Le Kharaj
Le Kharaj était une sorte de taxe foncière qui jouait un rôle tout autant fiscal que symbolique. Le paysan était dépossédé de la propriété de sa terre et l’exploitait comme un metayer. Le kharaj symbolisait ainsi les droits divins du conquérant de la terre des infidèles qu’il avait conquis. Les paysans étaient théoriquement protégés, mais en période d’instabilité ils étaient les premiers à souffrir.
Le Jizya
Le jizya était un impôt local, inspiré de la sourate IX.29 (« Combattez-les jusqu’à ce qu’ils payent directement le tribut après s’être humiliés . ») Il devait être payé individuellement pendant une cérémonie humiliante qui rappelait aux dhimmis qu’ils étaient inférieurs aux croyants. Pour le commentateur musulman al Zamakhshari (1075-1144), le verset IX.29 veut dire que « le jizya leur sera pris en les rabaissant et en les humiliant. (Le dhimi) viendra en personne, à pied, en marchant. Quand il payera, il se tiendra debout, pendant que le precepteur sera assis. Le percepteur le tiendra par la nuque, le secouera er dira : paye le jizya ! et , pendant qu’il paye, on le frappera sur la nuque. »
Autres exemples, parmis tant d’autres : Quand Amr conquit Tripoli en 643, il força les juifs et chrétiens à remettre leurs femmes et leurs enfants à l’armée arabe comme esclaves, et leur dit de déduire ce payement en nature de leurs impôts locaux.
De même en 781, au sac d’Ephèse, 7000 grecs furent déportés en captivité. A Thessalonique en 903, 22 000 chrétiens furent partagés entre les chefs arabes et vendus comme esclaves. En 1064, le sultan seldjoukide, Alp Arslan, dévasta la Géorgie et l’Arménie. Ceux qu’il ne garda pas comme prisonniers furent exécutés.
Les textes palestiniens, égyptiens, mésopotamiens, arméniens et, plus tard , anatoliens ou perses séfévides révèlent que les familles qui ne pouvaient pas acquitter le jizya étaient obligés de donner leurs enfants en contrepartie.
L’exemple le plus connu : pendant 300 ans au moins, les chrétiens durent subir une humiliation dont il est rarement fait mention, la pratique du devshirme qui selon les spécialistes touchait entre 8 et 12 0000 enfants par an. Instauré par le sultan Orkhan (1326-1359) cette pratique consistait à prélever régulièrement un cinquième des fils des familles de l’aristocratie chrétienne qui vivaient dans les territoires conquis, grecs, Serbes, Bulgares, Arméniens et Albanais, souvent des fils de prêtres. Convertis de force à l’islam, ces enfants subissaient un lavage de cerveaux durant leur éducation et étaient destinés à alimenter le corps des janissaires. Ce système donnait en plus lieu à toutes sortes d’autres abus. Les juges musulmans prenaient souvent plus d’enfants qu’ils n’étaient nécessaires et revendaient le surplus à leurs parents. Ceux qui étaient incapables de racheter leurs enfants devaient se résoudre à les voir vendus comme esclaves…
Autres taxes
Outre qu’ils payaient des taxes commerciales et des droits d’octroi plus élevé que les musulmans, les dhimmis étaient soumis à d’autres formes d’oppression fiscale. Durant les périodes de difficultés économiques les chefs religieux étaient emprisonnés et torturés jusqu’à ce que leur communauté payât une rançon.
Ces taxes représentaient un tel fardeau que les dhimmis abandonnaient leurs villages et se réfugiaient dans les montagnes ou essayaient de se perdre dans l’anonymat des grandes villes pour échapper au precepteur. En basse Egypte, par exemple, les coptes complètement ruinés par les taxes se révoltèrent en 832. Le gouverneur arabe réprima impitoyablement l’insurrection en brûlant les villages, les plantations et les églises. Ceux qui réchappèrent au massacre furent déportés.
Emplois officiels
Divers hadiths empêchent un dhimmi d’exercer une quelconque autorité sur un musulman. Certains versets du Coran comme celui de la sourate 3, verset 28 sont utilisés pour interdire aux dhimmis l’accès aux emplois officiels. Malgré cela, nous constatons que les dhimmis ont assumé de hautes responsabilités. Il est vrai que les conquérants arabo-musulmans surtout étaient dans un premier temps loin d’être majoritaires dans les territoires nouvellement conquis. Et qu’ils n’avaient guère d’autre choix que de s’appuyer sur les compétences locales. Ce n’est qu’une fois le rapport de force démographique modifié que , au Moyen Âge notamment, l’engagement d’un dhimmi à un poste élevé provoquait des protestations publiques, l’hystérie collective et la violence, comme par exemple à Grenade en 1066 ( 4000 juifs exterminés lors d’émeutes. A seul titre de comparaison la nuit de la saint Barthélémy, que l’on nous rappel comme un des poinst noirs « indépassable » de notre histoire a fait …3000 morts), à Fez en 1275 et en 1465 ( et antérieurement le massacre en 1033 de plus de 6000 juifs même si dans ce cas le prétexte n’avait rien à voir avec une nomination d’un dhimmi à des fonctions administratives) , en Irak en 1291 et fréquemment en Egypte entre 1250 et 1517. On comprend alors pourquoi de nombreux dhimmis accèptèrent de se convertir à l’islam pour conserver leur emploi.
