"LES RÉVÉLATIONS PRIVÉES : UN DISCERNEMENT", par le Père Ovila Melançon !
Les révélations privées - Discernement : P. Ovila Melançon, c.s.c.
Lorsqu’elles sont authentiques, les révélations privées et les visions sont normalement très utiles. En effet, la grâce n’agit que pour notre bien et, quand elle est d’un ordre aussi extraordinaire, elle ne peut agir pour un bien qui soit médiocre.
Cependant si l’illusion est rare et difficile dans la contemplation infuse et même dans les extases, il faut reconnaître qu’elle est plus facile dans les révélations privées. Néanmoins, il est très important de ne pas considérer les œuvres de Dieu comme étant des œuvres diaboliques ; en effet, les révélations divines sont ordonnées au bien spirituel des âmes. Il y a donc un juste milieu à conserver dans leur discernement. Incidemment, ajoutons que les révélations sont moins importantes que l’union mystique à Dieu, et l’union extatique est l’une des étapes élevées de l’union mystique.
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Les révélations privées :Il sera utile de faire une mise au point concernant les révélations. Considérée d’une façon générale, la révélation divine est la manifestation surnaturelle par Dieu d’une vérité cachée. Quand cette manifestation se fait pour le bien de toute l’Eglise, c’est la révélation publique ; quand elle est faite pour l’utilité des personnes qui en sont favorisées ou pour un nombre plus ou moins restreint de fidèles, on l’appelle privée.
Les révélations publiques sont universelles ; elles sont contenues dans l’Écriture Sainte ou dans la Tradition apostolique et elles sont transmises par le Magistère de l’Eglise. Elles ont pris fin avec la prédication des Apôtres et elles sont imposées à la foi de tous les hommes qui parviennent à les connaître. Depuis ce temps, il n’y eut jamais, il n’y aura jamais plus de révélations publiques intéressant et obligeant le monde entier.
Quant aux révélations privées, elles sont destinées à nous réveiller de notre somnolence spirituelle. L’Église officielle les prend parfois sous sa protection, quand elle les voit entourées de certaines conditions.
Néanmoins, cette protection ne va jamais jusqu’à les imposer ; l’approbation qu’elle leur donne ne prétend pas nous dire autre chose sinon qu’elles sont probables et pieusement croyables. Par cette approbation, l’Eglise entend seulement déclarer qu’elle n’y trouve rien de contraire à la foi et aux bonnes mœurs, et qu’on peut les lire sans danger ou même avec édification.
Le pape Benoît XIV a traité avec précision de cette question : « Que faut-il penser, écrivait-il, des révélations privées approuvées par le Saint-Siège ? [...] Il n’est pas obligatoire, ni possible de leur donner un assentiment de foi catholique, mais seulement de foi humaine, conformément aux règles de la prudence, qui nous les présente comme probables et pieusement croyables. »
À ce sujet, le cardinal Pitra apportait un témoignage encore plus explicite : « Chacun sait qu’on est pleinement libre de croire ou non aux révélations privées, même les plus dignes de foi. Même quand l’Eglise les approuve, elles sont reçues seulement comme probables et non comme indubitables.
« Elles ne doivent pas servir à trancher les questions d’histoire, de physique, de philosophie ou de théologie, qui sont controversées entre les docteurs. Il est tout à fait permis de s’écarter de ces révélations, même approuvées, quand on s’appuie sur des raisons solides, quand surtout la doctrine contraire est établie par des documents inattaquables et une espérance certaine. »
Inerrance limitée des révélations privées :On ne peut considérer comme absolue l’inerrance des révélations privées. Au contraire, dans des ensembles de révélations transmises par des saints même canonisés, on découvre ici et là des erreurs : ce qui ne doit pas surprendre, mais nous inviter à la prudence. Ici, il sera utile d’apporter quelques détails, afin de bien clarifier ce problème.
En effet, les voyants peuvent mêler l’activité humaine à l’action surnaturelle ; de plus, les interprétations peuvent être inexactes. Dieu ne donne parfois qu’une demi-intelligence des révélations, qui peuvent aussi être sujettes à des conditions sous-entendues. Il convient donc de se méfier parfois du sens littéral de tels messages.
Pour revenir à Vassula Ryden, il faut se rappeler qu’elle passe souvent d’une langue à une autre, et les traductions peuvent parfois manquer de fidélité intégrale.
