Avant son suicide dans les locaux de la CPAM de . mercredi soir, Thierry Hainaut a envoyé un mail bouleversant et accablant sa direction. Dans ce texte, l’homme dénonce "la mise au placard" dont il se dit victime et accuse sa hiérarchie départementale : "J’ai été tué professionnellement, détruit psychologiquement." écrit-il. Le directeur de la CPAM de ., Claude Humbert, très affecté par ce drame, a accepté de répondre.

Thierry Hainaut vous met directement en cause pour expliquer son geste. Y avait-il un conflit entre vous deux ?

"Non ! Je vous l’assure. Comme il n’a jamais été mis au placard. C’est une idée que je réfute catégoriquement. Nous n’avons pas su lui confier les missions qu’il espérait. Il attendait plus de nous et nous ne l’avons pas vu. C’est un véritable échec pour moi de voir un tel drame. De voir que nous n’avons pas pu l’aider. (NDLR : le directeur s’interrompt, il ne peut plus parler et pleure).

Dans quel état d’esprit vous trouvez-vous ce matin ?

"Je suis directeur et ça s’est passé sur son lieu de travail. Comment voulez-vous que je ne sois pas affecté ? C’est avant tout un drame pour la famille, un vrai drame pour la Caisse. Je suis sous le choc car nous vivons tous un événement terrible. Ça fait très mal. Manifestement, aujourd’hui, je me rends compte que nous avons beaucoup à revoir en terme de communication."

Vous sentez-vous responsable du geste de Thierry Hainaut ?

"C’est un échec pour le directeur que je suis. Un élément nous a échappé alors que nous lui avions fait plusieurs propositions de travail. Nous n’avons pas entendu ses appels au secours. Il espérait un poste que nous n’avons pas su lui donner. Je suis bouleversé et ce n’est pas facile de le cacher (Sa voix se noue encore, NDLR). Nous n’avons pas su voir la juste mesure de son désespoir."
Les CPAM de l'Hérault fermées aujourd'hui

Hier, les bureaux de la caisse primaire d’assurance-maladie de . ont été fermés au public toute la journée.
Ils le seront aujourd’hui encore. Par solidarité et dans un esprit de recueillement, l’ensemble des services de la CPAM de l’Hérault ne prendront pas leur poste et n’accueilleront pas de public.

"C’est ainsi que nous pourrons rendre hommage à notre ami sur notre lieu de travail", nous a confié un de ses collègues de travail. La direction, qui soutient ce mouvement, met aussi en place, et dès ce matin, une cellule psychologique ouverte à l’ensemble des salariés de cette administration, afin qu’ils soient tous pris en charge.

Propos recueillis par J.-P. A.