Date d'inscription : 23/09/2008 Messages : 5161 Pays : FranceR E L I G I O N : VÉRITÉ* AUTHENTICITÉ
Sujet: Algérie: La sagesse assassinée il y a vingt ans ! Ven 29 Juin 2012, 7:51 am
Mohamed Boudiaf president de l’Algérie, assassiné il y a vingt ans, disait:
" Observons les nations développées : en quoi nous ont-elles dépassés ? Elles nous dépassent par la connaissance"
Comme quoi à son retard reconnu à l'époque par ce Président, l'Algérie a encore perdu vingt ans !
Le père de mon épouse est aussi de M'sila: il a étudié à ses cotés.
Reste toujours des incertitudes sur sa mort comme l'évoque ici son fils Nacer:
Spoiler:
El Watan le 27.06.12
Voilà déjà vingt ans que habitué à frapper dans le dos, le système, par soldat interposé, un membre du Groupe d’intervention spéciale, nous dit-on, muni d’un ordre de mission isolé de son groupe, a été chargé d’exécuter ton lâche assassinat, le 29 juin 1992, qualifié d’«acte isolé», par la justice algérienne.
Depuis lors, beaucoup d’encre et de sang ont coulé en Algérie. Avec de l’encre, je n’ai pas cessé d’interpeller, dans des lettres ouvertes publiées par nos quotidiens nationaux, tous les responsables algériens au sommet de l’Etat, au moment de «l’acte isolé». Je leur ai écrit pour rejeter la théorie de l’acte isolé et pour revendiquer la vérité. Je n’ai jamais eu de réponse. J’ai même publié, en juin 2011, un livre sur la question. Je n’ai jamais eu de réponse. Mais depuis lors, certains ont tiré leur révérence. Tout récemment, le premier président de l’Algérie indépendante est venu te rejoindre au cimetière d’El Alia, mais sa tombe a été creusée sur le côté opposé à celui de la tienne. C’est normal, dans toute ta vie, Ben Bella n’a jamais été de ton côté, mais toujours du côté opposé. N’a-t-il pas eu l’indécence de t’envoyer, en plein mois de juin 1963, dans un fourgon à Adrar, pour t’enterrer vivant dans une cave, alors que tu l’avais très décemment reçu à la présidence de la République.
Quelques mois avant sa mort, c’était au tour du défunt général Larbi Belkheir, ministre de l’Intérieur, le général Smaïl Lamari, le général major Mohamed Lamari, tous responsables et dirigeants influents, au moment de «l’acte isolé», ont quitté ce monde. Ils sont certainement dans un monde où l’assassinat, l’injustice et l’acte isolé n’ont pas de place ni de protecteur. Sur un autre registre, notre armée ne veut plus de l’appellation «Grande muette», mais elle ne parle jamais de ton assassinat. Sur ce sujet, elle demeure parfaitement muette. Mais pour faire exception, le général Khaled Nezzar a publié récemment un livre, dont un chapitre t’est consacré. Je t’en ai choisi ces passages : «Lorsque, le 29 juin 1992, le général Toufik me téléphona pour m’apprendre qu’on venait d’attenter aux jours de Mohamed Boudiaf, un grand froid me saisit, puis un vertige… Pourquoi aurions-nous tué Mohamed Boudiaf ?… Lorsque les prisonniers de Serkadji s’étaient révoltés, tous les responsables, je dis bien tous, n’eurent qu’un souci : préserver la vie de Lembarek Boumaârafi, l’assassin. Et pour cause.» Nous voilà donc édifiés. Ce passage nous informe que c’est le général Toufik qui téléphona au général Nezzar pour lui apprendre qu’on venait de commettre «l’acte isolé».
Aussi, le général Khaled Nezzar, au nom de l’armée, s’interroge : «Pourquoi aurions-nous tué Mohamed Boudiaf ?» La question reste entière. Mais le plus terrible, dans ce passage, c’est qu’il nous apprend qu’à la mutinerie de Serkadji, tous les responsables – je dis bien tous – n’avaient qu’un souci : préserver la vie de ton présumé assassin. J’espère que dans son prochain livre, il nous répondra à la question : pourquoi tant de soucis des responsables pour préserver la vie de ton présumé assassin et pas le moindre effort pour préserver celle du chef de l’Etat à Annaba. Quelques efforts auraient peut-être pu t’éviter de subir une rafale d’une quarantaine de balles, dans le dos, à ton âge ; alors que tu n’avais jamais demandé à venir occuper le fauteuil tant convoité. Ou alors, comme il est ironiquement colporté dans les milieux populaires : «C’est un système qui protège l’assassin et non la victime.»
