AFP 28/04/2014 - 20:54
Centrafrique : 22 morts dans l'attaque d'un hôpital de MSF
Vingt-deux personnes, dont trois employés de Médecins sans frontières (MSF), ont été tuées dans l'attaque, attribuée à d'ex-rebelles, d'un centre de soins du nord-ouest de la Centrafrique.
"Des hommes armés assimilés aux ex-Séléka et aux Peuls ont attaqué samedi en fin d'après-midi un hôpital soutenu par MSF dans la région de Nanga Boguila (à 450 km au nord de Bangui), tuant au moins 22 personnes, parmi lesquelles trois centrafricains employés de MSF", a déclaré lundi à l'AFP un officier de la force africaine Misca.
Dans un communiqué publié lundi, MSF confirme la mort de ses collaborateurs, faisant état de "16 civils non armés, dont trois employés locaux" de l'ONG tués dans cette attaque.
"Nous sommes extrêmement choqués et attristés par la violence brutale utilisée à l?encontre de notre personnel médical et de la communauté", a déclaré Stefano Argenziano, chef de mission de MSF en Centrafrique, cité dans le document.
"Ce tragique incident nous a obligés à réduire notre équipe et suspendre nos activités à Boguila", a précisé M. Argenziano.
L'attaque s'est produite pendant une réunion regroupant une quarantaine de représentants communautaires et les employés de MSF, seule organisation humanitaire internationale présente à Boguila.
"Les assaillants ont d'abord ouvert le feu sur un groupe de personnes, fauchant quatre d'entre elles. Puis ils se sont dirigés vers l'hôpital où ils ont tué 15 autres personnes et trois membres du personnel de MSF", a dit l'officier de la Misca.
Les hommes armés ont emporté des ordinateurs et de nombreux autres biens, "fracassant des portes des locaux probablement en quête d'argent", a-t-il ajouté.
La France qui intervient militairement depuis décembre dans cette ancienne colonie livrée au chaos a "condamné fermement" la tuerie.
"Les auteurs de cette attaque intolérable devront répondre de leurs actes devant la justice", a déclaré lundi le ministère des Affaires étrangères.
En déroute, l'ex-rébellion Séléka, a été au pouvoir de mars 2013 à janvier 2014. Depuis le départ forcé de son chef, l'ancien président Michel Djotodia, ses combattants écument plusieurs régions de la Centrafrique, notamment le nord, que la force internationale peine à pacifier.
- Attaques en série dans le nord -
La localité de Nanga Boguila se situe dans une zone échappant largement au contrôle de la force internationale composée des quelque 5.000 Africains de la Misca et 2.000 Français de l'opération Sangaris.
"Il s'agit d'une région qui n'est pas totalement sécurisée. Parce que nos effectifs (...) ne permettent pas encore de déployer des hommes dans les autres centres que les villes principales comme Bossangoa", à une centaine de km de Nanga Boguila, a expliqué l'officier de la Misca à l'AFP.
Face aux nombreuses difficultés rencontrées par l'armée française et la force africaine, l'ONU a autorisé début avril le déploiement d'environ 12.000 casques bleus en Centrafrique, qui ne doivent toutefois pas intervenir avant septembre.
Si l'ensemble du pays subit une crise sans précédent, celle-ci est particulièrement sensible dans le nord.
Aux environs de Paoua, près de la frontière tchadienne, des villages ont subi ces derniers jours une série d'attaques, "conséquence d'un retour en force des ex-Séléka dans la région de l'Ouham-Pende", a indiqué la mission de l'ONU en Centrafrique (Minusca) dans un rapport parvenu lundi à l'AFP.
Samedi, c'est un convoi de la Misca qui a été attaqué par des hommes armés: un soldat de la force africaine a été tué et deux portés disparus, toujours selon la Minusca.
Cette région a été pendant des mois le théâtre de violences répétées entre les ex-rebelles de la Séléka, musulmans pour la plupart et majoritaires dans le nord, et les milices anti-balaka essentiellement chrétiennes.
Ces affrontement ont fait des centaines de morts et déplacé des dizaines de milliers de personnes depuis le début du conflit il y a un an.
Des milliers de musulmans ont quitté ces derniers mois la capitale Bangui pour se réfugier dans le nord et le centre du pays, créant une partition de fait de la Centrafrique, un pays chrétien à 80%.
Dans la capitale, quelque 1.300 musulmans qui se terraient en périphérie dans la crainte d'exactions des anti-balaka, sont partis dimanche dans un imposant convoi, escortés par la Misca à destination du nord.
Le gouvernement a dénoncé dimanche soir une opération "unilatérale" menée "à (son) insu et contre (son) gré" par ses partenaires humanitaires, dont il questionne "la neutralité et l'objectivité".