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 Saint Augustin : 28 août

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MessageSujet: Saint Augustin : 28 août   Saint Augustin : 28 août Icon_minipostedJeu 27 Aoû 2020, 9:46 pm

Le jour où saint Augustin a rompu avec le manichéisme




Saint Augustin : 28 août WEB-05-SAINT-AUGUSTINE-PHILOSOPHER-BISHOP-PD

Aliénor Goudet | 28 août 2020


Le chemin de conversion de saint Augustin fut un périple long qui dura plus de quatorze ans. Sa quête de sagesse le fera passer par le manichéisme dont il condamnera plus tard les principes creux et blasphématoires. Imaginons sa rupture avec le manichéisme et l’aurore de son éveil à la chrétienté.





Rome, 382. En sortant d’un énième cours de la journée, un soupir las s’échappe des lèvres d’Augustin. D’un pas lourd, il se rend chez l’évêque Fauste, le chef des manichéens, qui l’a invité à partager un repas avec quelques amis. À son arrivé à Rome, Augustin pensait que le métier de rhéteur lui permettrait de se confronter à d’autres grands penseurs et aiguiser encore plus son esprit assoiffé de sagesse. Quelle déception de voir que la plupart de ses confrères manichéens ne sont que des marchands qui ne remettent rien en cause et se proclament sages rien qu’en suivant les rites ordonnés par les élus. 


Même Fauste de Milève, l’évêque dont on lui a vanté les qualités de grand sage, s’avère être plus doué pour éviter les questions que pour y répondre. Il prêche les enseignements de Mani sans expliquer le comment du pourquoi et se défile lorsqu’on l’interroge. Et savoir que lui-même enseigne ainsi agace profondément le jeune rhéteur. Mais à présent, c’est comme vendre du vent, et le sentiment d’être un imposteur ne le quitte plus. Voilà donc Augustin condamné depuis plusieurs mois à se poser lui-même les questions dont il espérait débattre avec d’autre chercheurs de vérité.


Une question en particulier le travail : celle du dualisme ontologique, qui voit le mal comme une part indéniable de l’homme, et responsable de tous ses mauvais actes. Ce principe même qui l’a séduit et mené au manichéisme il y a presque neuf ans de cela. L’homme est-il réellement impuissant face aux ténèbres ? 


Une fois chez Fauste, on le mène à la salle des fêtes, mais Augustin se fige devant l’entrée. Une corbeille de fruits attire son regard et un vieux souvenir lui vient à l’esprit; le souvenir de son crime. Il avait 16 ans à l’époque. Une bande d’amis l’avait suivie dans le verger voisin et ils y avaient volé des poires. Et sans même avoir croqué dedans, les avaient jeté aux cochons. Il se souvient très clairement de la fierté de son coup, des ricanements de ses amis aussi mauvais que lui à l’égard du fermier qui n’avait pu les rattraper… Et de la honte qu’il avait éprouvé devant sa mère. 




– Ah, Augustin, te voilà ! s’exclame Fauste s’approchant pour l’accueillir. Joins-toi donc à nous. 


– J’ai une question pour toi, Fauste. Tout homme à en lui la substance du mal et celle du bien. C’est bien là ce que l’on enseigne ?


La surprise ne manque pas de se manifester sur le visage de l’évêque. Il ne s’attendait certainement pas à être interrogé ainsi chez lui. Mais Fauste se reprend vite. 


– C’est exact. L’homme est fait de lumière et de ténèbres.



– Ce n’est donc pas moi mais le mal en moi qui est responsable de mes mauvais actes ?
– En effet. 


– Alors pourquoi punir les criminels s’ils ne sont pas responsables ? 


– Pour empêcher leurs actes d’affecter autrui, bien entendu. 


– Dans ce cas, à quoi bon jeûner et prier pour se purifier si je ne peux résister ou chasser le mal en moi ? 


Cette soudaine clarté d’esprit surprend Augustin autant que son hôte. Comme s’il avait enfin réussi à dégager ce qui bloquait son raisonnement depuis des mois. 