Des éclaircissements à ce sujet seront les bienvenus, car le peuple est avide de connaître la vérité. Par ailleurs, une pétition-test vérité a été lancée par mes soins, sur la Toile, en février dernier. Elle a eu plus d’un millier de signatures en quelques jours, malgré toutes les embûches savamment orchestrées par le système pour la bloquer. Cependant, il y a lieu de t’avouer que dans mon livre, je n’ai pas été «tendre» avec tes amis, notamment Ali Haroun et Ahmed Djebar. C’est Ali Haroun lui-même qui s’en est plaint, à l’un de nos médias. Alors que l’année dernière, il a déclaré que ton assassinat est un «acte isolé», il a même changé la date de la commémoration, quelle prouesse ! Il pensait peut-être que les instigateurs de «l’acte isolé» ont été tendres avec toi en te fracassant le dos, le crâne, le thorax et les jambes avec des grenades et des rafales. Bien sûr, je ne m’attends pas à ce que Ali Haroun ait un cœur tendre pour avoir des remords de t’avoir livré à une fin aussi tragique, qui ne fait que peser la suspicion sur les maîtres de Ali Haroun.
Pour sa part, M. Ghozali, Premier ministre au moment de «l’acte isolé», quelques jours avant la campagne électorale du 10 mai, avait proposé ses services pour répondre, entre autres, de l’assassinat de Mohamed Boudiaf. Lui qui m’avait accusé de faire de ton sang un fonds de commerce, je lui ai alors rappelé que le sang de Boudiaf n’est ni à vendre ni à acheter et que s’il était achetable, ses assassins ne lui auraient pas réservé toute une rafale – qui ne leur a rien coûté – mais coûté beaucoup aux Algériennes et Algériens qui avaient vu en toi l’espoir. Par ailleurs, l’Algérie s’apprête à célébrer le 50e anniversaire de «l’indépendance confisquée», quelques jours après le 20e anniversaire du jour où le système a décidé de te confisquer la vie. On va danser et chanter. On va faire éclater des feux d’artifice pour avoir réussi à confisquer l’indépendance au peuple et à confisquer la vie de l’homme qui a rédigé l’Appel du 1er Novembre 1954, préparé la réunion des 22 et coordonné les préparatifs du déclenchement de la révolution. Pour revenir au fameux livre du général Nezzar, il me semble opportun de te faire part de ce passage : «On a dit que l’assassinat de Mohamed Boudiaf a été commandité par une mafia politico-financière craignant les foudres de l’Incorruptible venu au pouvoir… Le président Boudiaf s’était rendu à l’évidence que la corruption n’était pas le fait de quelques ‘’barons’’ du système retranchés dans des redoutes inexpugnables, mais le résultat de la dévalorisation de la notion d’Etat et du désordre moral qui en a découlé.» Tels sont les propos du général Nezzar, tels que produits dans son livre L’Armée algérienne face à la désinformation. Je le remercie de t’avoir qualifié d’Incorruptible, avec un «I» majuscule. Il est regrettable, cependant, qu’un Etat, non seulement laisse son chef d’Etat incorruptible tomber facilement devant un «acte isolé», mais ne fait rien pour rétablir la vérité sur son lâche assassinat.
Nacer Boudiaf
Un hommage:
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gilmig Membre Actif
Date d'inscription : 23/09/2008 Messages : 5161 Pays : FranceR E L I G I O N : VÉRITÉ* AUTHENTICITÉ
Sujet: Re: Algérie: La sagesse assassinée il y a vingt ans ! Sam 30 Juin 2012, 4:21 am
."Alourdies par leur énorme bagage de survivances des temps immémoriaux, se laissant toujours devancer par les conquêtes de la science, les religions sont fatalement vouées à combattre tout d'abord, ce que cent ans plus tard elles seront forcées d'admettre tacitement ou même de prêcher." (Elisée Reclus / 1830 1905)
Cent ans c'est long...!
