Capucine MODERATION
Date d'inscription : 12/12/2011 Messages : 7534 Pays : France R E L I G I O N : catholique
| Sujet: Le Mouvement de libération des femmes a 50 ans Mer 26 Aoû 2020, 1:56 am | |
| Le Mouvement de libération des femmes a 50 ansCe mercredi 26 août, le Mouvement de libération des femmes souffle sa cinquantième bougie. Un anniversaire symbolique alors que le féminisme, ravivé par le phénomène MeToo, discute encore de l’héritage de ces pionnières des années 1970.
- Emilie Spertino,
- le 26/08/2020 à 07:08
- Modifié le 26/08/2020 à 14:38
Le 26 août 1970, place de l'Etoile à Paris.[size=12]AFP[/size] Le 26 août 1970, neuf femmes tentent de déposer sous l’Arc de triomphe à Paris une gerbe pour la femme du soldat inconnu, mais elles sont aussitôt arrêtées par les forces de l’ordre. Ce jour-là, les médias se font l’écho d’une naissance, celle du Mouvement de libération des femmes. Un événement qui fera date. Le MLF, héritier de la contre-culture de Mai 68 « C’est le compte rendu que les journaux ont fait de cette manifestation qui a provoqué mon envie de m’engager au sein de ce jeune mouvement dont les actions me paraissaient assez amusantes », se souvient Liliane Kandel, sociologue du féminisme ayant longtemps collaboré aux Temps modernes, revue cofondée par Simone de Beauvoir. « Il y avait de tout au sein du MLF ! Des intellectuelles mais aussi des étudiantes qui retardaient leur entrée dans la vie active et qui avaient soif d’en apprendre davantage sur l’histoire des femmes, alors très méconnue à l’époque », explique celle qui a vécu les premières années d’un mouvement féministe inédit.Dès son origine, le Mouvement de libération des femmes détonne dans le paysage politique. Nulle carte d’adhérente, un mode d’organisation informel et non hiérarchisé. « Le MLF est l’héritier de la contre-culture de 1968, et c’est aussi ce qui constitue son originalité », explique Florence Rochefort, historienne du féminisme et co-autrice de Ne nous libérez pas, on s’en charge (éd. La Découverte, 2020). L’intime devient politique Avant le MLF, « il existait déjà des mouvements féministes mais là, c’est la première fois qu’on affirme que « le privé est politique ». C’est un mouvement de provocation qui voulait vraiment changer la société avec une ambition très forte, poursuit Florence Rochefort. Le MLF met en mots des thématiques nouvelles, comme le droit de disposer de son corps, avec la revendication de l’avortement et de la contraception, mais aussi la lutte contre les violences sexuelles, et notamment du viol. »
Pour l’historienne Florence Rochefort, c’est cet intérêt pour le corps et l’intime qui font du MLF « une rupture dans l’histoire du féminisme ». Quant à Liliane Kandel, elle se remémore ces débats, souvent vifs. « Dans les années 1970, les pages débats des journaux, notamment Libération, étaient remplies de tribunes ou de contre-tribunes sur le viol, c’était passionnant. » Les modes d’action de ces nouvelles militantes féministes font aussi, à l’époque, figure de petite révolution. Il y a les réunions non-mixtes bien sûr mais aussi « des actions symboliques qui visent à faire réfléchir », selon les termes de Florence Rochefort. « L’héritage sans testament » du MLF Qu’en reste-t-il, 50 ans après ? « L’héritage du MLF imbibe toute la société, répond Liliane Kandel. Aujourd’hui, on ne peut plus être machiste comme les hommes des années 1970. Le viol est un crime et le droit des femmes à disposer de leur corps fait partie de l’ADN de notre République. » Accès à la contraception, dépénalisation de l’avortement, reconnaissance du viol comme crime ou encore lutte pour la parité en politique, l’héritage du MLF imprègne encore les mouvements féministes actuels.
Mais au sein de cet héritage aussi, MeToo marque une rupture. « Le MLF a laissé un héritage sans testament, analyse Florence Rochefort. Il a permis de faire émerger des sujets qui sont toujours travaillés par les féministes actuelles. Mais on a assisté à la montée d’une nouvelle génération de féministes, qui ne connaissaient pas forcément le MLF, et qui ont vécu, lors de MeToo, une prise de conscience collective semblable à celle qu’avaient connue les militantes de 1970. »
Si de nombreuses jeunes militantes ignorent souvent l’histoire du MLF, certaines revendications du féminisme dit « intersectionnel » trouvent germe au sein de la première vague féministe. « Il faut se souvenir de l’influence énorme du marxisme et de l’antiracisme dans les années 1970. Mais la domination masculine venait en surplomb de tout ça alors qu’aujourd’hui, ces dominations sont vues comme étroitement imbriquées les unes dans les autres. On peut donc voir aussi bien une continuité qu’un renouveau de la pensée féministe », achève l’historienne.
https://www.la-croix.com/France/Le-Mouvement-liberation-femmes-50-ans-2020-08-26-1201110776? |
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