– L’homme est-il libre, Fauste ? demande-t-il alors. Et Dieu est-il tout puissant ? 


– Bien entendu ! Essaierais-tu de me faire blasphémer ? Je n’aime guère ce que tu insinue.


– Si l’homme est libre, c’est donc qu’il a le choix. Le choix de choisir le bien ou le mal. 
Sans ajouter un mot, Augustin quitte la maison où jamais il ne reviendra. 


C’est la rencontre avec saint Ambroise et la Parole qui achève de ramener Augustin au christianisme. Après sa conversion, ce dernier devient évêque sans jamais interrompre sa recherche de vérité. Il meurt le 28 août 430, et est canonisé et nommé docteur de l’Eglise en 1298 par le pape Boniface VIII. 


Les écrits intemporels de saint Augustin sont encore aujourd’hui des œuvres incontournables pour toute personne en quête de sagesse.




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MessageSujet: Re: Saint Augustin : 28 août   Saint Augustin : 28 août Icon_minipostedJeu 27 Aoû 2020, 9:51 pm

Saint Augustin, première victime des « fake news »


Saint Augustin : 28 août Schermata-2017-07-16-a-05-54-11



Giovanni Marcotullio | 10 septembre 2017



Comment la citation « La mesure de l’amour c’est d’aimer sans mesure » tirée du « De diligendo De » de saint Bernard de Clairvaux a-t-elle fini dans la bouche de l’évêque d’Hippone ?



Bobards, canulars, contre-vérité, erreurs d’information ou de communication… Les fake news (ou « fausses informations ») nous échappent souvent, tant les occasions de divulguer des nouvelles imprécises, par raccourci ou gain de temps, sont devenues illimitées. Les citations inventées, surtout, sont devenues une spécialité. Comme celle-ci, largement véhiculée sur internet, des plus cocasses : « L’embêtant de Facebook c’est que tu ne peux jamais savoir quand une citation est juste ou pas », attribuée à William Shakespeare.



La « pseudo-épigraphie », ancêtre des « fake news »



Le phénomène n’est pourtant pas nouveau. De mémoire historique, cela a toujours existé. Les spécialistes parlent de « pseudo-épigraphie », souvent commise en toute bonne foi, car vue comme un moyen pour donner plus de relief à des idées auxquelles l’auteur tient particulièrement. 


L’un des grands auteurs de la littérature occidentale largement cité n’est autre que saint Augustin, l’indomptable évêque d’Hippone, fort et gentil, aussi délicat et sensuel qu’ascétique et sévère, orateur très plaisant et admirable écrivain, chantre de la foi qui réchauffe le cœur et artisan d’une synthèse doctrinale hors pair (du moins dans le monde latin)… Bref, saint Augustin avait tous les atouts pour plaire. Atouts qui lui avaient déjà valu quelque « ennui éditorial », comme il le révèle lui-même dans les Retractationes 




Citation :
« J’ai composé, en plusieurs années, quinze livres sur la Trinité, qui est Dieu. Mais comme je n’en avais pas encore achevé douze, et que je les retenais trop longtemps au gré de ceux qui désiraient vivement les avoir, ils me furent soustraits, étant beaucoup moins corrigés qu’ils ne devaient et pouvaient l’être quand je les aurais voulu éditer. Lorsque je l’ai su, et que j’ai appris que d’autres exemplaires étaient restés parmi nous, j’avais résolu de ne pas les publier moi-même, mais de les garder tels et d’avertir dans quelqu’un de mes autres ouvrages, de ce qu’ils étaient devenus. Cependant mes frères m’ont tellement pressé que je n’ai pu résister ; j’ai corrigé autant que je l’ai cru nécessaire ; j’ai complété et publié… » Augustin, Rétractations II, 15.1


Encore aujourd’hui, de toute évidence, les citations de saint Augustin attirent et sont largement diffusées sur les réseaux sociaux. Deux surtout sont très répandues : « Aime et fais ce que tu veux » et « La mesure de l’amour c’est d’aimer sans mesure ».

