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 L’évolution de la langue

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ERFJSM
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ERFJSM

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R E L I G I O N : Jésus est la seule vérité

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MessageSujet: L’évolution de la langue    L’évolution de la langue  Icon_minipostedJeu 03 Mai 2012, 6:23 am

L’évolution de la langue

Une première raison est évidente : c’est l’évolution de la langue et le vieillissement de toute traduction. Sur les quelque 400 versions bibliques mentionnées tout à l’heure, plus des neuf dixièmes s’éliminent d’emblée parce que leur langage ne correspond plus au nôtre.

Dans la Bible d’Olivétan, qui a nourri les hommes et les femmes de la Réforme, le Ps 23 se lit : « Le Seigneur est mon pasteur, je n’aurai faute de rien. Il me faict reposer es pasquiers herbeux, il me meine auprès des eaux quoyes. Il refectionne mon âme …  Tu appareilleras la table devant moy, présent ceulx qui me tormentent, tu engraisseras mon chef de oingnement, et ma couppe est remplie a comble… »

Cette version a été révisée de nombreuses fois du vivant de l’auteur et des Réformateurs. D’innombrables révisions ont eu lieu au cours des siècles suivants.

Luther lui-même a constamment révisé et retravaillé sa propre traduction. D’ailleurs, si sa version n’avait pas été révisée un grand nombre de fois au cours des siècles, personne ne la comprendrait plus. La version Segond, qui reste la plus répandue en France, date de 1880. Elle a été révisée en 1910, mais on n’y a pas apporté beaucoup de changements. Dans cette version, les archaïsmes abondent : « nous nous mîmes à genoux et nous priâmes, nous partîmes et nous arrivâmes… » (#Ac 21.5-8) ; plus personne n’emploie le passé simple à la première personne du pluriel. On y trouve : « … afin que je l’annonçasse …  que nous reçussions l’adoption » (#Gal 4.5). Les versions synodale, Jérusalem et Maredsous comme Segond, emploient régulièrement l’imparfait du subjonctif dont Le bon usage de Grévisse dit qu’il « ne s’emploie plus dans la langue parlée » et que « la langue écrite aussi le remplace par le présent ».

Les pièges du vocabulaire

Une autre difficulté liée au vocabulaire c’est l’emploi, par la plupart des traductions, de mots qui, soit ne sont plus compris par nos contemporains, soit-ce qui est plus grave-sont compris dans un sens différent.

Dans la première catégorie figurent tous les termes spécifiquement théologiques : repentance, justification, sanctification, rédemption, propitiation, iniquité … 

Prenez un passage capital pour la justification par la foi : #Rom 3. 23-26, et lisez-le dans la version Segond. Les mots théologiques y abondent : « gloire, grâce, justifiés, la rédemption qui est en JESUS-Christ. C’est lui que Dieu a destiné par son sang, à être pour ceux qui croiraient victime propitiatoire… »

Il y a fort à parier que si l’on demandait à un Français moyen : « Comprends-tu ce que tu lis ? », il réponde comme ce ministre éthiopien : « Comment le pourrais-je si quelqu’un ne me guide ? » (#Ac 8.30-31).

Heureusement, le Saint-Esprit fait souvent cet office de guide. On a dit en pédagogie : « On n’a pas encore trouvé la méthode qui puisse empêcher un enfant intelligent d’apprendre à lire ». On peut transposer : « Il n’existe pas de traduction biblique qui puisse empêcher quelqu’un qui cherche sincèrement de trouver le salut ». Mais notre tâche est de lui faciliter le plus possible cette recherche en ôtant du moins les obstacles les plus gros.

Une deuxième catégorie de mots comprend des termes qui ont pris peu à peu un sens différent : les saints, la piété, un mystère, la justice. Certains de ces mots étaient (peut-être) encore compris dans leur sens biblique à la fin du siècle dernier lorsque Louis Segond a fait sa traduction, mais ils ont changé de sens. Lorsque JESUS-Christ est appelé « le chef et le consommateur de la foi » (#Hé 12.2), le mot chef n’a plus le sens de tête (sauf dans : couvre-chef) ou d’initiateur, et consommateur a pris un sens complètement différent. Pour faire comprendre ce que voulait dire l’auteur, il faut traduire : « JESUS, qui nous a ouvert le chemin de la foi et qui la porte à la
perfection. »

De même, le verbe consommer ne se comprend plus lorsqu’il est dit du méchant qu’il « consomme son iniquité » (#Ps 36.3) ou « celui qui se mord les lèvres a déjà consommé le mal » (#Pr 16.30).