De plus, elle indiquait elle-même que JESUS a trois façons de lui dicter ses messages. Parfois, il dicte ses messages mot à mot ; d’autres fois, il lui communique une lumière intérieure qui fait comprendre des choses, qu’elle doit ensuite écrire ; parfois il dicte très vite tout un paragraphe, et elle doit ensuite se « débrouiller » pour le transcrire rapidement. Dans de telles conditions, on peut comprendre qu’il puisse se glisser parfois des termes impropres et même des erreurs.
Comme exemple de mauvaise interprétation, on peut citer le cas de sainte Jeanne d’Arc dans sa prison. Elle disait : « Le plus souvent les voix me disent que je serai délivrée par grande victoire. Et après elles me disent : Ne t’inquiète pas de ton martyre. »
Jeanne d’Arc ne voyait pas le sens véritable de ces prédictions. Elle croyait que le martyre signifiait « la grande peine et adversité qu’elle souffrait en prison », et la « délivrance par grande victoire » la faisait songer à tout autre chose qu’à son supplice, alors qu’il s’agissait de la promesse du Ciel.
Lorsque le but des révélations ou des visions est uniquement d’augmenter l’amour du voyant pour Dieu, le Christ, la Vierge Marie et les saints, aucun problème ne se pose. Mais si leur but est d’instruire le voyant ou d’autres personnes, alors il faut plus de prudence. Sur ce point, il convient d’élaborer davantage.
Lorsque les visions représentent des scènes historiques, comme par exemple celles de la vie ou de la mort de Notre-Seigneur, elles ne le font souvent que d’une manière approximative ; on se trompe en leur attribuant une exactitude absolue.
Cette erreur est compréhensible, car il semble que, dans les visions divines, tous les détails devraient traduire la réalité d’autrefois, pour le paysage, les costumes, les paroles, les gestes, etc. Plusieurs saints ont pensé en effet que l’événement s’était passé de la façon dont il s’est déroulé devant eux.
Cependant Dieu ne trompe pas, quand il modifie certains détails. S’il s’astreignait à une exactitude absolue, il s’abaisserait au rang de professeur d’histoire ou d’archéologie. On chercherait dans les visions la satisfaction d’une vaine curiosité d’érudit ; Dieu a un but plus noble, celui de développer la charité et de sanctifier les âmes.
On a des preuves positives de ces modifications partielles. En effet, quelques saints, en voyant JESUS en Croix, ont aperçu dans ce tableau qu’il n’y avait que trois clous ; d’autres en ont vu quatre.
Ainsi, par exemple, sainte Madeleine de Pazzi, la bienheureuse Varani, la bienheureuse Gerardesca de Pise, Catherine Emmerich, sainte Claire de Montefalco et sainte Véronique Giuliani ont vu trois clous, tandis que sainte Brigitte en a vu quatre. Dieu n’a donc pas voulu trancher par une révélation privée cette question controversée.
Il y a divergence semblable sur la forme de la croix, et sur le fait de savoir si elle a été dressée avant ou après le crucifiement. Certaines stigmatisées ont eu la plaie de l’épaule ; mais les unes à droite, les autres à gauche ; il en fut de même pour la plaie du côté.
Cependant cette réticence ne peut s’appliquer aux livres historiques de l’Ecriture Sainte. En effet, Dieu s’y est précisément proposé de nous indiquer certains faits d’histoire religieuse.
On peut signaler d’autres contradictions historiques dans des visions célèbres, dont l’ensemble pourtant paraît authentique.
Ainsi, Catherine Emmerich dit que la Sainte Vierge mourut treize ans après son Fils ; la sœur Gojoz donne le même nombre. Quant à Marie d’Agréda, elle indique vingt et un ans, quatre mois et dix-neuf jours ; sainte Brigitte, quinze ans ; sainte Elisabeth de Schoenau, un an et demi.
Quant à la résurrection de la Sainte Vierge, Marie d’Agréda dit qu’elle eut lieu trois jours après sa mort ; sainte Brigitte, quinze jour ; sainte Elisabeth de Schoenau, quarante jours ; la bienheureuse Bonomi, trois jours. Voilà d’ailleurs un problème très discuté parmi les théologiens, surtout depuis la promulgation du dogme de l’Assomption.
