Rencontre entre le Pape et des victimes d'abus sexuels au Vatican
2014-07-07 Radio Vatican
Lundi matin, le Pape François a rencontré au Vatican un groupe de six victimes de prêtres pédophiles, trois hommes et trois femmes, venus d'Irlande, d'Allemagne et du Royaume-Uni. Ce type de rencontres est une première au Vatican : Benoît XVI avait rencontré plusieurs fois des victimes d’abus sexuels pendant ses voyages apostoliques mais c’est la première fois qu’une telle rencontre a lieu au Vatican même.
Les six victimes sont arrivées dimanche soir à la résidence Sainte-Marthe au Vatican, où le Pape vit depuis son élection. Lundi matin, elles ont participé à la messe du Saint-Père à la chapelle Sainte-Marthe, avec les membres de la Commission pontificale pour la protection des mineurs. Le Pape a prononcé une homélie en espagnol, avant de petit-déjeuner avec elles. Chaque victime d'abus sexuels a ensuite eu un entretien personnel avec le Pape. François a passé quasiment toute la matinée (près de 3h30) à écouter ce que les victimes avaient à lui dire.
Nouvelle réunion de la commission anti-pédophilie
Dimanche, la commission pontificale pour la protection des mineurs mise sur pied par le Pape François avait tenu sa deuxième réunion. La première avait eu lieu il y a deux mois, début mai et la prochaine aura lieu en octobre. Composée aujourd'hui de huit membres, dont plusieurs laïcs et une victime d'abus sexuels, et dirigée par le cardinal américain Sean O'Malley, cette commission va s'élargir à de nouveaux membres afin de représenter de nouvelles zones géographiques.
Cette commission s’est donné pour objectif de créer des processus transparents, pour lutter contre les abus sexuels où que ce soit dans le monde, à travers l’échange de « meilleures pratiques » pour protéger efficacement les enfants
« Il n'y a pas de place dans l'Eglise pour ceux qui commettent les abus sexuels »
2014-07-07 Radio Vatican
Lundi matin, le Pape a célébré la messe en la chapelle Sainte-Marthe devant six victimes de prêtres pédophiles venus d'Allemagne, d'Irlande et du Royaume-Uni, et devant les membres de la commission pontificale pour la protection des mineurs. Dans son homélie, le Pape François a condamné fortement « les crimes et les graves péchés » commis par « des prêtres et des évêques qui ont violé l'innocence de mineurs et leur propre vocation sacerdotale. [...] Je demande la grâce de pleurer devant les actes exécrables d'abus perpétrés contre des mineurs » a-t-il ajouté. « Depuis longtemps, je sens dans mon cœur une douleur profonde, une souffrance, tant de temps cachée, dissimulée avec une complicité qui n'a pas d'explication, jusqu'à ce quelqu'un sente le regard de JESUS, et un autre la même chose, et un autre la même chose... et ils ont eu le courage de soutenir ce regard » a développé le Pape, sortant par moment du texte qu'il avait écrit.
François est parti de l'image de Pierre qui, après avoir renié JESUS, croise son regarde et pleure : « aujourd'hui, votre regard m'arrive au cœur, a dit le Pape, celui de tant d'hommes et de femmes, de garçons et de filles ; je sens le regard de JESUS et je demande la grâce de pleurer, la grâce que l'Eglise pleure et répare pour ses fils et filles qui ont trahi leur mission et qui ont abusé de personnes innocentes ». En parlant de ces abus, François a précisé que ce sont « plus que des actes répréhensibles, c'est un comme un culte sacrilège car ces enfants ont été confiés au charisme sacerdotal pour être amenés vers Dieu, et eux les ont sacrifiés à l'idole de leur concupiscence [...] Il n'y a pas de place dans le ministère de l'Eglise pour ceux qui commettent ces abus » a-t-il affirmé sans détour.
« Votre témoignage a été un service d'amour »
Conscient des blessures laissées par de tels actes, le Pape François a alors explicitement demandé pardon, « pardon aussi pour les péchés d'omission des responsables de l'Eglise qui n'ont pas répondu correctement aux dénonciations d'abus. [...] Cela amène une souffrance supplémentaire à ceux qui ont été abusés et a mis en danger d'autres mineurs qui étaient en situation de risque. D'autre part, le courage que vous et d'autres ont démontré en disant la vérité a été un service d'amour en nous apportant de la lumière sur une terrible obscurité dans la vie de l'Eglise ».
François a aussi remercié ces victimes de leur présence au Vatican lundi matin : « votre présence, ici, parle du miracle de l'espérance qui prévaut contre la plus profonde obscurité. C'est sans aucun doute un signe de la miséricorde de Dieu qu'aujourd'hui nous ayons l'opportunité de nous rencontrer, d'adorer Dieu, de nous regarder dans les yeux et de chercher la grâce de la réconciliation ».
S'assurer la meilleure protection des mineurs possible
Aux familles qui ont dû souffrir également de la « terrible tragédie du suicide d'un être cher » après les blessures laissées par les abus sexuels, le Pape a voulu leur offrir ses « sentiments d'amour et de douleur : « vous et tous ceux qui ont souffert d'abus de la part du clergé sont aimés par Dieu ».
Enfin, le Pape a tenu à s'engager à « ne plus tolérer de personne le mal infligé à un mineur, indépendamment de son statut clérical. [...] D'autre part, nous serons aussi vigilants dans la préparation pour le sacerdoce. Je compte sur les membres de la Commission pontificale pour la protection des mineurs, de tous les mineurs, appartenant à n'importe quelle religion, ce sont des petits que Dieu regarde avec amour ». François a demandé l'appui des victimes présentes à la messe pour « s'assurer que nous disposions des meilleures politiques et procédures dans l'Eglise universelle » pour protéger les mineurs.