La première des deux phrases a vraiment été écrite par saint Augustin —  bien qu’après avoir pris soin de lire tout le passage, on se rend compte que le sens est pratiquement à l’opposé de celui compris au premier abord. Dans la septième homélie sur la première lettre de saint Jean, on lit en effet :

Citation :
« Voyez un point sur lequel nous attirons votre attention : les actions humaines ne se distinguent les unes des autres qu’en les rapportant à la racine de la charité. Car on peut accomplir beaucoup d’actions qui ont bonne apparence, tout en ne provenant pas de la racine de la charité. Car les épines ont des fleurs elles aussi. Certaines choses paraissent dures, pénibles, mais on les accomplit pour corriger, inspiré par la charité. Ainsi voilà une fois pour toutes le court précepte qu’on te dicte : “Aime et fais ce que tu veux ! Si tu te tais, tu te tais par amour ; si tu cries, tu cries par amour ; si tu corriges, tu corriges par amour ; si tu épargnes, tu épargnes par amour. Qu’au dedans se trouve la racine de la charité. De cette racine rien ne peut sortir que de bon” ». Augustin, Commentaire de la lettre de saint Jean 7, 8


En revanche, la seconde citation n’est pas d’Augustin. Il est certain que celui-ci n’a jamais dit : « La mesure de l’amour c’est d’aimer sans mesure ». Il aurait certes pu le dire : qui connaît d’un peu plus près l’évêque d’Hippone sait que cette question lui tient à cœur, d’un point de vue philosophique aussi. Donc, qu’il se soit interrogé, à un certain moment de son inépuisable reproduction, sur « la mesure de l’amour », n’aurait finalement rien d’étonnant.

Comment remonter à la « probable vérité » ?


Pourtant, quand vous faites une recherche sur Google, la phrase apparaît de nombreuses fois. Mais aucun des résultats est en mesure d’offrir au lecteur la citation précise et sa provenance exacte, c’est-à-dire remonter à l’œuvre dans laquelle Augustin aurait prononcé ces mots, dans quel contexte etc. Ceci devrait déjà nous mettre la puce à l’oreille car, quand il s’agit d’auteurs auteurs célèbres, sur 100 sources, la moitié indique la provenance. Si elles ne le font pas, c’est qu’il y a anguille sous roche.

Le principe est de repérer dans l’œuvre de saint Augustin les divers endroits où les mots « mesure » et « amour » reviennent en binôme. Mais celui qui paraît se rapprocher le plus du sens de la citation recherchée dit une chose complètement différente, qui est presque son contraire. On peut alors essayer de voir ce que cela donne dans la langue originale, ce qu’il ressort d’une nouvelle recherche : dans le cas présent la tache est assez simple car, bien que le latin connaisse plusieurs mots pour dire « mesure » et « amour », la phrase « mensura amoris sine mensura amare » est encore une fois en tête des mots clefs indexés par Google. Cela ne veut pas dire qu’Augustin a déjà écrit une chose pareille — ni qu’en latin cette phrase s’écrivait vraiment de cette façon.

Quel est le fort indice qui doit nous mettre la puce à l’oreille ? Le fait qu’une recherche produise certes des résultats, mais qu’aucune ne renvoie à un livre imprimé : à savoir que Google ne connaît aucun livre dans lequel cette phrase, dans ce latin-là, est reportée. Un peu étrange tout de même, quand on sait qu’Augustin est mort en l’an 430 après J.-C. et que depuis, ses livres ont été continuellement copiés, cités, interpolés et plagiés. Et personne ne rapporterait cette citation ?

