Attaque terroriste dans le Thalys : un drame évité de justesse
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Par Christophe Cornevin
Mis à jour le 21/08/2015 à 23:56
Publié le 21/08/2015 à 19:45
VIDÉO - Un homme a ouvert le feu avec un Colt 45 sur les passagers avant d'être maîtrisé par deux militaires américains. Deux blessés sont dans un état grave.
Un bain de sang a, selon toute vraisemblance, été évité par miracle dans le Thalys 9364 transportant vendredi après-midi 554 voyageurs entre Amsterdam et Paris. Seul un incroyable concours de circonstance a permis à deux militaires américains de l'Otan de détecter et neutraliser un terrorisme présumé avant que ce dernier ne sème la mort parmi les passagers. Selon les premiers éléments de l'enquête confiée à la police judiciaire de Lille et à la Sous-direction antiterroriste par le parquet de Paris qui s'est aussitôt saisi du dossier, le tireur, monté semble-t-il en queue de train lors de son arrêt à Bruxelles, est passé à l'action à 17h50 heures.
Armé d'un fusil d'assaut de type kalachnikov, d'au moins une arme de poing, d'un cutter et de neuf chargeurs transportés dans un sac, il a ouvert le feu quand le convoi passait à hauteur de Oignies (Pas-de-Calais), en touchant grièvement un passager de nationalité britannique à hauteur du cou. Héliporté au CHU de Lille, ses jours ne serait plus en danger. L'homme a aussi blessé superficiellement à l'arme blanche une seconde victime au niveau du thorax. Présentant une fracture au doigt, elle a été hospitalisé à Arras. Le comédien Jean-Hugues Anglade, passager du Thalys qui n'était pas visé, a été légèrement blessé à la main en cassant une vitre pour tenter d'actionner le signal d'alarme.
Cazeneuve salue la «bravoure» des soldats américains
Dans des circonstances qui restent à préciser, le forcené aurait été maîtrisé à la sortie des toilettes de la rame où il se serait enfermé afin de recharger son fusil d'assaut. Deux militaires américains circulant eux aussi parmi les voyageurs auraient alors reconnu le cliquetis caractéristique de la manipulation de l'arme. Dans la foulée, les soldats, dont Bernard Cazeneuve a salué la «bravoure», ont immobilisé le tireur à sa sortie jusqu'à ce que le Thalys fasse un arrêt improvisé en urgence à Arras (Pas-de-Calais). Là, sur les quais de la Gare, il a été plaqué au sol et menotté par une patrouille de la Brigade anticriminalité.
Le suspect ferait l'objet d'une fiche de signalement des services de renseignements
Placé en garde à vue dans les locaux du commissariat local, le tireur, qui voyageait sans papier d'identité, aurait selon une source proche du dossier déclaré être âgé de 26 ans. La PJ s'employait à la tombée de la nuit à vérifier ses empreintes digitales. Si son identité était confirmée, il ferait d'après l'Agence France Presse l'objet d'une fiche de signalement des services de renseignements.
Alors que les experts de la Police technique et scientifique (PTS) inspectaient le train après le passage des démineurs sous le contrôle d'un substitut du parquet antiterroriste, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve s'est déplacé en gare d'Arras pour aller à la rencontre des passagers sous le choc avant de faire le point de l'enquête.
Appelant à «la plus grande prudence» sur les circonstances de la fusillade, le profil ainsi que les motivations du tireur, le ministre de l'Intérieur s'est borné à déplorer la «violence barbare d'un passager» sans fournir de plus amples détails.
Le premier ministre belge parle d'«attaque terroriste»
Dans la soirée, le premier ministre belge, Charles Michel, a quant à lui qualifié sur son compte Twitter l'agression d'«attaque terroriste» avant de faire part de sa «sympathie pour les victimes». Selon l'agence de presse Belga, citant un porte-parole du gouvernement, il s'est entretenu avec le président de la République François Hollande et a immédiatement convoqué le Comité stratégique du renseignement et de la sécurité en vue d'évaluer le niveau de la menace d'un attentat.
A l'heure d'un week-end de grand retour de vacances, cette fusillade sans précédent dans un train de voyageurs pose de manière crue la question des mesures de sécurité prises sur le réseau ferroviaire. Depuis de longs mois, l'hypothèse d'une attaque terroriste dans un train de voyageur figure au premier rang des scénarii des services spécialisés sans que ces derniers n'aient jusqu'alors eu la moindre information sur l'imminence d'une telle attaque. Travaillant sur des exercices dits de «tueries planifiés» et de prises d'otages massives, les gendarmes du GIGN disposent notamment d'une documentation très nourrie sur l'accessibilité des voitures des trains Thalys et TVG pour intervenir en urgence. Selon nos informations, les militaires d'élite, qui s'étaient notamment entraînés dans un Eurostar immobilisé en gare de Hénin-sur-Cojeul (Pas-de-Calais), avaient aussi mené avec leur homologue un exercice en avril 2013 sur un train Thalys. L'attaque du convoi de voyageurs reliant Amsterdam à Paris vient confirmer leurs sombres prévisions.