Le mot scribe évoque pour nous scribouillard, ou, éventuellement, celui qui est chargé de recopier des textes, mais cela ne correspond pas à la fonction des scribes au 1er siècle ; en fait, c’étaient des interprètes de la Loi. De même, le sacrificateur faisait bien plus que sacrifier des animaux ; le mot prêtre convient mieux à sa fonction.

Les mots spécifiquement ecclésiastiques évoquent autre chose qu’au 1er siècle : évêque, diacre, confesser ses péchés, la charité. Le mot ancien signifie chez nous seulement vieux. C’est pourquoi, dans la BS (Bible du Semeur), nous avons traduit ces mots par dirigeant, assistant, responsable, avouer ses péchés, l’amour … 

Dans beaucoup de traductions-même récentes-on trouve encore des mots comme cupidité, concupiscence, résipiscence, fornication …  qui ne sont plus employés-donc plus compris ; certaines images comme se revêtir d’entrailles de miséricorde (#Col 3.12), fermer ses entrailles à quelqu’un (#1Jn 3.17) rebutent le lecteur actuel.

Dans la version T. O. B., Ac 10.31 se lit : « Ta prière a trouvé audience, Corneille, et de tes largesses, la mémoire est présente devant Dieu ». Est-ce volontairement que cette version actuelle fait parler l’ange comme un personnage du 17e siècle ? Segond et la plupart des autres versions commencent le récit de la conversion de Saul de Tarse par ces mots : « Saul, respirant encore la menace et le meurtre, (ou : et le carnage, et les tueries) ». Or, en français, respirer ne s’emploie pas au sens figuré. C’est pourquoi la BFC (Bible en français courant) a traduit : « ne cessait de menacer de mort » et la BS : « qui ne pensait qu’à menacer et à tuer les disciples du Seigneur ».

Certains dictionnaires ne contiennent plus le mot repentance, d’autres lui accolent l’épithète : vieilli ou archaïque.

D’autre mots ne couvrent pas de notions très précises pour nos contemporains : publicain, pharisien, sadducéen, lévite, ourim et toummim ; un lexique devra les expliquer. L’holocauste évoque une autre réalité pour nous que le mot biblique. L’arche de Noé n’a rien de commun avec l’arche de l’alliance-pour laquelle il vaut mieux dire : le coffre de l’alliance.

« Le langage évolue plus rapidement aujourd’hui que par le passé et nous voyons certains mots changer de sens au courant de notre vie » (Walker).

L’homme du 20e siècle, élevé dans une tradition païenne, ne comprend plus la langue de Calvin ou même celle des hommes du 19e siècle qui vivaient encore « en chrétienté ».

La préface du Twentieth Century New Testament déclare : « Retenir une forme d’anglais qui n’est plus en usage c’est donner l’impression que le contenu de la Bible a peu affaire avec la vie actuelle ». Or, c’est exactement cette impression que beaucoup de nos contemporains ont effectivement. S’ils ouvrent la Bible dans une version traditionnelle, ils se trouveront confirmés dans leur idée.

Le pape Jean-Paul II disait dans une allocution du 23 avril 1993 que « l’enracinement (du texte biblique) dans une culture ancienne provoque plus d’une difficulté. Il faut donc sans cesse retraduire la pensée biblique dans le langage contemporain pour qu’elle soit exprimée d’une manière adaptée aux auditeurs. » (L’interprétation de la Bible dans l’Église p. 15).

J. Boyer rappelle que Luther voulait retirer la Parole de la sacristie et la rendre au peuple. Mais sa version et la King James sont devenues des antiquités vénérables, des « Bibles empaillées ». « Il nous faut des Bibles vivantes, écrites dans la langue vivante d’aujourd’hui. »

Ainsi la première raison pour réviser des versions et en faire de nouvelles est le souci de présenter aux lecteurs un texte dans la langue d’aujourd’hui, en « français courant » ou « actuel », sans vocabulaire ou syntaxe archaïque, sans phrases interminables avec une multiplicité de subordonnées ou de formules alambiquées, une Bible qui se lise comme un article d’un bon journal de notre temps ou d’une revue actuelle. En Allemagne, des journalistes ont refait une traduction du Nouveau Testament dans leur langue. Les versions suivantes s’en sont beaucoup inspiré. La première édition de « Bonnes Nouvelles aujourd’hui » (BFC) portait sur la couverture l’image d’une rotative imprimant un journal. Le grand écrivain-philosophe anglais C. S. Lewis disait : « Si déjà nous devons avoir une traduction, il nous faut des retraductions périodiques » et A. Chouraqui : « Un mot change de signification tous les 25 ans. » Or, dans beaucoup de versions, le vocabulaire est resté figé parce qu’il est sacré.

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