Capucine MODERATION
Date d'inscription : 12/12/2011 Messages : 7539 Pays : France R E L I G I O N : catholique
| Sujet: France-Algérie : les enjeux de la création d’une commission d’historiens Sam 27 Aoû 2022, 10:23 am | |
| [size=30]France-Algérie : les enjeux de la création d’une commission d’historiens [/size] Lors de sa visite à Alger, Emmanuel Macron a annoncé le 25 août la création d’une commission mixte d’historiens français et algériens pour étudier « sans tabous » la colonisation et la guerre d’Algérie.
- Marie Verdier, envoyée spéciale à Alger,
- le 26/08/2022 à 11:56
- Modifié le 26/08/2022 à 17:24
Abdelmadjid Tebboune, reçoit Emmanuel Macron au siège de la présidence de la République, en Algérie, le 25 Aout 2022.ALGERIA PRESS PHOTOS/MAXPPPL’annonce est spectaculaire. Dans le palais présidentiel d’El-Mouradia à Alger, assis à côté du président algérien Abdelmajid Tebboune, Emmanuel Macron a annoncé le 25 août au soir la création d’une commission mixte d’historiens. Une commission « ouvrant nos archives et permettant de regarder l’ensemble de cette période historique qui est déterminante pour nous, du début de la colonisation à la guerre de libération, sans tabous, avec une volonté de travail libre, historique, d’accès complet à nos archives, de part et d’autre, et une volonté ensuite de mener cette œuvre de reconnaissance ».Une décision prise par Emmanuel Macron et Abdelmajid Tebboune
Le président algérien n’en dit pas un mot. Mais cette décision a été actée en commun, précise Emmanuel Macron. Les modalités doivent être finalisées lors de cette visite « officielle et d’amitié » de trois jours qui s’achève ce samedi 27 août. Dans ses propos, Emmanuel Macron fait un premier geste symbolique à l’adresse des Algériens en mentionnant la guerre « de libération » et non pas « d’indépendance » comme elle est classiquement dénommée en France.À lire aussiEmmanuel Macron en Algérie, un voyage qui revêt une dimension religieuseLe projet de créer cette commission est né le 4 juillet dernier, veille des 60 ans de l’indépendance de l’Algérie, lors de la rencontre entre le président algérien et l’historien Benjamin Stora. Abdelmajid Tebboune a alors donné son accord non seulement pour poursuivre le travail mémoriel, mais aussi pour passer à un autre stade, celui de l’histoire, rapporte l’historien.Apaiser les mémoires
« Il faut comprendre cette Histoire non pas par la fin, 1962, mais par le début, par la conquête coloniale française qui a duré un demi-siècle, de 1830 à 1871, avec les massacres, les déplacements de population, l’arrivée des populations européennes », précise Benjamin Stora. L’enjeu majeur sur cette période, estime-t-il, « c’est la transmission du savoir, car les archives sont ouvertes, les connaissances sont là, mais elles ne circulent pas ».Or, cette non-transmission « se répercute de génération en génération et fabrique des hypothèses fantasmées de l’histoire », constate-t-il, avant de suggérer que cette commission pourrait être constituée de 12 historiens, six Français et six Algériens. Les historiens attendent ce moment depuis de longues années. Français et Algériens veulent, enfin, pouvoir regarder l’histoire en face et apaiser les mémoires.Rien n’a plus envenimé les relations entre Paris et Alger que ce passé commun « complexe, douloureux », comme l’a rappelé Emmanuel Macron.France-Algérie, le chaud et le froid
Ces relations n’ont cessé de faire le yoyo, oscillant entre périodes de froid et de réchauffement. Elles ont été particulièrement glaciales entre l’automne 2021 et le printemps 2022 après le doute exprimé par Emmanuel Macron sur l’existence d’une nation algérienne avant la colonisation. La crise n’avait pas eu d’égal depuis de longues années (Alger a rapatrié son ambassadeur pendant trois mois et interdit le survol de son territoire aux avions militaires français pendant plus de quatre mois), rappelant celle qui fut déclenchée en 2005 par une loi évoquant les « bienfaits de la colonisation ». Cette loi avait torpillé le projet de traité d’amitié et de coopération que Jacques Chirac et Abdelaziz Bouteflika ambitionnaient respectivement de pouvoir signer.L’annonce d’hier relative à la création d’une commission a donc de quoi surprendre. D’autant qu’avant la crise de l’hiver dernier, Alger ne s’était pas associé au chantier mémoriel entrepris par Emmanuel Macron suite aux préconisations du rapport de l’historien Benjamin Stora. Paris s’était alors concentré sur la réconciliation des mémoires franco-françaises entre les différentes communautés liées à l’Algérie, notamment pieds-noirs et harkis.Une décision sans suite ?
Jusqu’à quel point une annonce aussi forte sur une commission mixte d’historiens sera-t-elle suivie d’effets ? Les relations houleuses, passionnelles entre l’Algérie et la France ont habitué à de grandes déclarations, d’ambitieux projets de coopération si souvent tombées dans les trappes de l’histoire. Soixante ans après l’indépendance, il est pourtant légitime d’escompter ce travail forcément salutaire. Emmanuel Macron a assuré, vendredi 26 août, que les premiers travaux sont attendus d’ici à un an : « Ensuite, nous jalonnerons le travail de gestes communs.source : La Croix |
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