Les suprémacistes blancs refoulés des réseaux sociauxUn membre du Ku Klux Klan lors d'une manifestation à Charlottesville en Virginie (est), le 8 juillet 2017
© AFP, ANDREW CABALLERO-REYNOLDS
AFP, publié le jeudi 17 août 2017 à 21h11
Les partisans de la suprématie blanche aux États-Unis voient se fermer les portes des réseaux sociaux et d'internet grand public, au nom de la lutte contre le sectarisme après les événements tragiques de Charlottesville.
Les géants d'internet, contraints habituellement de jouer aux équilibristes entre le respect de la liberté d'expression et le contrôle des contenus inappropriés, ont vivement réagi cette semaine.
L'ensemble des entreprises de la Silicon Valley contactées par l'AFP s'exprimaient cette semaine à l'unisson: tout ce qui promeut la violence et le sectarisme enfreint les conditions d'utilisation de leurs services, ce qui se traduit par la fermeture unilatérale de comptes ou le retrait de publications.
Ces décisions font suite aux événements violents du week-end dernier à Charlottesville (Virginie, est) lors d'un rassemblement de l'extrême droite d'une ampleur inédite depuis au moins une décennie. Une contre-manifestante antiraciste de 32 ans y a été tuée et 19 personnes ont été blessées par un sympathisant néo-nazi de 20 ans qui a foncé dans la foule avec un véhicule.
Dès le lendemain, l'hébergeur GoDaddy supprimait le site néo-nazi Daily Stormer qui a participé à l'organisation de cette mobilisation "Unite the right".
En général, GoDaddy est soucieux d'éviter toute censure des contenus et respecte la liberté d'opinion et d'expression sur internet.
"Nous avons déterminé, en particulier au vu des événements tragiques de Charlottesville, que Dailystormer.com avait été trop loin en encourageant et en promouvant la violence", a justifié Ben Butler, directeur du département de la délinquance numérique chez GoDaddy.
Le site répudié s'est alors tourné vers l'hébergeur Google Domains, mais son inscription a été rapidement annulée car il "enfreint nos conditions de service", a expliqué à l'AFP une porte-parole de Google.
Semble-t-il visé par le groupe de pirates informatiques Anonymous, Daily Stormer s'est alors retranché dans la partie obscure d'internet --le Dark Web-- où il esquive tout encadrement.
Le réseau social Facebook et le forum de discussion Reddit ont aussi pris des mesures.
- Politique de contenu -Ainsi, Reddit a supprimé le forum "Physical removal" --"Elimination physique"-- prônant que les démocrates soient "éliminés de la société". Certains messages raillaient même Heather Heyer, la femme tuée samedi à Charlottesville.
"Nous faisons de notre mieux pour être une plateforme ouverte et accueillante pour tous en faisant confiance à nos utilisateurs pour maintenir un environnement propice à une conversation sincère et qui respecte notre politique en matière de contenus", a relevé un porte-parole auprès de l'AFP. "Nous avons banni /r/Physical_Removal du fait de la violation des clauses de notre politique de contenus".
Facebook s'emploie en permanence à retirer toute publication visant des personnes à cause de leur race ou faisant l'apologie d'actes violents ou de haine.
La page de la manifestation "Unite the Right" a été retirée pendant le week end, le réseau social ayant conclu qu'elle n'avait pas pour objet de communiquer sur l'événement mais plutôt d'inciter à la violence.
Facebook et sa filiale de partage de photos Instagram ont notamment fermé plusieurs comptes, en particulier celui de Christopher Cantwell, un fer de lance des suprémacistes blancs.
Le site d'amateurs de jeux vidéos Discord a aussi clôturé plusieurs comptes qui servaient, à l'évidence, à propager des idées de nationalisme violent.
Des forums faisaient ouvertement l'éloge d'Adolf Hitler et de l'Holocauste, et participaient à l'organisation de manifestations comme celle de Charlottesville, selon le New York Times.
Outre les réseaux sociaux, des plateformes de levées de fonds ont fait barrage aux initiatives destinées à récolter de l'argent pour James Fields, 20 ans, le jeune néo-nazi responsable de la mort de Heather Heyer lors de ce rassemblement.
Le service américain de paiements en ligne PayPal a assuré "travailler pour faire en sorte que nos services ne soient pas utilisés pour accepter des paiements ou des dons pour des activités faisant la promotion de la haine, de la violence et de l'intolérance raciale", a écrit Franz Paasche, un vice-président du groupe.
"Cela inclut des organisations qui défendent des opinions racistes comme le KKK (Ku Klux Klan), des groupes suprémacistes blancs ou des groupes nazis", a-t-il poursuivi.
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