Les revendications musulmanes se multiplient dans l'espace public :
Ecole. En 2003, deux sœurs avaient polarisé l'attention de l'opinion en refusant d'ôter leurs longs foulards, portés sur des tenues islamiques. L'Éducation nationale avait alors recensé quelques milliers de cas. Depuis, le voile a été banni de l'école publique par une loi excluant les signes religieux ostensibles votée en 2004. À l'université où le foulard n'est pas interdit, certaines candidates ont été refoulées lors d'examen, comme à Nanterre, car elles ne voulaient pas montrer leur visage. Il y a quelques mois, un employé de l'Aéroport de Paris avait décidé, en invoquant l'islam, qu'il ne pousserait plus les chariots destinés aux avions contenant des fioles d'alcool. L'anecdote reflète un réel besoin de réflexion autour des manifestations religieuses dans les entreprises. Désormais, certains dirigeants ont accordé à leurs salariés pratiquants quelques aménagements pour dissiper le malaise et éviter les conflits. «Autorisation d'absence» pour l'Aïd-el-Kebir, rotations dans les usines qui prennent en considération l'heure des prières, ou encore la modification des horaires de travail des caissières de la grande distribution pendant le mois du ramadan, les exemples se multiplient. Cependant, la prudence est de rigueur car le phénomène peut parfois aller trop loin. Ainsi, dans un centre d'appels SFR, un sous-traitant s'est mis à refuser les ordres de sa chef, sous pretexte que c'était une femme.
Cantine. Le porc n'est plus le bienvenu dans les réfectoires. On en propose peu et avec un plat de substitution. Cet aménagement entraîne parfois des dérives, car les dames de service sont tentées de regrouper les enfants musulmans pour faciliter le service. Par ailleurs, la demande de viande halal se fait plus pressante. À Lyon, près de 30 % des enfants ne mangent plus le plat principal dans le primaire, jugé « impur ». La mairie a décidé de proposer cette année un menu végétarien alternatif. Dans certains établissements, les élèves d'origine musulmane subissent l'opprobre du groupe s'ils mangent pendant le ramadan.
Hôpital.Le 10 juin 2008, un Marocain a été condamné par la cour d'appel de Lyon pour s'être opposé à l'intervention d'un médecin homme pendant l'accouchement difficile de sa femme en 1998. L'enfant, aujourd'hui âgé de dix ans, est gravement handicapé. Selon l'expert chargé de l'enquête, l'attitude du père a « indiscutablement constitué une entrave au bon déroulement de la surveillance du travail et de l'accouchement ».
Virginité. Un ingénieur français musulman a demandé et obtenu l'annulation de son mariage parce que sa femme n'était pas vierge et lui avait menti sur ce point. L'affaire devrait être rejugée (lire ci-dessous).
Équipements sportifs.Quelques piscines municipales ont, à la de-mande d'associations confessionnelles, réservé des horaires aux femmes. À La Verpillère (Isère) récemment, à Lille ou Sarcelles, il y a quelques années, cette atteinte à la mixité avait suscité beaucoup de réactions, avant d'être supprimée. En juin, une équipe de basketteuses musulmanes avait voulu réserver un gymnase de Vigneux-sur-Seine (Essonne) aux seules femmes, lors d'un tournoi.
Prisons. En 2003, les RG avaient révélé que 10 % des détenus suivaient un régime particulier dans la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis (Essonne) et 25 % en période de ramadan. L'administration pénitentiaire avait alors exclu le porc des cuisines des prisons. Les non-musulmans devant passer spécialement commande de nourriture à base de cochon. Entreprise. Les demandes d'autorisation d'absence bondissent le jour de l'Aïd-el-Kébir. Durant le ramadan, le BTP comme la grande distribution aménagent les horaires de leurs employés musulmans pour éviter les baisses de régime.
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