Il en est de même pour les visions du ciel, du purgatoire et de l’enfer ; Dieu ne fait voir qu’une part de la réalité, qui dépasserait trop notre intelligence. Il a recours à des symboles pour s’adapter à notre nature.
Les saints et les anges apparaissent avec des corps que pourtant ils n’ont pas ; ils sont revêtus de riches costumes, prennent part à des processions ou cérémonies. Tout cela doit être compris d’une façon spirituelle.
Une révélation privée est également suspecte, si elle a pour but de trancher une question disputée de théologie, d’astronomie, etc. Dieu laisse ces discussions à l’esprit humain, parce que nous n’en avons pas besoin pour nous sanctifier.
Il faut comprendre que la seule chose importante devant Dieu est le salut éternel des hommes. Pour le reste, saint Jean de la Croix dit que « l’intention de Dieu est que les hommes aient recours aux moyens humains ».
La révélation est encore douteuse, si elle est banale, se trouvant dans tous les livres de spiritualité, bien qu’elle soit très bonne au point de vue spirituel. Dieu n’emploierait pas de si grands moyens pour un résultat si minime.
Il est plutôt probable alors que le voyant répète, sans en prendre conscience, ce qu’il a appris dans ses lectures. Les révélations privées sont comme les miracles : elles n’ont pas lieu sans un motif très sérieux. Elles sont l’œuvre non seulement de la puissance de Dieu, mais aussi de sa sagesse.
Quelques auteurs considèrent aussi comme suspecte la connaissance surnaturelle des vices et péchés d’autrui, parce qu’on est exposé ainsi à manquer à la charité, à montrer du mépris ou de la répulsion pour certaines personnes. Toutefois, le jugement à porter dépend des circonstances.
On doit, en effet, attribuer cette connaissance soit à Dieu, soit au démon ; saint Jean de la Croix a écrit que « Dieu montre quelquefois aux saintes âmes les nécessités du prochain, pour les engager à y remédier et à fléchir le ciel en sa faveur ».
Cette utilité apparaît clairement chez les saints, assez nombreux, qui avaient la connaissance des secrets des cœurs. Ils aidaient ainsi les âmes à se réformer. Saint Joseph de Cupertino, sainte Catherine de Sienne, sainte Madeleine de Pazzi jouissaient habituellement de ce charisme, au point que souvent on ne se hasardait pas à les approcher sans avoir d’abord purifié sa conscience. Par contre, souvent aussi cette connaissance des péchés d’autrui est une pure illusion de l’imagination.
La révélation peut encore pousser à une entreprise déterminée, comme établir une nouvelle dévotion, fonder une nouvelle congrégation religieuse, corriger le relâchement d’un certain groupe de personnes, bâtir un sanctuaire, créer une œuvre pour laquelle on n’a pas les ressources suffisantes. C’est surtout ici que la prudence et même la défiance sont nécessaires.
Dans ces cas, il faut examiner si l’œuvre est bonne en soi et conforme à l’esprit de l’Église ; utile, et d’une utilité qui justifie un moyen aussi exceptionnel qu’une révélation ; opportune, c’est-à-dire voir si elle répond à un besoin nouveau, ou si elle ne nuit pas à une œuvre analogue, qu’il serait préférable de soutenir.
En somme, l’affaire doit être examinée à la sage lumière de la raison, soumise à des personnes prudentes et compétentes. Le seul rôle de la révélation aura été de suggérer une idée ; elle est seulement l’occasion des décisions que l’on prend.
En fait, l’Église n’a jamais procédé autrement pour instituer, par exemple, certaines fêtes ou dévotions ayant leur point de départ dans une révélation. La révélation elle-même demeure ainsi à l’état de pieuse croyance, n’ayant rien d’obligatoire. Ce qui en est sorti est utile aux âmes, et c’est ce que l’Église recherche.
Les révélations doivent aussi s’accorder pleinement avec les dogmes et les enseignements de l’Église, et avec les affirmations certaines de l’histoire et des sciences.
De même, la révélation ne doit être accompagnée d’aucune action contraire aux bonnes mœurs et à la décence. De plus, tous les détails qui accompagnent la vision : attitudes, gestes, paroles, etc., doivent être conformes à la dignité et au sérieux qui conviennent à la Majesté divine.