Révélations


En fait, la phrase en question, c’est Bernard de Clairvaux qui l’a écrite, et non Augustin d’Hippone. On la trouve au chapitre I de son Traité sur l’Amour de Dieu (De diligendo Deo – Le devoir d’aimer Dieu), composé après 1126 mais pas au-delà des années trente du XIIe siècle. Voilà ce qu’il y est dit exactement :


Citation :
« Vous voulez donc que je vous dise pourquoi et comment on doit aimer Dieu ? Je réponds brièvement : la raison pour laquelle on aime Dieu, c’est Dieu lui-même ; et la mesure de cet amour, c’est de l’aimer sans mesure ».


Étrange. Un fan de Prince n’aurait jamais attribué à Michael Jackson une chanson de son benjamin, et l’abbé de Clairvaux n’est certes pas moins célèbre que l’évêque d’Hippone. Alors qu’a-t-il pu se passer ? Vraisemblablement — et il est important de le comprendre pour voir comment naissent certaines pseudo-épigraphies involontaires – de la façon suivante :

– D’abord quelqu’un aura lu la phrase de départ, celle de Bernard : si claire et si belle, au début de son œuvre, synthétique et puissante. Il l’aura notée et l’aura utilisée oralement ou par écrit, traduite ou en latin (peut-être bien en citant la source) ;

– Quelque lecteur/auditeur de ce premier homme aura été frappé par la phrase, au
 point de la mémoriser, et l’aura citée (toujours plus probablement sans indications précises) ;

– Tôt ou tard, à quelqu’un ce vide d’attribution aura commencé à peser, et il aura alors choisi – soit pour faire vite ou par conviction sincère – quelqu’un à qui attribuer la paternité de la phrase (dans ce cas Augustin) et l’aura cité en l’indiquant comme l’auteur ;

– Cette même personne, ou une autre, fait une rétroversion de la phrase pour donner plus de crédit à cette attribution (ici la rétroversion a été particulièrement trompeuse car ont été choisis les mots les plus communs pour « mesure » et «  amour », alors que Bernard de Clairvaux écrit « modus » et non « mensura ») ;

– À ce stade, il peut arriver (et cela arrive) que la phrase soit citée avec tous les critères d’officialité – en latin aussi, ou d’un pupitre, voire jusque dans la bouche d’un évêque… – et que tout le monde finisse par être sûr de sa paternité, Augustin, alors que personne ne sait indiquer dans quel texte se trouve la phrase.

À qui la faute ?


Ce n’est la faute de personne, comme n’y était pour rien Johann Amerbach, en 1506, à Bâle, quand il a donné à la presse (cette nouvelle technologie qui promettait des merveilles !) l’editio princeps des œuvres de saint Augustin, en 11 volumes. Celui-ci n’avait pas d’excellentes sources mais s’était donné beaucoup de mal, pendant des années, pour échapper à ces pseudo-épigraphies (et certains ont été très forts, entre les Ve et VIIe siècles, à chercher à écrire comme écrivait Augustin). Dans la préface du premier tome il s’adresse au patient lecteur, s’excusant avec lui si par hasard, quelque « faux » avait réussi à passer entre ses griffes : « Ne me donnez pas la faute, car j’ai fait ce que j’ai pu : donnez la faute à l’incroyable célébrité de l’auteur ».

Oui, le problème des fake news et des attributions incorrectes est aussi vieux que le mot dans la bouche des hommes, et il réapparaît à chaque fois que les moyens de la parole humaine se sont faits plus puissants. D’autres fois, comme pour cette phrase d’Augustin, la confusion et l’erreur sont probablement accidentelles. En fin de compte, ce qui est beau là-dedans, c’est qu’on ait toujours cherché à progresser dans la connaissance de la vérité.

Au fond « Qu’importe ! De toute façon, que ce soit avec des arrière-pensées ou avec sincérité, le Christ est annoncé, et de cela je me réjouis. Bien plus, je me réjouirai encore », disait saint Paul (Phil 1, 18)… même si quelqu’un attribue la citation à Mark Zuckerberg.

