Présidentielle : ce que proposent les différents candidats sur l'agriculture
07h23, le 24 février 2017, modifié à 07h32, le 24 février 2017
En marge du Salon de l'Agriculture, qui se tient du 25 février au 5 mars à Paris, Europe 1 a épluché les propositions des candidats à la présidentielle sur le sujet.
Il est l'un des rendez-vous les plus attendus de la campagne présidentielle. Alors que s'ouvre samedi le Salon de l'Agriculture Porte de Versailles à Paris, dans un contexte de crise (éleveurs, producteurs laitiers...) rappelé régulièrement par des manifestations et des blocages, Europe 1 s’en penché sur les propositions des différents candidats en matière d’agriculture. Et tous partent du même constat : il faut aider les agriculteurs à vivre à nouveau de leur travail.
Alléger les charges et rééquilibrer la négociation des prix. Pour Emmanuel Macron, François Fillon et Marine Le Pen, cela doit passer par des allègements de charges et une simplification des normes. Les candidats d'En Marche ! et des Républicains veulent aussi faciliter le regroupement des producteurs de lait ou de viande en grandes organisations, hors syndicats, avec lesquels les industriels seraient obligés de négocier les prix.
Et pour des prix plus justes, les candidats sont tous d'accord : il faut soutenir la vente directe, les circuits courts, et la préférence pour les produits locaux dans les cantines scolaires.
Favoriser l'agriculture biologique. À gauche, les programmes se distinguent par des investissements massifs pour une agriculture plus écolo. Plusieurs centaines de millions d'euros par an du côté de Benoît Hamon, de Jean-Luc Mélenchon mais aussi d’Emmanuel Macron, pour inciter les exploitants à se mettre au vert.
Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon qui veulent aussi interdire certains pesticides et la commercialisation des OGM. Un point sur lequel Marine Le Pen les rejoint. L’ancien ministre de l’Economie, lui, reste plus vague : il ne veut pas interdire la recherche en la matière. François Fillon, lui, est beaucoup plus clair : pro-OGM, il propose carrément d'effacer le principe de précaution de la Constitution.
Les programmes des candidats en 5 mesures clefs :
Benoît Hamon
- Interdiction des pesticides dangereux, des perturbateurs endrocriniens, et de l'importation de produits en contenant (au nom du principe de précaution).
- Programme d'investissements agricoles de 5 milliards d'euros pour soutenir les projets d'agro-écologie, les circuits-courts et les coopératives pour faciliter l'installation des jeunes agriculteurs qui veulent reconvertir des exploitations en fermes bio ou agroécologiques.
- "PAC verte" : négocier au niveau européen pour qu'une partie de la PAC (400 millions) soit consacrée au financement des agriculteurs prêts à se convertir à l'agro-écologie (moins d'engrais, préserver les ressources naturelles, recours aux circuits-courts).
- Priorité de l'attribution du foncier agricole aux projets bio ou ago-écolo. Comment ? En modifiant les critères de l'examen des dossiers de reprise d'exploitation, afin de favoriser systématiquement les projets en agriculture bio ou agro-écolo. 40% des agriculteurs vont partir à la retraite d'ici 2020, le candidat veut se servir des reprises de leurs exploitations pour engager la conversion vers l'agriculture écolo.
- Pas d'expérimentation des OGM en plein champs.
Jean-Luc Mélenchon
- Veut convertir progressivement l'ensemble de l'agriculture française vers une agriculture paysanne et bio, et non pas une agriculture industrielle subventionnée par les aides publiques aujourd'hui.
- Arrêt des projets de fermes-usines : instauration d'une surface maximale par actif agricole, et soutien à l'installation de nouveaux agriculteurs pour 300.000 nouveaux emplois en 10 ans.
- Mise en place d’une loi planifiant la transition écologique de l'agriculture avec un calendrier à 10 ans, avec des points d'étape à atteindre.
- Redéfinition des normes d'élevages pour mieux respecter le bien-être animal, notamment par sur les conditions d'abattage : limiter au maximum la souffrance animale et rendre possible l'abattage à la ferme.
- Relocalisation de la production de fruits et légumes sur le territoire national, et plus généralement relocalisation de la production au plus près des lieux de consommation en développant les circuits courts.
Emmanuel Macron
- Débloquer un fonds de 200 millions d’euros pour récompenser les "bonnes pratiques agricoles", et accompagner les agriculteurs dans une conversion vers le bio.
- Mise en place d’un programme d'investissements sur 5 ans pour moderniser les exploitations et encourager aux circuits courts.
- Construire un "pacte entre la société et le monde agricole" pour favoriser une alimentation de qualité à des prix accessibles, en garantissant un revenu décent aux agriculteurs.
- allègements de charges, droit au chômage pour tous, y compris les entrepreneurs : ça devrait aussi aider les exploitants qui engagent une conversion vers le bio.
- Renforcer le poids des organisations de producteurs face aux industriels et distributeurs ; pour qu'elles puissent négocier des contrats-cadres sur les volumes et le prix du lait. Dès qu'une organisation de producteurs existera, l'industriel ou la centrale d'achat sera obligé de négocier directement avec elle.
François Fillon
- Simplifier le droit des entreprises agricoles, supprimer le principe de précaution de la constitution et abroger toutes les normes ajoutées aux textes européens.
- Réduire de 40 milliards les charges et impôts pesant sur toutes les entreprises, donc les entreprises agricoles.
- Créer un "compte épargne aléas climatiques et économies", alimenté librement pendant les années de bonnes récoltes, et utilisable en cas de pertes d'exploitation.
- Donner plus de liberté aux agriculteurs de se regrouper en organisations de producteurs (de grande taille), avec des démarches simples, pour mieux défendre leurs marges face aux industriels.
- Relancer les recherches qui ont été interrompues au nom du principe de précaution, "notamment en génétique".
Marine Le Pen
- Aides à la conversion vers le bio, baisse des charges pour les exploitations bio, instauration d'une TVA à 0% sur le bio pour inciter les consommateurs.
- Appliquer le "patriotisme économique" aux produits agricoles français : notamment via des commandes publiques (Etat et collectivités) pour soutenir les paysans et pêcheurs français.
- Refuser les traités de libre-échange et développer les circuits courts.
- Encourager l'installation de jeunes agriculteurs avec des défiscalisations pendant les premières années d'activité.
- Interdire l’importation et la vente de produits provenant de l’étranger qui ne respectent pas les normes imposées aux producteurs français ; étiquetage obligatoire clair sur l'origine des produits commercialisés.
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