Quand les anges ou les saints se manifestent en prenant un corps apparent, jamais ce corps ne renferme de membres difformes ou d’aspect bestial. Ce serait indigne d’eux.
Les formes d’animaux ne se sont rencontrées que dans des cas très différents, c’est-à-dire les visions symboliques, comme celles des quatre animaux d’Ezéchiel et de saint Jean ; on en a donné d’ailleurs des explications allégoriques très rationnelles.
Au contraire, quand le démon apparaît à ceux qui l’invoquent, il se plaît à prendre des formes repoussantes ; il mélange le type humain avec celui des animaux les plus vils.
Si les révélations ou visions sont nombreuses, cette circonstance, prise isolément, ne constitue pas un signe défavorable. En effet, on ne peut apporter a priori, pour l’opinion contraire, aucun argument solide.
Autrement ce serait condamner une foule de saints, qui ont eu une abondance prodigieuse de révélations.
À ce sujet, on peut citer sainte Brigitte, sainte Gertrude, sainte Françoise Romaine, sainte Catherine de Sienne, sainte Marguerite-Marie, la vénérable Agnès de Langeac, la vénérable Marine d’Escobar, saint Ignace, etc.
Plusieurs ont laissé des volumes considérables, où pourtant tout n’est pas consigné. Cependant un danger guette les personnes qui ont beaucoup de révélations, c’est celui de devenir négligentes à les bien discerner.
Les révélations annonçant des châtiments :À ce sujet, il est nécessaire d’apporter quelques précisions théologiques, qui sont relativement peu connues, même parmi les membres du clergé. Il est important de savoir que les révélations annonçant des châtiments futurs doivent toujours être considérées comme étant conditionnelles.
Cela signifie que ces châtiments ne se réaliseront que s’il n’y a pas un nombre suffisant de pécheurs qui se convertissent, ou s’il n’y a pas un nombre suffisant d’âmes ferventes qui expient pour les autres.
Même si elle est authentique, la révélation annonçant un châtiment ne se réalise pas toujours. En effet, les prières, les sacrifices peuvent modifier le résultat de la menace et obtenir la miséricorde divine au lieu du châtiment. En ce cas, la révélation annonçant un châtiment indique ce qui arriverait, si les dispositions de causes à effets n’étaient pas modifiées par la libre intervention des hommes, postérieurement à l’annonce du châtiment.
La révélation annonçant un châtiment n’est donc pas mensongère, si elle ne se réalise pas. En effet, les événements peuvent se produire autrement qu’ils ont été prédits, car la révélation prophétique ne reproduit de la prescience divine que la connaissance du rapport entre les causes et leurs effets, et les causes peuvent changer.
C’est pourquoi la prophétie de Jonas annonçait aux Ninivites la vérité, et Dieu ne s’est pas trompé et il n’a pas trompé. Les dispositions des Ninivites appelaient de soi une sévère punition de la part de Dieu, qui était décidé à la décerner s’ils ne s’amendaient pas. Que les Ninivites, effrayés par cette menace, se soient convertis, et que dès lors Dieu n’ait pas eu à les punir, cela ne change rien à la vérité de l’oracle précédent.
Cet oracle énonçait la nécessité morale d’un châtiment prochain, mais il n’annonçait pas comme certaine sa réalisation effective. Jonas ne savait pas si réellement Ninive serait détruite, et cette certitude ne lui était pas donnée par l’Esprit-Saint, dont il n’était que l’instrument.
Saint Vincent Ferrier nous offre un autre exemple de conditions sous-entendues dans les prophéties de menace. Il employa les vingt et une dernières années de sa vie (1398-1419), à annoncer que la fin du monde était prochaine.
Il l’avait apprise par une vision très claire, énoncée sans condition, dont il prouvait la vérité en semant partout les miracles. On en compte déjà plus de 3 000, de son propre aveu, lorsqu’il alla prêcher à Salamanque, en 1412. Cependant cette prophétie, si bien appuyée, ne s’est pas réalisée. On explique ce fait en disant qu’elle était conditionnelle.