Inégalité devant la loi
Pour tout litige entre un musulmans et un dhimmi, la validité du serment ou du témoignage du dhimmi n’est pas reconnue. En d’autres termes, puisqu’ un dhimmi ne peut témoigner contre un musulman, son adversaire musulman est toujours vainqueur. Le dhimmi est obligé de corrompre ses juges pour être lavé des charges dont on l’accuse. Les musulmans sont convaincus de leur propre supériorité sur les non-musulmans et cela est inscrit dans la loi. Par exemple, n’importe quelle punition infligée à un musulman était automatiquement réduite de moitié si la victime était un dhimmi. Les dhimmis étaient fréquemment accusés de blasphème et condmamnés à mort. Commes les juges n’acceptaient pas leur témoignages, les dhimmis étaient obligés de se convertir pour sauver leur vie. Inversement, dans la pratique, un dhimmi était souvent condamné à mort lorsqu’il avait osé lerver la main sur un musulman, même dans une situation de légitime défense. La mort accidentelle d’un musulman pouvait même condamner toute la communauté non musulmane à la mort ou à l’exil.
Bien qu’un musulman puisse épouser une chrétienne ou un juive, un non-musulman ne peut se marier avec une musulmane. La sanction d’une telle union, ou de n’importe quelle relation sexuelle , est la mort.
Le Pacte d’Omar
Les incapacités qui frappent les dhimmis sont résumées dans le Pacte d’Omar, qui fut probablement rédigé par la calife Omar b. Abd al Aziz (Omar II, 717-20). On notera l’emploi du Nous pour décrire depuis le point de vu dhimmis leurs obligations, comme si cela était un serment, une promesse prêts à être dit ou signer….
« Nous ne construirons pas dans nos cités ou dans leurs environs ni monastère, église, ermitage ou cellule de moine. Nous ne réparerons pas, de jour comme de nuit, ce qui est tombé en ruine ou ce qui se trouve dans un quartier musulman.
Nous maintiendrons nos portes grandes ouvertes pour les passants et les voyageurs. Nous fournirons trois jours de nourriture et un logement à tout musulman qui s’arrêterait chez nous.
Nous n’abriterons aucun espion dans nos églises ni dans nos demeures, ni ne les cacherons aux musulmans.
Nous n’enseignerons pas le Coran à nos enfants.
Nous n’organiserons pas de cérémonie publique. Nous ne ferons pas de prosélytisme. Nous n’empêcherons aucun de nos parents d’embrasser l’islam s’il le désire.
Nous montrerons de la déférence envers les musulmans et nous leur céderons la place quand ils désirent s’asseoir.
Nous n’essayerons pas de ressembler aux musulmans de quelque matière que ce soit.
Nous ne chevaucherons pas sur des selles.
Nous ne porterons pas d’épée ou n’importe quelle autre arme, ni ne les transporterons.
Nous ne vendrons pas de porc.
Nous couperons nos mèches de cheveux.
Nous ne montrerons pas nos croix ou nos livres dans les rues empruntées par les musulmans ou sur les marchés. Nous ne ferons sonner nos cloches que dans nos églises et très discrètement. Nous n’élèverons pas la voix en récitant nos prières, ni en présence d’un musulman. Nous n’élèverons pas non plus nos voix pendant les processions funéraires.
Nous ne construirons pas nos maisons encore plus haut que les leurs.
Quiconque frappe délibérément un musulman perd la protection de ce pacte. »
Autre texte d’époque
A la fin du 19ème sicèle, Ash-Sharani résumait ainis le point de vu des 4 principales écoles sunnites sur la question des nouvelles constructions d’églises et de synagogues :
« Toutes les écoles s’accordent pour ne pas autoriser la construction d’églises et de synagogues dans les villes et les villages de l’Islam. Elles sont divisées pour dire si cela est permis au voisinage des villes. Malik , Chafi’i, et Ahmad ne le permettent pas. Abu Hanifa dit que si l’endroit est situé à moins d’un mil d’une ville , cela n’est pas permis. Si la distance est plus grande, alors c’est permis. Une autre question est de savoir s’il est licite de restaurer ou de reconstruire une église ou une synagogue dans un pays musulman. Abu Hanifa, Malik et Chafi’i l’autorisent. Abu Hanifa ajoute que l’église doit se trouver dans un lieu qui s’est soumis pacifiquement. S’il a été conquis par la force, cela n’est pas permis. Ahmad (…) dit que la restauration d’une ruine n’est jamais permise. »
Autrement dit les conditions hypocrites de permissivité sont telles que l’on ne s’étonne pas de la disparition progressive et définitive de la présence non-musulmane en pays islamique. Pour un exemple moderne de cette stratégie….allez donc voir ce qui se passe en Turquie…