Article traduit et adapté de l’italien par Isabelle Cousturié




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MessageSujet: Re: Saint Augustin : 28 août   Saint Augustin : 28 août Icon_minipostedSam 29 Aoû 2020, 2:58 am

Capucine a écrit:
Le jour où saint Augustin a rompu avec le manichéisme




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Aliénor Goudet | 28 août 2020


Le chemin de conversion de saint Augustin fut un périple long qui dura plus de quatorze ans. Sa quête de sagesse le fera passer par le manichéisme dont il condamnera plus tard les principes creux et blasphématoires. Imaginons sa rupture avec le manichéisme et l’aurore de son éveil à la chrétienté.







Rome, 382. En sortant d’un énième cours de la journée, un soupir las s’échappe des lèvres d’Augustin. D’un pas lourd, il se rend chez l’évêque Fauste, le chef des manichéens, qui l’a invité à partager un repas avec quelques amis. À son arrivé à Rome, Augustin pensait que le métier de rhéteur lui permettrait de se confronter à d’autres grands penseurs et aiguiser encore plus son esprit assoiffé de sagesse. Quelle déception de voir que la plupart de ses confrères manichéens ne sont que des marchands qui ne remettent rien en cause et se proclament sages rien qu’en suivant les rites ordonnés par les élus. 


Même Fauste de Milève, l’évêque dont on lui a vanté les qualités de grand sage, s’avère être plus doué pour éviter les questions que pour y répondre. Il prêche les enseignements de Mani sans expliquer le comment du pourquoi et se défile lorsqu’on l’interroge. Et savoir que lui-même enseigne ainsi agace profondément le jeune rhéteur. Mais à présent, c’est comme vendre du vent, et le sentiment d’être un imposteur ne le quitte plus. Voilà donc Augustin condamné depuis plusieurs mois à se poser lui-même les questions dont il espérait débattre avec d’autre chercheurs de vérité.


Une question en particulier le travail : celle du dualisme ontologique, qui voit le mal comme une part indéniable de l’homme, et responsable de tous ses mauvais actes. Ce principe même qui l’a séduit et mené au manichéisme il y a presque neuf ans de cela. L’homme est-il réellement impuissant face aux ténèbres ? 


Une fois chez Fauste, on le mène à la salle des fêtes, mais Augustin se fige devant l’entrée. Une corbeille de fruits attire son regard et un vieux souvenir lui vient à l’esprit; le souvenir de son crime. Il avait 16 ans à l’époque. Une bande d’amis l’avait suivie dans le verger voisin et ils y avaient volé des poires. Et sans même avoir croqué dedans, les avaient jeté aux cochons. Il se souvient très clairement de la fierté de son coup, des ricanements de ses amis aussi mauvais que lui à l’égard du fermier qui n’avait pu les rattraper… Et de la honte qu’il avait éprouvé devant sa mère. 




– Ah, Augustin, te voilà ! s’exclame Fauste s’approchant pour l’accueillir. Joins-toi donc à nous. 


– J’ai une question pour toi, Fauste. Tout homme à en lui la substance du mal et celle du bien. C’est bien là ce que l’on enseigne ?


La surprise ne manque pas de se manifester sur le visage de l’évêque. Il ne s’attendait certainement pas à être interrogé ainsi chez lui. Mais Fauste se reprend vite. 


– C’est exact. L’homme est fait de lumière et de ténèbres.



– Ce n’est donc pas moi mais le mal en moi qui est responsable de mes mauvais actes ?
– En effet. 


– Alors pourquoi punir les criminels s’ils ne sont pas responsables ? 


– Pour empêcher leurs actes d’affecter autrui, bien entendu. 


– Dans ce cas, à quoi bon jeûner et prier pour se purifier si je ne peux résister ou chasser le mal en moi ? 


Cette soudaine clarté d’esprit surprend Augustin autant que son hôte. Comme s’il avait enfin réussi à dégager ce qui bloquait son raisonnement depuis des mois. 


– L’homme est-il libre, Fauste ? demande-t-il alors. Et Dieu est-il tout puissant ? 


– Bien entendu ! Essaierais-tu de me faire blasphémer ? Je n’aime guère ce que tu insinue.


