L’Église dite Catholique Apostolique et Romaine
Adrien Ladrierre
2 Le Papisme
2.1 Les sacrements dans l’Église Romaine
Après les quelques pages que nous avons consacrées à la papauté, et passant sous silence la triste histoire de la succession des papes, chefs de l’Église romaine, nous passerons à l’examen du culte, des pratiques et des doctrines de cette Église, ce que l’on nomme spécialement le papisme.
Dans le Nouveau Testament, le Seigneur a établi seulement deux ordonnances. D’abord le baptêmes (*1), qui est le signe de l’introduction dans l’Église, la maison de Dieu sur la terre, fondée sur la mort et la résurrection du Seigneur. Mais le baptême ne sauve pas, ne régénère pas, comme l’enseigne l’Église romaine qui affirme que le baptême lave de ce qu’elle appelle le péché originel. L’apôtre Pierre le dit expressément (*2). Par conséquent, quand le Seigneur Jésus dit à Nicodème : « Si quelqu’un n’est né d’eau et de l’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu » (*3), l’eau ne désigne pas le baptême, mais la parole de Dieu, comme Jacques le dit en parlant des chrétiens : « De sa propre volonté », Dieu, le Père des lumières, « nous a engendrés (ou fait naître) par la parole de la vérité » (*4). C’est pourquoi l’apôtre Paul dit : « Dieu… nous sauva… selon sa propre miséricorde, par le lavage de la régénération et le renouvellement de l’Esprit Saint » (*5). Et Pierre dit aussi : « Vous êtes régénérés (ou nés de nouveau)… par la vivante et permanente parole de Dieu » (*6). Ce n’est donc pas le baptême d’eau qui produit la nouvelle naissance, sans laquelle on ne peut entrer dans le royaume de Dieu, mais c’est la parole de Dieu reçue dans le cœur et appliquée à l’âme par la puissance de l’Esprit Saint. C’est l’Esprit Saint qui, par le moyen de la Parole, produit en nous une nature et une vie nouvelles. Le Seigneur dit : « Celui qui entend ma parole, et qui croit celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle » (*7). Ainsi il ne suffit pas d’avoir été baptisé et de porter le nom de chrétien. Pour posséder la vie éternelle, il faut croire du cœur au nom du Fils de Dieu.
(*1) Matthieu 28:19.
(*2) « Or cet antitype (l’antitype de l’arche) vous sauve aussi maintenant, c’est-à-dire le baptême, non le dépouillement de la saleté de la chair, mais la demande à Dieu d’une bonne conscience, par la résurrection de Jésus Christ » (1 Pierre 3:21).
(*3) Jean 3:5
(*4) Jacques 1:18.
(*5) Tite 3:5.
(*6) 1 Pierre 1:23
(*7) Jean 5:24
L’Église romaine, au contraire, présente le baptême comme nécessaire au salut, de sorte qu’un petit enfant n’irait pas au ciel, s’il venait à mourir non baptisé (*), et qu’un adulte qui croirait au Seigneur, mais qui mourrait sans baptême alors qu’il aurait eu la possibilité d’être baptisé, ne serait pas sauvé. L’Écriture nous dit quant aux petits enfants que Jésus est venu les sauver (Matthieu 18:11, 14), et quant à ceux qui sont en âge de raison, elle déclare simplement que celui « qui croit au Fils a la vie éternelle » (Jean 3:36), sans qu’il soit question de baptême. Les apôtres du Seigneur furent-ils baptisés du baptême chrétien ? Non. Le brigand converti sur la croix fut-il baptisé ? Non, et cependant il alla le même jour au Paradis. Toutefois, bien que le baptême d’eau ne sauve pas, cette figure de la mort de Christ, plaçant des « disciples » sous Son autorité, est d’une grande et précieuse signification (Matt. 28:29).
(*) Il va, selon la théologie catholique, dans les limbes, séjour mal défini où les âmes vivent d’une vie inférieure.
L’Église romaine a aussi ajouté plusieurs choses à l’ordonnance du Seigneur. D’abord elle veut que l’eau du baptême soit consacrée par le prêtre — c’est l’eau bénite, à laquelle on attribue bien des vertus, entre autres celle de chasser le démon loin des baptisés. Ensuite, sauf des cas extrêmes, le prêtre seul a le droit d’administrer le baptême. Nous ne voyons rien de semblable dans l’Écriture. C’est d’eau pure et simple que l’on se servait pour baptiser ; c’est Ananias, un simple disciple, qui baptise Paul ; c’est Philippe, qui n’était que diacre ou serviteur, qui baptise l’officier éthiopien ; ce sont les frères de Joppé, venus avec Pierre, qui administrent le baptême à Corneille et aux autres convertis (Actes 8:38 ; 9:18 ; 22:16 ; 10: 47-48).
