Chrétiens persécutés : le pape dénonce un «silence complice»
AFP 4 avril 2015 à 12:22 (Mis à jour : 4 avril 2015 à 14:37)
Le pape François prie durant une procession au Colisée à Rome durant la Veillée pascale, le 3 avril 2015 (Photo FILIPPO MONTEFORTE. AFP)
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Le pape François et le Vatican ont haussé le ton, en célébrant Pâques, contre «le silence complice» et «l'indifférence» devant la «furie jihadiste».
Au lendemain du massacre de l'université de Garissa, au Kenya, le pape François et le Vatican ont haussé le ton en célébrant Pâques contre «le silence complice» et «l’indifférence» devant la «furie jihadiste», qui frappe les chrétiens.
Le pape argentin, qui a commémoré vendredi la «passion du christ» (sa crucifixion à Jérusalem), devait présider samedi soir la Veillée pascale, qui célèbre, selon la croyance chrétienne, la résurrection de JESUS. Sous le choc de la tragédie du Kenya, la dénonciation de la violence jihadiste a pris le pas sur tous les autres thèmes comme la paix et la justice, évoqués comme chaque année à Pâques.
Jorge Bergoglio a condamné dès vendredi matin la «brutalité insensée» du massacre des jihadistes Shebab contre les étudiants de Garissa dans l’est du Kenya, qui a fait 148 morts. «Tous les responsables doivent redoubler leurs efforts afin de mettre un terme à une telle violence», a demandé le chef d’1,2 milliard de catholiques.
Avant d’exécuter froidement leurs victimes, les shebab ont séparé les musulmans des non-musulmans en fonction de leurs habits, et gardé en otage les seconds. «Nous ne craignons pas la mort, cela va être de bonnes vacances de Pâques pour nous», ont ironisé les assaillants en swahili, d’après le témoignage d’un survivant.
Au Vatican, on s’irrite du fait que la multiplication des persécutions de chrétiens -par des individus ou des groupes islamistes- de l’Irak au Kenya en passant par la Libye, le Pakistan ou le Nigeria, ne soit pas plus dénoncée, y compris par les autorités occidentales et musulmanes.
«Aujourd’hui nous voyons nos frères persécutés, décapités et crucifiés pour leur foi en Toi, sous nos yeux ou souvent avec notre silence complice», a accusé d’une voix sombre Jorge Bergoglio à la fin du Chemin de Croix vendredi soir au Colisée, s’adressant au Christ, «prince de la paix».
Les méditations de cette «Via Crucis» retransmise en mondiovision, ont rappelé que «des hommes et des femmes sont emprisonnés, condamnés ou même tués seulement parce qu’ils sont croyants». «Ils n’ont pas honte de la Croix. Ils sont de magnifiques exemples», proclamait ainsi un lecteur, citant l’exemple du «martyr» catholique pakistanais, l’ancien ministre pour les minorités Shahbaz Bahtti, assassiné le 2 mars 2011.
Auparavant, lors d’une célébration solennelle dans la basilique Saint-Pierre, «la furie jihadiste» avait été dénoncée. Le prédicateur de la Maison pontificale, le prêtre franciscain italien Raniero Cantalamessa, avait rappelé les 21 coptes égyptiens morts assassinés en février par un groupe jihadiste en Libye en «murmurant le nom de JESUS».
«Les chrétiens ne sont certainement pas les seules victimes, mais on ne peut ignorer qu’ils sont les victimes désignées et les plus fréquentes dans de nombreux pays», avait-il fustigé. «Qui a à coeur le sort de sa propre religion ne peut demeurer indifférent», avait-il ajouté dans un propos qui paraissait s’adresser aussi aux musulmans.
Le Vatican ne cesse de plaider pour que ses interlocuteurs musulmans comme l’université sunnite Al-Azhar du Caire prennent position, en se distançant des islamistes et de toute persécution anti-chrétienne. La prise surprise de la ville irakienne de Mossoul, à l’été dernier, par le groupe Etat islamique (EI) a été un tournant. Il a conduit le Saint-Siège à se montrer plus incisif face aux ambiguités de certaines autorités musulmanes.
En novembre dernier, François a lui-même appelé «à une vaste mobilisation des consciences» de tous ceux «qui ont des responsabilités au niveau local et international». En décembre, il était plus précis encore en demandant à «tous les dirigeants musulmans du monde, politiques, religieux, universitaires» à «se prononcer clairement» contre la violence des jihadistes. Il prenait soin de parler des autres minorités religieuses persécutées comme les yazidis.
Récemment, le souverain pontife reprochait enfin à la communauté internationale de «vouloir cacher» les persécutions contre les chrétiens. «Les chrétiens restent la minorité religieuse la plus persécutée, en partie à cause de leur large dispersion géographique et de leur nombre relativement élevé», indiquait récemment dans un rapport bisannuel l’organisation catholique Aide à l’Eglise en détresse.
AFP