Lc 19, 41-44
Quand Jésus fut près de Jérusalem, en voyant la ville, il pleura sur elle ; il disait : « Si toi aussi, tu avais reconnu en ce jour ce qui peut te donner la paix ! Mais hélas, cela est resté caché à tes yeux. Oui, il arrivera pour toi des jours où tes ennemis viendront mettre le siège devant toi, t'encercleront et te presseront de tous côtés ; ils te jetteront à terre, toi et tes enfants qui sont chez toi, et ils ne laisseront pas chez toi pierre sur pierre, parce que tu n'as pas reconnu le moment où Dieu te visitait. »
HOMELIE
Jésus s’approche de Jérusalem. Dans la descente du Mont des Oliviers, ses disciples l’ont accueilli avec enthousiasme : « Béni soit celui qui vient, le Roi, au nom du Seigneur ! Paix dans le ciel, et gloire au plus haut des cieux ! (Lc 19, 38) »
Mais la joie de Jésus est assombrie à la vue de la ville. Non en raison de ce qu’il aura à y souffrir dans quelques jours, mais parce qu’il entrevoit le sort de la Cité Sainte, qui sera totalement détruite en 70 par les troupes du général romain Titus.
Jésus pleure sur elle et sur ses habitants : il aurait tant voulu être pour ses frères juifs le Messager de Paix ; il aurait tant voulu leur éviter les souffrances à venir : mystère de la compassion divine qui pleure sur le sort de ses bourreaux.
Ce souci va même hanter Jésus jusqu’au cœur de sa Passion : « Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi, pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants. Car si l’on traite ainsi l’arbre vert, qu’en sera-t-il de l’arbre sec ? (Lc 23, 28-31) »
« Parce que tu n’as pas reconnu le temps où tu as été visitée » : que de souffrances notre monde, nos nations, nos familles, nous-mêmes, nous pourrions éviter si nous étions plus vigilants à reconnaître les temps où le Seigneur passe en offrant sa paix.
Mystère de la liberté humaine qui peut résister à la grâce et s’enfoncer dans les ténèbres, faute d’avoir accueilli la lumière.
Mais le Seigneur ne nous abandonne pas pour autant ; bien plus, pour être sûr de pouvoir nous accompagner dans cette souffrance dont nous sommes pourtant les seuls responsables, il nous y précède. Il va bientôt s’enfoncer, librement, dans la nuit de la Passion, pour y porter le flambeau de sa miséricorde et la consolation de sa présence.
Rien n’est jamais perdu pour Dieu : de même que le troisième jour il a relevé le Temple Saint : le Corps de son Fils, il relèvera Jérusalem et chacune de nos ruines, pour les intégrer dans la Jérusalem céleste, cité de la Paix, de la Joie où il essuiera toutes larmes de nos yeux (Apoc 21, 4).
« Seigneur en ta bonté, ouvre mes yeux
que je reconnaisse le temps de ta visite ;
sans toi ma vie n’est que divisions, guerres et ruines :
prends pitié de moi
et donne-moi de trouver la paix
en vivant de ton Évangile. »
Père Joseph-Marie