Capucine MODERATION
Date d'inscription : 12/12/2011 Messages : 7535 Pays : France R E L I G I O N : catholique
| Sujet: Le pape François appelle l’Europe à « redevenir une communauté » Lun 30 Oct 2017, 7:45 am | |
| Le pape François appelle l’Europe à « redevenir une communauté »Nicolas Senèze (envoyé spécial permanent à Rome) , le 29/10/2017 à 16h32 Mis à jour le 29/10/2017 à 17h41 Devant les participants à un dialogue sur l’Europe organisé au Vatican par les évêques de l’Union européenne, le pape a une nouvelle fois développé samedi 28 octobre sa vision du continent. Il a notamment souligné l’importance d’un projet européen qui prenne soin de la personne et de la communauté.
Le pape François, samedi 28 octobre, lors de la clôture de la rencontre organisée pour « repenser l’Europe » . / Migliorato/Cpp/Ciric
Il paraîtrait que le pape argentin ne s’intéresserait pas à l’Europe. C’est pourtant le cinquième grand discours en trois ans que François a adressé au continent européen samedi 28 octobre après-midi devant un aréopage de responsables politiques, religieux, universitaires et de la société civile.
Et, une fois encore, il a tenté de redonner souffle à la construction européenne, décrivant une Europe solidaire fondée sur deux piliers hérités du christianisme : la personne et la communauté.
Dialogue La rencontre que François était venu clore avait été organisée par la Commission des épiscopats de l’Union européenne (Comece) et la Secrétairerie d’État du Saint-Siège pour « repenser l’Europe », 60 ans après les traités de Rome.
Un dialogue où, pendant deux jours, eurodéputés, parlementaires nationaux, ministres, responsables de la Commission et du Parlement, ambassadeurs, chercheurs, évêques et cardinaux ont pu se parler, eux que les débats sur l’Europe avaient parfois éloignés les uns des autres… Samedi matin, les échanges en groupes linguistiques ont ainsi souligné le fossé qui se creuse entre Est et Ouest, notamment sur les questions sociétales.
Une Europe « lieu de dialogue » Dans son long discours, François n’a pas éludé ces difficultés, soulignant que le mot de communauté, choisi par les pères fondateurs, était « le plus grand antidote contre les individualismes qui caractérisent notre temps ». « On comprend mal le concept de liberté, en l’interprétant presque comme s’il s’agissait du devoir d’être seuls, affranchis de tout lien, et par conséquent on a construit une société déracinée, privée du sens d’appartenance et d’héritage », a-t-il estimé.
Mais avec cette intervention, le pape a surtout voulu insuffler un nouvel élan à une Europe décrite comme un « lieu de dialogue » plutôt que celui des « hurlements des revendications » où « le bien commun n’est plus l’objectif primaire », ce qui offre un « terrain fertile » aux « formations extrémistes et populistes qui font de la protestation le cœur de leur message politique, sans toutefois offrir l’alternative d’un projet politique constructif ».
Il a ajouté : « Une Union européenne qui, en affrontant ses crises, ne redécouvrirait pas le sens d’être une unique communauté qui se soutient et s’aide – et non un ensemble de petits groupes d’intérêt – perdrait non seulement l’un des défis les plus importants de son histoire, mais aussi l’une des plus grandes opportunités pour son avenir. » Le pape François est aussi revenu sur la question des migrants, selon lui « une ressource plus qu’un poids » pour le continent.
« Redécouvrir la valeur de son propre passé » Revenant sur ce qui avait fait tant de bruit en 2014 à Strasbourg, quand il avait comparé l’Union à une « grand-mère » fatiguée, le pape a précisé que cette « stérilité » de l’Europe n’est pas uniquement le fait de « l’hiver démographique » et de l’avortement, mais surtout d’un « conflit des générations sans précédent » depuis les années 1960 : « À la tradition, on a préféré la trahison. »
« On s’est découverts incapables de transmettre aux jeunes les instruments matériels et culturels pour affronter l’avenir », a-t-il insisté, regrettant que l’Europe vive « une sorte de déficit de mémoire ». « Redevenir une communauté solidaire signifie redécouvrir la valeur de son propre passé, pour enrichir le présent et transmettre à la postérité un avenir d’espérance. » Cette question de l’éducation est revenue régulièrement dans les débats.
« Après un tel discours, on ne peut pas simplement applaudir et repartir », reconnaît l’ancien premier ministre italien Enrico Letta. Pour celui qui préside aujourd’hui l’Institut Jacques-Delors, « il faut aujourd’hui à l’Europe des politiques migratoires différentes, des politiques de solidarités différentes ». « La réflexion n’est pas terminée, nous avons encore un gros travail à faire, mais il était bien que des chrétiens prennent l’initiative d’un tel débat », assure de son côté Mairead McGuinness, vice-présidente du Parlement européen.
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« Le caractère concret de la personne humaine est réduit à un principe abstrait »
Extrait du discours du pape François devant le dialogue « (Re)thinking Europe » organisé par la Comece, samedi 28 octobre au Vatican.
- Citation :
« La première, et peut-être la plus grande contribution que les chrétiens peuvent offrir à l’Europe d’aujourd’hui, c’est de lui rappeler qu’elle n’est pas un ensemble de nombres ou d’institutions, mais qu’elle est faite de personnes. Malheureusement, on remarque comment souvent tout débat se réduit facilement à une discussion de chiffres. (…) On en saisit la raison : les personnes ont des visages, elles nous obligent à une responsabilité réelle, active “personnelle” ; les chiffres nous occupent avec des raisonnements, certes utiles et importants, mais ils resteront toujours sans âme. Ils nous offrent l’alibi d’un désengagement, parce qu’ils ne nous touchent jamais dans la chair. »
Nicolas Senèze (envoyé spécial permanent à Rome)
- Spoiler:
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