Les temps changent vite à présent: les musulmans iront-ils plus vite !?
Seront-ils OBLIGÉS d'aller plus vite ....!?
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yacoub MODERATION
Date d'inscription : 27/07/2010 Messages : 7006 Pays : franceR E L I G I O N : agnostique
Sujet: Re: Algérie: La sagesse assassinée il y a vingt ans ! Sam 15 Sep 2012, 1:12 am
Entretien avec Tahar Djaout, juillet 1992. Un an avant son lâche assassinat.
Entretien réalisé par: Mohamed ZIANE-KHODJA. Fin juillet 1992 paru dans: LE JEUNE INDÉPENDANT, hebdomadaire (maintenant quotidien) national d’information –Algérie, début août 1992.
« LE JEUNE INDÉPENDANT » : Il semble que vous êtes fidèle à la « tradition ». Tahar DJAOUT : Je ne sais pas de quelle tradition il s’agit. La « tradition », c’est un terme un peu vague. Est-ce qu’il s’agit d’une tradition sociale, d’une tradition d’écriture, d’une tradition culturelle… Je dois vous avouer qu’au contraire le mot « tradition », de prime abord, n’a pas vraiment ma sympathie. La tradition c’est ce dont on peut se nourrir, tirer des choses négatives… Elle peut être un frein à un certain nombre d’autres choses. Un frein à l’innovation, à l’aventure. Je pense plutôt que je ne suis pas fidèle à la tradition.
Je voulais dire les « Poésiades »… Là encore, j’aurais souhaité. Mais, malheureusement, je n’ai pas été chaque année. Disons que j’ai participé aux premières « Poésiades », effectivement. Aujourd’hui, je suis encore ici. Donc oui, je suis fidèle à la ville de Bougie, à la poésie. Ces « Poésiades » sont, pour moi, un lieu de confrontation, d’échanges, d’ouverture…, qui est très appréciable.
Est-ce à dire que la vieille ville maritime ressemblerait quelque part à un poème ? Oui, je crois que le poème est une émotion, un sentiment… C’est aussi un ordonnancement. Dans le poème, il y a le désir de déconstruire le monde et de le reconstruire différemment. Je crois que la ville de Bougie, par son architecture, sa morphologie ; cette façon dont la montagne tend de manière abrupte dans la mer…, est effectivement une sorte de poème naturel.
En tant que poète, justement, sous quel angle voyez-vous la poésie ? Il n’est pas toujours aisé, pour un créateur, de parler de son propre domaine. Je crois qu’il y a toute une part d’intériorité qu’on exprime lorsqu’on pratique son art. Mais qu’on n’analyse pas toujours de façon efficace lorsqu’on essaie de prendre ses distances vis-à-vis de cet art. La poésie c’est une expression privilégiée. C’est un rapport à la fois intense et douloureux aux mots, au langage. Une expression d’une grande intransigeance. C’est, pour moi, l’expression littéraire la plus accomplie.
Vous assistez aux 4èmes « Poésiades ». Comment trouvez-vous les jeunes plumes ? Ce qui frappe, de prime abord, c’est la profusion des poètes. Notamment en langue kabyle. C’est très touchant de voir dans ces « Poésiades » autant de poètes. Des dizaines, peut-être même une centaine, de poètes venus d’un peu partout. Ce qui est très intéressant, c’est de voir des poètes relativement connus et consacrés être confrontés à des poètes qui sont –parfois- à leurs premiers balbutiements. Je pense que ces « Poésiades » créent un terrain d’échanges, de confrontation…, qui peut d’abord être bénéfique pour les poètes –disons novices- qui peuvent sans doute apprendre des choses au contact des poètes plus vieux, plus connus… Et pour ces derniers, ça peut être aussi une très bonne expérience, de voir un peu quelles sont les nouvelles directions prises par la poésie. À quel genre de thème et d’écriture s’intéressent les jeunes poètes.
