Celui qui lit la Sidra de la Semaine VAYERA ne peut ne pas n'etre frappe par le paradoxe de la foi d'Abraham. D'un cote, lors de la destruction de Sodome et Gommore , Abraham entame avec Dieu un discussion intense que je qualifierai comme un marchandage sur la vie des habitants de ces deux grandes villes: L'Éternel dit: "Comme le décri de Sodome et de Gommorrhe est grand; comme leur perversité est excessive, 21 je veux y descendre; je veux voir si, comme la plainte en est venue jusqu'à moi, ils se sont livrés aux derniers excès; si cela n'est pas, j'aviserai." ... Abraham s'avança et dit: "Anéantirais-tu, d'un même coup, l'innocent avec le coupable? 24 Peut-être y a-t-il cinquante justes dans cette ville: les feras-tu périr aussi et ne pardonneras-tu pas à la contrée en faveur des cinquante justes qui s'y trouvent? 25 Loin de toi d'agir ainsi, de frapper l'innocent avec le coupable, les traitant tous deux de même façon! Loin de toi! Celui qui juge toute la terre serait-il un juge inique?" 26 Le Seigneur répondit: "Si je trouve à Sodome au sein de la ville, cinquante justes, je pardonnerai à toute la contrée à cause d’eux" 27 Abraham reprit en disant: "De grâce! j’ai entrepris de parler à mon souverain, moi poussière et cendre! 28 Peut-être à ces cinquante justes, en manquera-t-il cinq: détruirais-tu, pour cinq, une ville entière?" Il répondit: "Je ne sévirai point, si j'en trouve quarante-cinq" 29 Il insista encore, en lui disant: "Peut-être s'y en trouvera-t-il quarante?" II répondit: "Je m'abstiendrai à cause de ces quarante."
Ainsi ce marchandage continua jusqu'au nombre de dix justes quand il s'avera que meme ce nombre n'etait pas disponible ce qui entraina la condamnation a mort des deux villes.
l'attitude d'Abraham exprime donc la non-acceptation de la decision divine et la mise en doute meme de la moralite divine jusqu'a se heurter avec Dieu.
le grand paradoxe de l'attitude d'Abraham se trouve a la fin de la sidra quand Dieu lui demande de sacrifier, pas plus ni moins, son fils Isaac contre toute logique et contre toute moralite et contre toute justice. Ce meme fils que Dieu decreta envers lui quelques versets avant :
pour tout ce que Sara te dit, obéis à sa voix: car c'est la postérité d'Isaac qui portera ton nom./.
Abraham ne repond pas, il se tait. Il obeit a son Dieu sans poser de question , sans marchandage , sans se heurter a Lui devant ce manque d'injustice , ce contraste flagrant avec l'ethique divine, cette incomprehension de la logique que Dieu Lui-meme a etablit. Y a T-IL un plus grand paradoxe que celui-ci? Pourquoi Isaac le juste patriarche ne jouit-il pas des memes droits que les mecreants de Sodome?
(suite dans le prochain post)