En Israël, une loi controversée sur les appels à la prière pourrait être adoptéeMarie Malzac avec AFP, le 14/02/2017 à 12h28
Le gouvernement israélien a adopté, dimanche 12 février, un projet de loi controversé qui reviendrait à interdire aux mosquées d’employer des haut-parleurs pour l’appel à la prière tôt le matin et tard le soir.
Un drapeau israélien devant un minaret de la Vieille ville de Jérusalem, novembre 2016 / THOMAS COEX/AFP
Des informations publiées par le ministère de la Justice indiquent qu’une liste de textes soumis au vote, dimanche 12 février, au sein du comité ministériel de législation signale le « projet de loi sur la prévention du bruit des systèmes de sonorisation dans les établissements religieux » comme étant « adoptée », sans plus de détails.
L’approbation par le comité, présidé par le ministre de la Justice Ayelet Shaked, membre du parti d’extrême droite Foyer juif, ouvre la voie à l’examen du texte au Parlement.
Le texte concerne théoriquement tous les lieux de culte, mais il a suscité l’indignation parmi les musulmans, alors que l’appel à la prière (adhan, en arabe) est récité par le muezzin cinq fois par jour généralement via un système de sonorisation puissant installé sur les minarets.
Une précédente version du projet avait été rejetée à l’initiative d’un ministre juif ultra-orthodoxe, qui craignait que le texte ne limite aussi le volume des sirènes annonçant le début du shabbat, le repos hebdomadaire.
Le nouveau projet interdit l’usage des haut-parleurs de 23 heures à 7 heures.
« Incitation raciste »
« Cette loi ne porte ni sur le bruit ni sur la qualité de vie. Il s’agit d’une incitation raciste contre une minorité nationale », a dénoncé dans un communiqué le député arabe israélien Ayman Odeh, chef de file de la Liste unie.
« La voix du muezzin résonnait bien avant les racistes du gouvernement Netanyahou et elle résonnera encore après eux », a-t-il ajouté.
Le président israélien Reuven Rivlin s’était prononcé contre le projet, qui a provoqué une onde de critiques et de manifestations dans l’ensemble du monde arabe.
Le texte s’appliquerait également à Jérusalem-Est, partie de la ville occupée et annexée par Israël où vivent plus de 300 000 Palestiniens, mais pas à la mosquée Al-Aqsa, le troisième lieu saint de l’islam et objet de tensions, selon un responsable israélien.
Un projet récurrent
La minorité arabe, qui représente 17,5 % de la population israélienne, est de confession musulmane dans son immense majorité et s’estime déjà largement victime de discriminations.
Moti Yogev, député du Foyer juif, parti israélien nationaliste et sioniste religieux, le promoteur de ce texte, assure que le volume de « l’adhan » dérange des centaines de milliers de personnes.
Le sort du texte est incertain. Réduire le volume des appels à la prière musulmane n’est pas une idée nouvelle en Israël. Ce projet revient régulièrement sur le devant de la scène, se heurtant toutefois à de vives oppositions et à des contraintes constitutionnelles.
Marie Malzac avec AFP
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