Une homélie de la Fête-Dieu
Frères et Sœurs,
Aujourd’hui, c’est la fête-Dieu, la fête du T-S. Sacrement du Corps et du Sang du Christ. C’est donc la fête de l’Eucharistie, la fête de la messe. On pourrait se demander pourquoi faut-il encore, alors que chaque jour, chaque dimanche nous célébrons l’Eucharistie, pourquoi faut-il encore cette fête de l’Eucharistie. Jusqu’au XVI° siècle l’Eglise n’avait jamais connu de contestation sur la présence réelle du Corps et du Sang du Christ dans l’Eucharistie. C’est à partir de Luther, au XVI° siècle, que la présence réelle du Christ a été mise en doute, contestée, combattue, refusée. L’Eglise a donc dû se battre elle aussi pour affirmer sa foi et son amour envers le Christ réellement présent sous le signe du pain et du vin consacrés. Elle a donc entouré le Très sacrement de vénérations, de dévotions, de prescriptions liturgiques, et même de peines canoniques pour nous enseigner sur la réalité mystérieuse du Christ présent sous le signe de son sacrifice sur l’autel. C’est ainsi qu’elle a inventé les processions de la fête de Dieu, la communion sur la langue, l’adoration du T-S. Sacrement, l’interdiction de toucher l’hostie consacrée, la petite lumière près du tabernacle et autre chose encore..
Elle a dû encore se battre contre une autre forme d’hérésie, qui consistait à dire : « Je ne peux pas communier, je ne dois pas communier, je suis trop indigne, trop pécheur » . Alors on ne communiait pas du tout, ou alors une fois ou l’autre dans sa vie. L’Eglise a donc enseigné que le sacrement de l’Eucharistie est fait pour nous et pour notre salut, pour les hommes et les femmes de la terre, pour nous qui sommes pécheurs et en voyage sur terre précisément où le péché nous frappe.
Les Pères de l’Eglise, les premiers prédicateurs de l’Evangile, témoins ou proches des Apôtres, nous ont transmis l’Eucharistie comme le don reçu des propres mains du Christ, comme le témoignage de son amour, comme la source où nous devons boire à la vie éternelle. « Si vous ne mangez pas ma chair, si vous ne buvez pas mon sang, vous n’aurez pas la vie en vous ».
L’Eglise a reçu du Christ le pouvoir de refaire ce que Jésus a fait la veille de sa mort ; « Faites cela en mémoire de moi ». « L’Eglise fait l’Eucharistie, et l’Eucharistie fait l’Eglise. » disaient les Pères de l’Eglise. L’Eglise fait l’Eucharistie, cela veut dire que l’Eglise confectionne l’Eucharistie avec le pain et le vin, fruit de la terre et du travail des hommes. Ce ne sont pas choses qu’on a cueillies tout simplement, mais qui ont été travaillées, transformées. Avant la consécration, ils ne sont que du pain et du vin, après la consécration ils sont devenus corps et sang du Christ. Il est grand le mystère de la Foi !
Lorsque nous mangeons ce pain consacré et buvons ce vin consacré, lorsque nous communions nous devenons l’Eglise, le Corps. Lorsque le ministre te donne la communion : il dit : « le Corps du Christ » sous-entendu « mange le corps du Christ et deviens le Corps, deviens l’Eglise ». Ce n’est donc pas le Christ qui se transforme en toi, mais toi qui se transforme en lui. Tu deviens avec tes frères le Corps du Christ : l’Eglise.
Je disais, il y a un instant que l’Eglise a une telle conscience de ce dépôt de la foi, et du respect que les fidèles devaient avoir envers le T-Sacrement, qu’elle frappe d’une peine canonique, qu’on appelle l’excommunication dont l’absolution est réservée au pape, le fidèle qui consciemment profane les saintes espèces eucharistiques. Mais tant de croyants, tant de chrétiens sont respectueux du T-Sacrement. !! Mais je voudrais profiter de ce jour pour dire qu’il nous faut augmenter encore l’honneur, le respect, l’amour que nous devons avoir envers la Sainte Eucharistie.
D’abord il faut communier dignement, en faisant, comme disaient les premiers chrétiens,
« un trône avec tes deux mains pour recevoir ton Seigneur ».
L’habitude, la routine, l’ignorance fait que, parfois, on voit des personnes venir communier en présentant le pouce et l’index, comme s’ils voulaient prendre, ou happer quelque chose d’ordinaire, ou bien alors en ouvrant à peine les mains parce qu’il s’y trouve un reste de mouchoir en papier ou les clés de la voiture. Ce n’est pas digne ! Ce n’est pas honorer le Christ dans ce sacrement.
Quand nous recevons dans nos pauvres mains de pécheurs que nous sommes l’Eucharistie, et qu’on nous dit : le Corps du Christ, il faut répondre : Amen !( pas merci), mais Amen ! je crois ! C’est vrai ! Il faut communier dignement, cela veut dire aussi qu’il faut s’habiller correctement. Trop souvent on voit des personnes s’approcher de la sainte communion, le haut du corps complètement dévêtu, ou bien vêtues de robes aussi courtes et étriquées que le SMIC. Non ! A force d’irrespect ou de routine, certains finiront un jour par se présenter à moitié nus. Il faut vérifier nos comportements et les rectifier s’il y a besoin.
Il y a le jeûne eucharistique. L’Eglise nous prescrit de rester à jeun une heure avant la communion(pas avant la messe). Les personnes âgées savent qu’autrefois, il fallait rester à jeûn depuis minuit avant la communion du matin .L’Eglise a adouci cette pratique du jeûne eucharistique qui nous ouvre à l’appétit de Dieu.
Il y a la vénération du T-S par le geste de l’inclination ou de la génuflexion. L’un ou l’autre. Mais quand on passe devant le sacrement doit prendre le temps de saluer le Seigneur par l’un ou l’autre de ces gestes. Tout cela, les parents chrétiens l’apprennent à leurs enfants. Il faudrait dire encore bien d’autres choses, mais si nous comprenons tout cela, et bien tout cela est juste et bon. Amen
Révérend Père Gillot