Retour du terrorisme à Londres : une voiture fonce sur le Parlement
Trois personnes ont été blessées. Le suspect n’était pas connu des services. Il est Britannique, mais originaire d’un autre pays.
LE MONDE | 14.08.2018 à 10h09 • Mis à jour le 15.08.2018 à 07h03 | Par Eric Albert (Londres, correspondance)
Après la série noire de 2017, le Royaume-Uni n’avait pas été secoué par un attentat depuis onze mois. Mardi 14 août, le risque terroriste a ressurgi, quand un homme a sciemment lancé sa voiture vers un groupe de cyclistes et de piétons devant le Parlement britannique, avant de s’encastrer dans les barrières de sécurité. Le bilan est limité : trois blessés, dont deux légers et une femme dont les blessures sont graves mais dont la vie n’est pas en danger.
Rapidement, la police britannique a confirmé qu’elle considérait cet acte comme terroriste. « Etant donné que cela semble être une attaque délibérée, étant donné la méthode et le site iconique choisi, nous traitons cela comme un incident terroriste », a expliqué Neil Basu, qui dirige la branche antiterroriste de Scotland Yard. La motivation du conducteur, qui refuse de coopérer avec la police, n’est pas connue.
Le véhicule, une Ford Fiesta de couleur gris métallisé, avait été conduit la veille de Birmingham à Londres, avant d’être garé dans le centre de la capitale britannique pendant la nuit. Ensuite, le conducteur a tourné pendant plus d’une heure et demie autour de Westminster. Quand il s’est finalement décidé, à 7 h 37, il a fauché à contre-sens cyclistes et piétons qui attendaient au feu rouge, avant de traverser un trottoir, de s’enfoncer entre les barrières de sécurité menant à l’entrée de la chambre des Lords et de s’encastrer dans la barrière. Deux policiers sur place ont juste eu le temps de sauter pour éviter la voiture. Le suspect a immédiatement été arrêté.
« J’ai vu un homme qui conduisait très vite vers le Parlement, a expliqué à la BBC Jason, un témoin. Il allait assez vite, je dirais à 40-50 miles par heure [65-80 km/h] dans une zone qui est limitée à 20 miles par heure. Selon moi, c’était un acte délibéré. La voiture n’a pas fait d’embardées, c’était un choc délibéré. »
L’attaque semble avoir été peu préparée
Le suspect, dont le nom n’a pas été révélé, n’était pas connu des services de renseignements. Il habitait Birmingham et avait 29 ans. Il est Britannique, mais originaire d’un autre pays, selon Ben Wallace, secrétaire d’Etat chargé de la sécurité intérieure. Le Guardian affirme qu’il venait du Soudan. Dans l’après-midi, la police a fouillé deux propriétés à Birmingham et une à Nottingham, en lien avec l’enquête. Selon les voisins ce celle située à Nottingham, six Soudanais habitaient l’appartement qui intéressait les forces de l’ordre.
L’attaque semble avoir été peu préparée. Elle s’est déroulée alors que le Parlement est en vacances, a été réalisée avec une petite voiture peu puissante, et le suspect n’avait pas d’arme avec lui. Elle sert néanmoins de rappel que la menace terroriste demeure classée « sévère », le deuxième niveau le plus élevé.
Depuis mars 2017, treize attentats islamistes et quatre d’extrême-droite ont été déjoués par les autorités britanniques, selon le porte-parole de la première ministre Theresa May. Fin juin, il y avait 676 enquêtes terroristes en cours. Entre 2000 et 2017, 2 029 arrestations ont eu lieu pour des activités terroristes, dont 412 rien qu’en 2017.
Cette année-là, le Royaume-Uni a été secoué par une vague d’attentats. Le premier, faisant cinq morts, s’était déroulé le 22 mars 2017, à quelques dizaines de mètres de l’attaque de ce mardi. Un Britannique de 52 ans, Khalid Masood, avait lancé sa voiture sur le trottoir du pont, fauchant les passants. Il avait ensuite réussi à entrer dans la cour située devant Westminster, poignardant à mort un officier de police. De nouvelles mesures de sécurité ont depuis été mises en place autour du Parlement.
Les attentats suivants ont eu lieu lors d’un concert le 22 mai 2017 à Manchester (23 morts), sur London Bridge le 3 juin 2017 (8 morts), et à la station de métro de Parsons Green, à Londres, le 15 septembre 2017 (l’explosif n’a pas fonctionné comme prévu, ne faisant que des blessés). Un attentat islamophobe a aussi été commis le 19 juin 2017, quand un homme a lancé sa voiture sur un groupe de musulmans sortant d’une mosquée, faisant un mort.
https://www.lemonde.fr/europe/article/2018/08/14/a-londres-une-voiture-fonce-sur-les-barrieres-de-securite-du-parlement-et-fait-plusieurs-blesses_5342214_3214.html