La crainte de D. (Yirat Elohim) ou dans la littérature rabbinique Yirat ha-Chamayim (crainte des Cieux) est une attitude de révérence et de respect à l'égard de D.. Il s'agit d'un commandement positif exprimé par le verset: "Tu craindras le Seigneur, ton D., tu le serviras" (Dt 6:13).
Cette injonction est au demeurant répétée à plusieurs reprises tout au long de la Bible. La crainte de D. est le d&but de la sagesse (Pr. 9:10). Craindre D. pour le Talmud (BB 88a), qui utilise ici un verset des Psaumes (15:2), c'est "dire la vérité selon son cœur".
Selon Sifra sur Lv. 19:14, que le commentateur médiéval troyen Rachi reprendra plus tard, la crainte de D. concerne essentiellement les commandements qui "sont connus du coeur", ceux dont les transgressions restent ignorées des autres hommes.
Le Talmud rapporte que, au moment de mourir, Rabban Yohanan ben Zakkaï recommanda à ses disciples: "Que la crainte du Ciel soit sur vous comme l'est celle de l'homme de chair et de sang". Comme ils lui répondirent: "Est-ce tout ?", il répliqua: "Si seulement vous pouviez parvenir à cela !" (Ber 28b).
La maxime la plus célèbre d'Antigonos de Sokho était qu'en servant D. l'homme doit "être comme un serviteur qui ne cherche pas à obtenir une récompense- mais la crainte du Ciel (yirat ha-Chamayim) puisse-t-elle être sur vous" (Avot. 1:3).
La crainte de D. relève du libre arbitre, puisque aussi bien aucune pression sociale ne peut en renforcer la pratique. De plus les sages affirment que si, en principe, la Providence divine règle la vie d'un homme (santé et maladie, fortune et pauvreté, fertilité et stérilité), lui échappe toutefois la détermination de son caractère juste ou méchant, lequel relève du choix propre de l'homme.
Le Talmud énonce en effet: "Tout est entre les mains du Ciel sauf la crainte du Ciel" (Ber 33b).
Le Rambam écrit que, afin de parvenir à craindre le Ciel, l'homme doit considérer les créatures de D., merveilleuses et grandes, il saisit par ce biais une portion infinitésimale de Sa Sagesse infinie et incomparable. Prenant conscience de Sa Grandeur, il sera effrayé et réalisera qu'il n'est "qu'une créature, petite, basse, obscure, confrontée dans son chétif savoir à "Celui dont parfaite est la science" (Job 36:4)