Lors de sa première journée en tant que pape, François a célébré sa première messe publique, jeudi 14 mars, dans la chapelle Sixtine, en présence des cent quatorze cardinaux. Dans sa courte homélie, de dix minutes, complètement improvisée, le pape de 76 ans a déclaré que l'Eglise n'est qu'une "ONG 'pietosa'"si elle ne professe pas JESUS. Le terme italien "pietosa" se traduit en français aussi bien par "pitoyable" que par "compatissante". Et personne ne savait dans l'immédiat ce que le pape argentin, qui a appris l'italien avec sa grand-mère piémontaise, entendait exactement par le terme employé.
Il a aussi appelé les cardinaux, les évêques et tous les prêtres à "cheminer, édifier, professer" leur foi. Mais tout cela n'est que "mondain" si ce n'est pas ancré dans le Christ, a-t-il martelé. "Notre vie est un chemin, et quand nous nous arrêtons, les choses ne vont pas. Il faut marcher toujours en présence du Seigneur et de la lumière du Seigneur", a-t-il dit.
Evoquant la construction de l'Eglise, le pape a rappelé que le Christ en est "la pierre angulaire" : "Quand on ne construit pas sur des pierres, il arrive ce qui arrive aux enfants quand ils font des châteaux de sable. Ils s'écroulent." "Tout s'écroule alors, sans contenu. Quand on ne se confesse pas à JESUS, on se confesse à la mondanité du diable", a-t-il ajouté, interrompu par des applaudissements. Pour le successeur de Benoît XVI, l'Eglise devrait fuir le matérialisme et se concentrer sur les Evangiles.
MAIN TENDUE À LA COMMUNAUTÉ JUIVE
Parmi ses premières mesures, le pape a adressé une lettre au chef de la communauté juive de Rome. Dans cette lettre, publié sur le site de la communauté , le pape a écrit : "J'espère vivement pouvoir contribuer au progrès que les relations entre juifs et catholiques ont connu à partir du concile Vatican II, dans une esprit de collaboration rénovée et au service d'un monde qui puisse être toujours plus en harmonie avec la volonté du Créateur."
François s'inscrit ainsi dans le droite ligne de son prédécesseur Benoît XVI. Lors de l'annonce de la démission de ce dernier, le 11 février, le grand rabbin ashkénaze d'Israël, Yona Metzger, avait estimé qu'il avait amélioré les relations entre le christianisme et le judaïsme, contribuant à "une diminution des actes antisémites dans le monde".
RENOUVELLEMENTS DE CHARGES
Le pape François prévoit de s'installer rapidement dans l'appartement pontifical, au Vatican, situé au troisième étage du palais apostolique, où des scellés ont été apposés sur les portes d'accès et à l'ascenseur intérieur depuis la démission de son prédécesseur. Les travaux d'aménagement prévus pour son installation seront des "travaux rapides", a assuré le père Federico Lombardi, porte-parole du Saint-Siège, car les appartements pontificaux sont en "bon état". Ils avaient déjà été rénovés par Benoît XVI au début de son pontificat. C'est de la fenêtre de son futur bureau que le nouveau pontife, comme tous ses prédécesseurs, récitera son premier Angélus, dès dimanche, à midi.
Le père Lombardi a par ailleurs déclaré qu'il "ne serai(t) pas étonné qu'il y ait des renouvellements de charges" dans la curie au cours des prochains jours. Ces renouvellements devraient être pour certains à court terme, le temps pour le pontife de réfléchir au choix de ses nouveaux collaborateurs. A la fin du pontificat de Benoît XVI, le 28 février, les chefs de dicastère, c'est-à-dire de ministère, ont cessé d'exercer leurs fonctions, leurs services étant gérés par leurs numéros deux (secrétaires) et, pour la secrétairerie d'Etat, par le substitut Giovanni Angelo Becciu.