JUSTICE - La Licra s'est portée partie civile dans cette affaire, une première...
Le procès d'un homme de 28 ans poursuivi pour une agression violente à caractère raciste après avoir, selon plusieurs témoins, proféré des propos «anti-blancs» s'est ouvert ce vendredi à Paris.
L'accusation reproche au prévenu d'avoir porté des coups entraînant une interruption temporaire de travail de 39 jours, après une altercation dans une station de métro parisienne.
«Sale blanc»
Le parquet, qui a lancé les poursuites, a retenu trois circonstances aggravantes à son encontre : l'attaque en réunion, les agresseurs présumés étant deux au moment des faits, l'utilisation d'une arme - des tessons de bouteille -, et le caractère raciste.
Entre autres insultes, le prévenu aurait lancé «sale blanc» et «sale Français» à sa victime, selon plusieurs témoins.
Ce procès, qui devait se tenir en octobre dernier devant le tribunal correctionnel, avait été renvoyé à la demande de l'avocat de la victime. La défense du prévenu, qui souhaitait notamment que le dossier puisse être jugé dans un contexte plus propice à la «sérénité», avait soutenu ce renvoi. Jean-François Copé, qui faisait alors campagne pour la présidence de l'UMP, avait fait resurgir ce thème dans le débat politique, en l'évoquant notamment dans son livre, Manifeste pour une droite décomplexée .
«Un phénomène social» selon la Licra
La Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) s'est portée partie civile dans ce dossier, une première pour l'association dans une affaire présumée de racisme anti-blancs. «Pour nous, c'est une question de principe, c'est un message qu'on envoie. Evidemment, on ne fait pas d'amalgame, on se rend bien compte que les Français blancs ne sont pas majoritairement victimes du racisme dans leur propre pays», a dit à Reuters Alain Jakubowicz, son président.
«Mais il y a là un phénomène social, quelque chose qui est beaucoup plus fréquent que ce que l'on pense, et beaucoup moins que ce que disent un certain nombre d'extrémistes qui essayent d'instrumentaliser cette affaire», a-t-il ajouté. «Certains nous reprochent de faire le jeu de l'extrême droite, mais je ne veux pas abandonner ce combat aux extrémistes».
Le prévenu récuse tout racisme
Le prévenu, qui reconnaît sa présence sur les lieux de l'agression, dit avoir porté des coups afin de protéger un camarade et en conteste le caractère raciste.
Son avocat, Me Grégoire Etrillard, dénonce une instrumentalisation de ce procès. «Il n'y a absolument aucun élément qui établisse que mon client a prononcé la moindre insulte à caractère raciste, et encore moins (...) anti-blancs, ce qui serait absurde puisqu'il est lui-même blanc», a-t-il dit à la presse.
«On essaie sans sous doute de monter en épingle cette affaire pour pouvoir prendre position sur un éventuel racisme anti-blancs, si tant est qu'il existe», a-t-il ajouté.
Le jugement devrait être mis en délibéré.