L’époque du Grand Schisme d’Occident méritait sans doute comme châtiment la fin du monde. Mais ce malheur a été évité par les conversions en masse que les menaces du saint et ses miracles produisirent dans toute l’Europe, chez les catholiques, les hérétiques, les juifs et les musulmans. Dans sa biographie du saint, le père Fages, O.P. écrivait : « La prédication de Jonas a sauvé Ninive ; la prédication de Vincent Ferrier a sauvé l’univers. »
Voilà deux cas de prophétie comminatoire authentiques, mais les fausses abondent, surtout aux époques de grands troubles religieux ou politiques, parce qu’alors les imaginations sont surexcitées ; c’est pourquoi il ne faut pas trop facilement verser dans la crédulité.
Ainsi, au XIIIe siècle, saint Bonaventure se plaignait d’entendre à « satiété » des prophéties sur les malheurs de l’Église et la fin du monde. À la fin du XIVe siècle et au début du XVe, les voyants surgissaient de partout.
Gerson, qui assista au concile de Constance où l’on mit fin au Grand Schisme et à la lutte des trois papes rivaux, dit qu’il y eut un nombre incroyable d’hommes saints et mortifiés qui, à cette époque, eurent de fausses révélations, et il ajouta : « Beaucoup d’entre eux croyaient avoir appris par révélation, et avec certitude, qu’ils seraient chacun le futur pape. »
Au commencement du XVIe siècle, il y eut en Italie une véritable épidémie de prophéties politico-religieuses. Cette effervescence avait eu pour point de départ les précisions faites à Florence par Savonarole. Des religieux, des ermites, se répandaient de tous côtés et, commentant l’Apocalypse, annonçaient en chaire ou sur les places publiques des révolutions dans le gouvernement temporel et spirituel, et ensuite la fin du monde. Dans le Ve concile de Latran, en 1516, Léon X fut obligé de publier une bulle pour interdire les prophéties publiques de prédicateurs.
Le XXe siècle ne le cède en rien aux précédents. De temps en temps, nous entendons des voyants annoncer des malheurs pour notre monde. Certains de ces personnages peuvent être sérieux, mais après avoir vérifié l’authenticité de leurs révélations, en autant qu’il est possible de le faire, il faut ensuite les considérer comme étant seulement « conditionnelles »...
Attitude des fidèles :Devant certaines contestations de la personne et des écrits de Vassula Ryden, plusieurs peuvent demeurer perplexes et se demander quelle attitude ils peuvent ou doivent prendre. Voilà un point très important qu’il est absolument nécessaire d’élucider. En effet, l’ignorance à ce sujet est presque géniale, même dans le clergé, à tous les paliers.
La conscience de plusieurs partisans de Vassula Ryden se trouvera rassurée, en sachant que plusieurs théologiens soutiennent que les personnes favorisées de révélations privées et les autres personnes à qui elles peuvent s’adresser, peuvent y croire d’une foi véritable, à la condition qu’elles aient des preuves certaines de leur authenticité.
Il est normal et inévitable que l’Église tarde à se prononcer officiellement sur l’authenticité des révélations privées, dans le sens indiqué précédemment, c’est-à-dire en autant qu’elles sont probables et pieusement croyables. En attendant ce long retard inévitable, et tout à fait conforme à la prudence, chacun peut se former une opinion personnelle, en se basant évidemment sur des critères sérieux. En pareilles conjonctures, les autorités religieuses n’ont aucune raison de s’offusquer d’une telle attitude.
Conclusion :En signalant la possibilité d’erreurs dans la perception ou dans l’interprétation des révélations privées, il faudrait absolument éviter de conclure que les personnes qui jouissent vraiment d’une telle faveur divine se trompent toujours ou même souvent.
Il faut donc ne pas rejeter sans un examen impartial toutes les révélations.
La prudence et la sagesse résident dans un juste milieu : on ne doit y croire ou les rejeter que si l’on a des preuves sérieuses ; autrement, il faut ne pas se prononcer et laisser ce jugement à des prêtres compétents en théologie ascétique et mystique.
*Père Ovila Melançon (Congrégation de la Sainte-Croix)
SOURCE : « JESUS appelle Sa Messagère », F.-X. de GUIBERT, Paris 1994, pp. 21-34.
** Le Père Ovila a publié plus de cinquante ouvrages théologiques, dont beaucoup sont consacrés à des problèmes de discernement spirituel. Après avoir été professeur de philosophie, il collabore à de nombreuses revues religieuses et accompagne plusieurs groupes charismatiques.