Ces mêmes jeunes poètes se plaignent, très souvent, de la non-publication de leurs poésies. Oui, ce que vous dites confirme, d’autant plus, le mérite de ce genre de rencontres que sont les « Poésiades ». Il est vrai que la poésie est devenue –pas en Algérie seulement, malheureusement- un art tout à fait mal aimé, sous prétexte que ce n’est pas un genre commercial. Les éditeurs ont cessé d’accueillir et de publier la poésie. Hélas ! c’est un grand tort que de porter à une expression aussi importante que la poésie, qui est un élément constitutif de la littérature et de la culture d’un peuple, un tel préjudice. C’est vrai que malheureusement la poésie traverse une période très dure, notamment du point de vue de l’édition. Je pense que des rencontres comme celle de Béjaïa, et puis les réseaux associatifs, peuvent faire quelque chose pour la poésie. En la faisant connaître, évidemment, par la diction, comme c’est le cas ici. Ou même arriver à la publication, à la diffusion d’un certain nombre de plaquettes, à travers les réseaux associatifs.
Comment trouvez-vous le lectorat algérien ? Je crois, malheureusement, que l’école, qui est le principal lieu où se forment les lecteurs, ne joue absolument pas son rôle. Dans ce sens là, le système éducatif algérien est extrêmement défaillant. C’est un système qui n’encourage pas du tout la lecture. Nous savons que, ces dernières années, des livres jugés profanes, irrévérencieux, ont été retirés des bibliothèques scolaires, universitaires. Nous savons même que des condamnations à mort ont été prononcées par un certain nombre d’illuminés contre les écrivains. Donc, je remarque, malheureusement, qu’il n’y a pas de relève en ce qui concerne les générations de lecteurs. Et c’est quelque chose de tout à fait effrayant. Non seulement pour le livre lui-même, mais pour la société algérienne. Parce que le livre n’est pas seulement un produit commercial, un produit de distraction. C’est aussi un produit qui véhicule des valeurs, qui est déterminant dans la formation de la culture humaniste d’une nation.
Quelle est par-là votre appréciation sur le devenir de notre littérature ? Je pense qu’on est rarement efficace lorsqu’on essaie de déterminer l’avenir à partir du présent. La littérature est quelque chose de mouvant, de vivant, de mobile. Il est très difficile de déterminer son avenir. Toutes les prospections qu’on fait sont généralement démenties par la dynamique même de cette littérature qui n’est pas toujours là où l’on l’attend ; qui n’avance pas toujours dans le sens qu’on essaie de lui assigner. La littérature algérienne dépendra à la fois des écrivains algériens, des lecteurs algériens, des maisons d’édition algériennes. Nous remarquons que malheureusement, aujourd’hui, ces différents segments de la littérature sont extrêmement défaillants. Mais j’espère, en ce qui me concerne, que c’est une défaillance passagère. Que la littérature algérienne qui possède déjà une dynamique, du point de vue de ce qui la crée, trouvera aussi des structures et les relais nécessaires pour maintenir sa vitalité, son développement et sa diffusion.
Aussi, notre littérature recèle des œuvres, disons au mérite transcendant… D’où il serait souhaitable de la porter à l’écran ? Il ne faut pas oublier qu’il y a eu quand même un certain nombre d’expériences. Nous avons « L’opium et le bâton », « Le vend du sud », « L’incendie »… Donc, des œuvres qui ont été portées à l’écran. Mais la littérature algérienne, par sa richesse, par l’intérêt de ses thèmes, aurait pu constituer pour les réalisateurs de cinéma une mine encore plus sollicitée. J’espère que ces réalisateurs qui se plaignent souvent de ne pas avoir de textes, de ne pas avoir de scénarios valables…, pourront penser à exploiter cette mine ; donc qui est la littérature. Et je pense qu’ils commencent à verser dans ce sens-là. Je peux vous apprendre, par exemple, que « La colline oubliée » de Mammeri est en voie d’être tournée par Abderrahmane Bouguermouh. Je crois savoir aussi que « Le fleuve détourné » de Mimouni fait l’objet d’un projet de film. Mon roman « Les vigiles », aussi, a été adapté par le réalisateur-scénariste tunisien Ahmed Benmahmoud. Et Kamel Dehane, le jeune réalisateur algérien, qui a fait le film sur Kateb Yacine, voulait le tourner.
Le dernier mot ? Je souhaite, pour terminer, une longue vie à ces « Poésiades » de Béjaïa. Parce que c’est quand même un terrain d’expression extrêmement intéressant. D’autant plus intéressant qu’il constitue une tribune pour la poésie dont nous disions, justement, que c’est un genre mal aimé.
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Sujet: Re: Algérie: La sagesse assassinée il y a vingt ans !