La seconde ordonnance est la Cène ou souper du Seigneur. Jésus l’a instituée avant sa mort, lorsqu’il était pour la dernière fois à table avec ses bien-aimés disciples et qu’il avait mangé avec eux la Pâque (*1). Mais après être monté dans la gloire, il a rappelé à l’apôtre Paul ce qu’il avait établi la nuit qu’il fut livré, pour que tous les vrais croyants y participent (*2). Nous voyons par là combien notre précieux Sauveur tient à ce que la Cène soit célébrée, de même qu’autrefois l’Éternel tenait à ce que les enfants d’Israël ne négligeassent pas de garder l’ordonnance de la Pâque, qui leur rappelait leur délivrance du pays d’Égypte (*3). C’est que la Cène rappelle aussi aux chrétiens la délivrance bien plus grande dont ils sont les objets. Elle remet en mémoire aux croyants que Christ, dans son amour, a souffert et est mort pour eux. C’est pourquoi Il est appelé « notre Pâque ». « Notre pâque, Christ », dit Paul, « a été sacrifiée » pour nous (*4). La Cène du Seigneur se célèbre très simplement, quand on suit la parole de Dieu. Le pain que l’on rompt et qui est partagé entre tous, représente et rappelle le corps du Seigneur qui a été livré pour nous et offert en sacrifice sur la croix. Le vin contenu dans la coupe, à laquelle tous participent, parce que le Seigneur a dit : « Buvez-en tous » (*5), est le mémorial du sang précieux de Christ, l’Agneau sans défaut et sans tache, qui a été versé pour la rémission des péchés afin de nous racheter et de nous purifier du péché (*6). Et le Seigneur a dit en instituant la Cène, soit en rompant le pain, soit en distribuant la coupe : « Faites ceci en mémoire de moi ». Quelle chose douce et précieuse pour le cœur du chrétien de se rappeler d’une manière spéciale, chaque premier jour de la semaine, le grand et ineffable amour du Sauveur envers lui ! Et il le fait en communion d’amour avec les autres croyants, qui sont, comme lui, membres du corps de Christ (*7).
(*1) Luc 22:19-20.
(*2) 1 Corinthiens 11:23-26
(*3) Deutéronome 16:1-2 ; Exode 12:21-27 ; 34:18 ; Lévitique 23:5 ; Nombres 28:16-17.
(*4) 1 Corinthiens 5:7.
(*5) Matthieu 26:27.
(*6) 1 Pierre 1:18-19 ; 1 Jean 1:7 ; Apocalypse 1:5.
(*7) 1 Corinthiens 12:13 ; 10:17 ; Éphésiens 5:30.
L’apôtre Paul rappelle encore une chose relativement à ce saint repas. Il dit : « Toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez la coupe, vous annoncez la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne » (*). Ainsi, dans la Cène, nous sommes mis en présence de l’amour infini du Seigneur mort pour nous, nous annonçons cette mort au monde coupable, puis nos pensées sont portées en avant vers ce bienheureux jour où Christ reviendra pour consommer sa victoire en transformant nos corps et en nous introduisant dans la gloire avec Lui. Tout nous parle là de son amour. Quel bonheur d’avoir sa place à la table du Seigneur !
(*) 1 Corinthiens 11:26.
Ces ordonnances du Seigneur sont appelées par quelques-uns, et surtout par l’Église romaine, des sacrements. À ce mot se rattache l’idée qu’elles confèrent une certaine grâce spirituelle à celui qui y a part. Nous avons vu qu’aucune grâce n’est conférée par le baptême. C’est un privilège, sans doute, d’être introduit par le baptême dans la maison de Dieu sur la terre ; mais le baptême n’est qu’un signe. Il n’apporte aucun changement dans l’âme de celui qui le reçoit. C’est un très grand privilège de participer à la Cène du Seigneur ; mais on le fait et on en jouit, parce que l’on est déjà sauvé par la mort du Christ, que l’on est membre de son corps, et béni en Lui de toute bénédiction spirituelle (*1). On est heureux de rappeler son amour, on Lui rend grâces et on rend grâces au Père qui nous a introduits dans le royaume du Fils de son amour, et nous a donné une part avec les saints dans la lumière (*2). On adore le Père et le Fils par l’Esprit Saint qui nous a été donné ; mais on a déjà tout reçu en fait de grâces. Seulement dans la Cène, le croyant jouissant de tout ce qu’il a reçu en bénit son Seigneur et son Dieu, et c’est une grâce de pouvoir le faire. Nous verrons plus loin, en parlant de la messe, ce que l’Église romaine a fait de cette ordonnance de la Cène.
(*1) Éphésiens 1:3.
(*2) Colossiens 1:12-14.