– Si l’homme est libre, c’est donc qu’il a le choix. Le choix de choisir le bien ou le mal. 
Sans ajouter un mot, Augustin quitte la maison où jamais il ne reviendra. 


C’est la rencontre avec saint Ambroise et la Parole qui achève de ramener Augustin au christianisme. Après sa conversion, ce dernier devient évêque sans jamais interrompre sa recherche de vérité. Il meurt le 28 août 430, et est canonisé et nommé docteur de l’Eglise en 1298 par le pape Boniface VIII. 


Les écrits intemporels de saint Augustin sont encore aujourd’hui des œuvres incontournables pour toute personne en quête de sagesse.




https://fr.aleteia.org/2020/08/28/le-jour-ou-saint-augustin-a-rompu-avec-le-manicheisme/?utm_campaign=NL_fr&utm_source=daily_newsletter&utm_medium=mail&utm_content=NL_fr


A propos de Saint AUGUSTIN , j'ai un petit pdf à te proposer

http://excerpts.numilog.com/books/9782746516571.pdf

Mais Augustin, le philosophe converti, veut signi-fier par là l’abîme existant entre les textes profanes de la philosophie –marqués du sceau de la dissemblance, voire de la contradiction– qu’il a d’abord consultés, et les textes sacrés –unifiés par la vérité révélée qu’ils contiennent. Il a découvert ces derniers plus tardi-vement. Ils furent pour lui la source d’un boulever-sement spirituel, qui l’amena à épouser la religion chrétienne. La méditation des «Écritures du Christ»(ipsissima verba Christi) –et notamment les Épîtres pauliniennes– fut, en effet, la cause principale de la conversion augustinienne. «Je vis apparaître sous un seul visage les paroles saintes, et j’appris à exulter en tremblant» (Confessions, VII, XXI, 27). Il voit l’unité, SOCRATE ET JÉSUS26

la consonance des «Écritures du Christ», non la mul-tiplicité, la dissonance qui le gênaient et le troublaient dans les textes profanes.Cette perception aiguë de l’unité du message chris-tique transmise correctement par les apôtres amènera Augustin à écrire un traité sur L’Accord des évangé-listes (De Consensu Evangelistarum), pour convaincre précisément ceux qui sont enclins à critiquer la vérité de l’Évangile, sous prétexte qu’il n’aurait pas été écrit par JESUS lui-même (Les Révisions, II, XVI [XLIII]). Le dessein apologétique du philosophe chrétien desive-vesiècles vise à mettre l’accent sur la vérité unique, unitaire et unifiante des écrits néotestamentaires.Thomas d’Aquin le rejoindra sur ce point, huitsiècles plus tard, dans la Somme théologique (Tertia pars, Q.42, art.4). À la question «Le Christ devait-il enseigner seulement par la parole, ou aussi par l’écrit?» Thomas d’Aquin répond en insistant sur le caractère essentiellement vivant de la Révélation et de sa trans-mission, mis en lumière par la décision de JESUS de ne pas consigner son message. Écrire aurait été pour lui fixer, figer, enfermer une vérité qui doit au travers dessiècles se transmettre par la médiation apostolique d’abord, ecclésiale ensuite. Longue chaîne d’une trans-mission que rien ne doit interrompre ou immobiliser et surtout pas le geste inaugural de son fondateur. L’enseignement du Christ, pour rester parole de vie, ne devait pas être écrit par lui. «Ceux qui n’ont pas voulu croire les écrits des apôtres sur le Christ n’au-raient pas cru davantage au Christ écrivain, car ils pensaient que ses miracles étaient accomplis par des procédés magiques.» Telle est la réponse dernière du docteur médiéval à la question posée.

Pythagore ou Socrate, sur le terrain profane, a opté en toute connaissance de cause pour la parole vivante .

J'avais écrit et publié :à voir aussi .
https://www.forum-religions.com/t16509-le-christianisme-n-est-pas-une-religion-du-livre
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