Des mouvements hétérodoxes à la Grande Église, l'allégorie du temps et des Douze est une constante.
Astérios le Sophiste ou Saint Ambroise, auteurs influents du quatrième siècle:

"Le juste a fait défaut. Il a abrégé l'horloge des Apôtres. Du jour de douze heures des disciples il a fait un jour de onze heures. il a montré l'année du Seigneur privée d'un mois. Et c'est pourquoi est onzième le Psaume où est rapportée la lamentation des Onze sur le Douzième (...). Avec les trois heures, les autres heures des Apôtres ont fui le jour. Les heures du jour sont devenues heures de la nuit dans la Passion, lorsque le jour lui-même, qui nous présente en lui l'image des Apôtres, a été changé." (Homélies sur les Psaumes/Astérios)

"Si toute la durée du monde est comme un seul jour, il compte certainement ses heures par siècles: autrement dit les siècles sont ses heures. Or il y a douze heures dans le jour. Donc au sens mystique le Jour, c'est bien le Christ. Il a ses douze Apôtres, qui ont resplendi de la lumière céleste, en qui la grâce a ses phases distinctes"(Expositions sur Luc)

Le premier texte renvoie soit aux douze heures du jour, soit aux douze mois de l'année. Concernant le deuxième, le thème des Apôtres, symbolisé par les douze heures, est mis en relation avec celui du Christ, considéré comme le jour. Un symbole primitif du judéo-christianisme. En est-il de même pour "les douze heures" ?

Ce symbolisme se retrouve également chez Saint Augustin: "Ils n'ont pu pénétrer la hauteur du jour dont les Apôtres sont les douze heures resplendissantes" (Enarrationes sur les Psaumes). Zénon de Vérone comparait les Apôtres aux douze rayons du soleil c'est à dire les douze mois. Il a écrit: Le Christ est le jour vraiment éternel et sans fin qui à son service les douze heures dans les Apôtres, les douze mois dans les Prophètes (Traité).
Dès le troisième siècle, ce symbolisme se transmet dans les domaines grec et latin.

(À suivre avec des auteurs du troisième siècle comme Origène ou Méthode d'Olympe)

Méthode d'Olympe écrit que "l'ensemble des Apôtres, correspondant aux heures du jour, s'appelle le jour spirituel, l'Église" (De Sanguisuga). Ici, le jour symbolise l'Église et non le Christ.
Origène de son côté fait allusion à ce symbolisme: "On peut montrer que les néomies, c'est à dire les nouveaux mois, sont accomplus par le Christ, soleil de justice, et par ses apôtres". (Commentaire sur les Romains)
Saint Cyprien va encore plus loin dans son De Paschae computus: les douze heures et les douze mois symbolisent les douze Apôtres, les quatre divisions du jour et les quatre saisons de l'année symbolisent les quatre évangiles. Une représentation familière à la culture hellénistique.
Plus anciennement, Hippolyte écrit: "Lui (le Sauveur), Soleil, une fois qu'il se fut levé du sein de la terre, a montré les douze Apôtres comme douze heures; car c'est par elles que le Jour se manifestera, comme dit le prophète: C'est le Jour qu'a fait le Seigneur (Ps. 117:24). Et quant à ce qu'il dit: Au cours des mois qui vont s'additionnant (Deut. 23:14), c'est qu'une fois ensemble réunis, les Douze Apôtres, comme douze mois, ont annoncé l'Année parfaite, le Christ. Le prophète lui aussi dit: Annonce une année de grâce du Seigneur (Isaïe 61:2). Et parce que Jour, Soleil, Année étaient le Christ, il faut appeler Heures et Mois les Apôtres".(Bénédictions de Moïse)
Plus explicite que ses suivants, il est probable qu'il les est inspiré.
Passons les Reconnaissances clémentines pour nous intéresser à Clément d'Alexandrie (rapportant les enseignements de Théodote): "Les Apôtres (pour lui) ont été substitués aux douze signes du Zodiaque: car, comme la génération est réglée par ceux-ci, ainsi la régénération est dirigée par les Apôtres"(Extraits de Théodote). Le Zodiaque est explicitement mentionné et substitué aux Apôtres. De la liberté évangélique à la captivité du destin.

(À suivre avec d'autres écrits et enfin une synthèse des interprétations contemporaines)

Les jours de la semaine sont nommées

d'après les astres et les planètes aussi.

Amicalement Mick

Salut Mick,

Ce n'est pas le sujet.
Les jours de la semaine sont tout d'abord des jours consacrés aux dieux. Les planètes sont l'émanation de ces dieux pour des civilisations antiques telles que les Romains (Lundi/Lune, Mardi/Mars, Mercredi/Mercure...) ou encore les Babyloniens (Jeudi=Marduk leur dieu premier).
Ce sont donc plutôt les jours et les planètes qui sont nommés en fonction des dieux et non les jours nommés en fonction des astres bien que les trois composantes soient intiment liés dans les travaux scientifiques antiques et l'élaboration des spiritualités.

Désolée , je croyais que si ton sujet

a trait au zodiaque, que je pouvais faire cette petite mention.

Amicalement

Je t'en prie mais cela pourrait faire l'objet d'une ouverture en fin de sujet

En guise d'amorce j'ai souligné que cette symbolique ne se lisait pas uniquement chez les théologiens du Logos.

Voici un exemple tiré du Pistis Sophia, célèbre traité gnostique, qui établit que les douze éons constituent le jour, l'heure de midi est Adamas le douzième éon. Ici, beaucoup font un renvoi au Psaume 90:6, Schmidt établit ici un sens d'opposition entre ces douze éons/jour avec les régions des éons et la treizième hors du temps, du jour de la perception humaine qui leur est supérieure (dualité démiurge/Dieu).

Sous un angle orthodoxe, Saint Éphrem dans son Hymne sur l'Épiphanie compare les Apôtres à douze jours et à JESUS au treizième. Cette comparaison n'en reste pas moins oriental et montre que cette symbolique dépasse les courants et les traditions.

Restons sur la Pistis Sophia qui commente Luc 22:28-30 : " Vous serez assis sur douze trônes, jugeant les douze tribus d'Israël." L'auteur voit dans ce passage la restauration des douze sauveurs dans les régions célestes de chacun d'eux, et le rôle des douze apôtres dans cette restauration. Or Origène écrit une exégèse très semblable dans son Commentaire de Matthieu 15:24 (faisant des renvois à Genèse 19:27 et Luc 22:30) en figurant les douze tribus en peuples célestes, les pères des douze tribus sont douze astres; les peuples célestes seront jugés par douze apôtres. Notez le parallélisme.
Origène est néanmoins plus précis: Douze patriarches/douze astres qui président aux douze régions célestes: ceci est une allusion manifeste au zodiaque.