoff explicite sa prophétie: “Je ne suis plus un homme mortel!” Cette affirmation devient le centre de la foi de l'Église jusqu'au mardi, 6 juillet 1960 où, peu après 21 heures, Bischoff meurt à Karlsruhe, après une courte maladie, dans les bras d'un médecin de l'hôpital.
Une crise traverse alors l'Église Néo-Apostolique et le Collège des apôtres, réuni à Francfort le 7 juillet 1960, adresse à toutes les églises la lettre suivante, lue aux cultes du dimanche suivant:
“Chers frères et sœurs de la métropole et de l'étranger. Nous, les soussignés apôtres, assemblés aujourd'hui à Francfort-sur-le-Main, avons à accomplir le devoir extrêmement pénible de vous faire part du trépas, pour nous tous insaisissable et inattendu, de notre apôtre-patriarche. Il est décédé dans la soirée du 6 juillet à Karlsruhe, entre les mains de son médecin traitant, un frère dans la foi. Il avait espéré, par des soins constants, une guérison complète. Nous avons tous cru et espéré avec conviction que le Seigneur, selon la promesse faite à l'apôtre-patriarche, enlèverait les siens encore du vivant de ce dernier. Telle était également la foi inébranlable de l'apôtre-patriarche, de laquelle il a témoigné à son entourage jusqu'à sa dernière heure ici-bas. Lui-même, nous, ainsi que tous les frères et sœurs en fidèle communion avec lui, n'avons jamais douté que le Seigneur tiendrait, en temps voulu, la promesse qu'il lui avait faite. C'est pourquoi, nous nous trouvons devant la décision insondable de notre Dieu et nous nous demandons pourquoi il a modifié sa volonté. L'apôtre-patriarche, qui a amené l'œuvre de rédemption du Seigneur au point culminant de son accomplissement, et par là liait les enfants de Dieu à une foi inébranlable en sa parole, ne peut s’être trompé, parce que la Parole du Seigneur a toujours été la ligne de conduite de son action. Par conséquent, il ne nous a jamais dit rien d'autre que ce que le Seigneur avait mis dans son esprit.
Sa vie spirituelle exemplaire, sa manière de vivre des plus modestes, son caractère loyal, son renoncement total et désintéressé le rendaient capable de transmettre à toutes les âmes, qui lui étaient confiées, les vertus les plus nobles de Jésus-Christ A cause de cela, il fut trouvé digne par le Seigneur d'assumer la charge de son serviteur le plus haut placé.
Ses expériences extrêmement riches et le grand trésor de ses connaissances divines ont, parla grâce de Dieu, contribué au développement fécond de l'œuvre rédemptrice. Tous les apôtres, qui ont été appelés sous sa direction à avoir le privilège d'être ses collaborateurs, ont été fécondés par l'esprit du Christ qui habitait en lui, en bénédiction à tous ceux qui portent le nom du Seigneur.
Si le Seigneur nous a placés, par l'enlèvement de l'apôtre-patriarche, devant une énigme, il nous donnera également la solution au jour qui lui conviendra.
Comme par le passé, les apôtres considèrent comme leur grand devoir de conserver et d'entretenir l'héritage de l'apôtre-patriarche, sa foi dans le retour proche du Seigneur, comme s'il était encore parmi nous. C'est la cause du Seigneur, et elle le reste, et il la terminera. Si nous abandonnions cette pensée, nous renoncerions en même temps à la foi en la première résurrection. C'est précisément là le contenu de notre foi jusqu'à présent.
Les soussignés apôtres sont conscients du fait que nos adversaires et ennemis croient trouver par la mort de l'apôtre-patriarche un fondement pour affirmer que l'œuvre rédemptrice n'est qu'œuvre humaine.
Chers frères et sœurs, que personne, en cette heure, ne perde la foi et ne donne accès à l'esprit du doute. Un tel se verrait concerné par le verset de Matthieu 25:8: “Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s'éteignent”. Le Seigneur ne nous abandonnera pas; sinon que deviendrait l'accomplissement des nombreuses références de l'Apocalypse de Jean concernant le perfectionnement de l'Église, Epouse du Christ ? C'est pourquoi nous vous supplions, en cette heure grave, de continuer à rester fidèlement unis, comme par le passé, et de ne pas prêter la main aux ennemis de l'œuvre de Dieu, pour porter atteinte à notre foi.
Sachez, pour vous tranquilliser, que tous les apôtres, par delà la tombe de l'apôtre-patriarche, démontrent leur parfaite unité selon la volonté de Jésus et, dans cet esprit, continueront à travailler au perfectionnement des âmes, épouses du Christ.
Nous vous adressons donc cet appel: Honorez la mémoire de l'apôtre-patriarche en continuant à rester fidèles. Notre amour pour lui et notre confiance en lui n'ont pas souffert de son départ. Le Seigneur a pris soin que tous les enfants de Dieu aient à nouveau un guide. L'une des dernières paroles que l'apôtre-patriarche nous ait adressée est celle-ci: “Le Seigneur cherchera son troupeau auprès de ses bergers”. Que cette parole soit notre devise durant la dernière étape de notre pèlerinage.
Dans la matinée du 1 10 juillet, les soussignés apôtres sont réunis pour un culte solennel à Francfort-sur-le-Main. Au cours de ce culte, l'apôtre Walter SCHMIDT accepte la charge d'apôtre-patriarche et devientainsi le chef principal de toutes les églises néo-apostoliques.
Le Collège des apôtres du 7 juillet 1960 à Francfort-sur-le-Main l'a élu à l'unanimité.
En souvenir respectueux de l'apôtre-patriarche, nous vous saluons dans l'esprit de l'amour de Jésus-Christ”. Cette lettre, traduite de l'allemand, est signée par 27 apôtres.
L'enterrement de Bischoff, prévu pour le 11 juillet à 10 heures, a lieu déjà à 9 heures afin d'éviter tout incident. Il se passe dans l'intimité de cinq membres de la famille et des 27 apôtres européens. Quatre apôtres disent quelques paroles, le nouvel apôtre-patriarche donne un court message. Une plaque en marbre sur une tombe du Bockenheimer Friedhof de Francfort rappelle la mémoire de celui qui ne devait pas mourir.