Restructurations et reformulations
Parfois, il faut reformuler l’ensemble d’un verset pour le rendre plus compréhensible.
Dans #2Co 7.1, Segond traduit : « Purifions-nous de toute souillure de la chair et de l’esprit en achevant notre sanctification dans la crainte de Dieu ». La Col a compris que le mot sanctification risquait de poser des problèmes et a remplacé par « en développant jusqu’à son terme la sainteté dans la crainte de Dieu ». Mais d’autres mots et d’autres pensées qu’ils suggèrent risquent de faire problème. Qu’est-ce que la souillure ? La chair dont il est question, est-ce notre nature pécheresse ? Mais peut-on la sanctifier ou en purifier la souillure ? La mention de la crainte de Dieu veut-elle nous suggérer que la peur du châtiment divin doit inspirer nos efforts de sanctification ? Pouvons-nous achever notre sanctification ou même développer la sainteté jusqu’à son terme ?
Les traductions à équivalence fonctionnelle de ce verset sont plus compréhensibles : « Purifions-nous de tout ce qui salit le corps ou l’âme et efforçons-nous d’être parfaitement saints en vivant dans le respect de Dieu » (BFC), « de tout ce qui salit le corps et l’esprit pour mener ainsi une vie pleinement consacrée au Seigneur dans le respect de Dieu » (BS).
Nous avons déjà signalé la traduction strictement littérale de #1P 3.21. La traduction des versets précédents dans une version à équivalence formelle n’aide pas beaucoup plus le lecteur à comprendre ce passage difficile : « Christ a été mis à mort quant à la chair, rendu vivant quant à l’Esprit, dans lequel aussi il est allé prêcher aux esprits en prison, qui autrefois avaient été incrédules, lorsque la patience de Dieu se prolongeait, aux jours de Noé, pendant la construction de l’arche, dans laquelle un petit nombre de personnes, c’est-à-dire huit, furent sauvées à travers l’eau ».
Les problèmes que pose cette traduction sont nombreux. Quel est le sens du mot chair ici parmi les huit sens que nous avons relevés au chapitre 4 ? Qui sont ces « esprits en prison » ? L’interprétation habituelle de ce verset y voit une allusion à la doctrine de la « descente aux enfers » du Christ, entre Vendredi saint et Pâques. Mais cette doctrine est apparue assez tardivement dans l’Eglise et n’a pas d’appuis scripturaires bien solides. Elle est généralement interprétée dans le sens d’une prédication de Christ à ceux qui n’avaient pas entendu son message ou d’une proclamation de sa seigneurie. Mais ce n’est pas ce que dit ce texte. Il parle d’une prédication aux esprits « qui autrefois avaient été rebelles », donc qui déjà avaient entendu le message de la grâce, mais l’avaient refusé. Parmi ces rebelles, ce sont ceux du temps précédant le déluge qui auraient été choisis pour entendre cette prédication. Pourquoi eux ?
La formulation de la BS repose sur une interprétation du texte, mais une interprétation appuyée sur l’exégèse d’un grand nombre de théologiens évangéliques. Dans 1.11, parlant des prophètes de l’ancienne alliance, Pierre disait que « l’Esprit du Christ était en eux », dans #2P 1.21 que « c’est poussés par le Saint-Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu ». Dans #2P 2.5, il appelle Noé un « prédicateur de la justice ». C’est donc en plein accord avec la pensée de Pierre que l’on peut traduire : « Par cet Esprit, il (le Christ) avait déjà prêché … alors que Dieu faisait preuve de patience pendant que Noé construisait l’arche ». A qui l’Esprit du Christ avait-il prêché ? « Aux hommes maintenant prisonniers du séjour des morts qui autrefois s’étaient montrés rebelles ». Une note donne comme autre traduction possible : « c’est alors (ou ainsi) qu’il est allé proclamer sa victoire aux esprits célestes en prison. »
Aucune de ces traductions ne contredit, comme les versions littérales, la déclaration de #Hé 9.27 : « Le sort de tout homme est de mourir une seule fois-après quoi il est jugé par Dieu » ; elles s’harmonisent, au contraire, avec les autres déclarations de la Parole de Dieu.