Les témoignages
Des auteurs modernes de la fin du 18ème ont commencé à mettre en doute l'historicité de Jésus, sur des bases inexactes héritées des traditions de l'"âge des ténèbres". Puis d'autres leur ont emboîté le pas du 19ème siècle à aujourd'hui. On doit à leurs ouvrages de nouvelles figures de styles, et un nouveau genre littéraire qui ne résiste pas à l'analyse. Plutôt que de se livrer à la contre-argumentation, n'est-il pas préférable d'écouter, tout comme un juge, les différents témoignages puis de délibérer.
En effet, certains pourraient penser que l'on trouve relativement peu d'allusions à Jésus-Christ et à ses disciples dans les écrits des deux premiers siècles de notre ère que nous connaissons aujourd'hui. Les faits montrent néanmoins que, du haut de leur grandeur, les historiens profanes considéraient le christianisme naissant comme une petite secte obscure, issue des Juifs méprisés, une nouvelle et pernicieuse superstition cherchant à ruiner l'idolâtrie généralement admise à cette époque.
Par conséquent, il n'y a guère de raisons pour penser qu'un historien païen écrivant sur son temps et ne portant aucun intérêt personnel aux chrétiens, fasse de fréquentes allusions à ces derniers ou soit très précis dans son récit. A plus forte raison aurions-nous tort d'espérer que des hommes de lettres de la même époque, dont le genre littéraire n'eut peut-être rien à voir avec le christianisme, s'écartent de leur sujet pour en parler. Cependant, après examen, on s'aperçoit que bon nombre d'écrivains païens ont, d'une façon ou d'une autre, reconnu l'existence et l'expansion du christianisme au cours des deux premiers siècles.
Note : Les latins avaient un mépris non déguisé pour ce qui concernait Jérusalem. Quelques 70 ans avant notre ère, Cicéron dira de la grande ville que c'était "une bicoque". On peut aisément comprendre que l'on parla peu de ce qui se passait à Jérusalem, tout au moins d'une manière publique. Surtout qu'au début, les chrétiens ont été assimilés à une secte juive dissidente, dont le maître était mort.
Le témoignage juif
Tout d'abord, il y a le témoignage des premiers écrits talmudiques. Après avoir étudié soigneusement leur témoignage, Joseph Klausner, célèbre savant juif, déclara que les "premiers récits talmudiques sur Jésus confirment à la fois l'existence et le caractère général de Jésus" ("Jesus of Nazareth", p. 20). La contradiction porte sur les moyens des miracles mais pas sur les événements. Ils ne mettent pas en doute la naissance de Jésus mais le caractère miraculeux de celle-ci, ils ne nient pas les guérisons et attribuent à Jésus des pouvoirs miraculeux non de par Dieu, mais par magie.
Un historien juif du Ier siècle, Flavius Josèphe, signale la lapidation de "Jacques, frère de Jésus, nommé Christ" ("Histoire ancienne des Juifs", traduction d'Arnauld d'Andilly, livre XX, chapitre VIII, paragraphe 1). Dans le livre XVIII, chapitre IV, paragraphe 3, il est directement question de Jésus, en des termes très favorables. Certains doutent de l'authenticité de ce passage et ils affirment qu'il a été soit ajouté ultérieurement, soit embelli par les chrétiens. Toutefois, il est admis que les mots utilisés et le style sont fondamentalement ceux de Josèphe. De plus, ces quelques lignes figurent dans tous les manuscrits disponibles. D’ailleurs quiconque lit son ouvrage remarquera que Joseph donne force détails sur les personnages peu connus, et moins sur ceux pour qui il ne peut y avoir de confusion, ce qui est le cas de Jacques et Jésus.
Le témoignage des historiens romains.
Comme les écrits de Pausanias et d'Appien, parmi les historiens grecs, ainsi que ceux de Tite-Live, Paterculus, Valère-Maxime, Justin et Florus, parmi les historiens latins, embrassent une période antérieure à celle du règne de Tibère, il n'est pas étonnant qu'ils n'aient pas parlé du christianisme. Mais Tacite qui n'appréciait guère le christianisme, raconte les persécutions cruelles que Néron infligeait aux chrétiens. On le range parmi les premiers historiens profanes de l'antiquité pour ce qui est de l'exactitude et de la justesse du jugement. Il naquit vers l'an 54 de notre ère. Dans le livre 15 des Annales, il raconte comment un bruit courut qui accusait Néron de l'incendie de Rome; puis il écrit au paragraphe 44 ce qui suit:
" Pour étouffer cette rumeur, Néron fournit des accusés et infligea les supplices les plus raffinés à des gens haïs pour leurs abominations, auxquels la foule donnait le nom de chrétiens. Tacite ajoutait cette précision: "Ce nom [chrétiens] leur vient de Christ, qui, sous Tibère, fut livré au supplice par le procurateur Pontius Pilatus. Réprimée sur le moment, cette exécrable superstition perçait de nouveau, non seulement dans la Judée, berceau du mal, mais à Rome même. "On ajouta des moqueries de toutes sortes à leurs supplices: c'est ainsi que, couverts de peaux de bêtes, Ils mouraient déchirés par des chiens, ou bien on les clouait à des croix, ou encore ils étaient voués au feu, et brûlaient pour servir de lumière nocturne quand s'éteignait la lumière du jour". Mais ils ne cédaient pas! (Annales, livre XV, paragraphe 44.)
Il suffisait d'offrir de l'encens à l'empereur pour échapper à ces traitements cruels. Mais les premiers chrétiens ne faisaient pas de compromis.
D'autres écrivains romains, tels que Suétone, Pline le Jeune, Sénèque et Juvénal, Lucien, Celse, font allusion aux disciples du Christ et à l'expansion du christianisme. Ces premiers prédicateurs chrétiens n'étaient pas des hommes extrêmement instruits selon les critères du monde cultivé de l'époque. Les membres du Sanhédrin remarquèrent que les apôtres Pierre et Jean étaient "des hommes sans instruction et des gens ordinaires"(Ac 4:13). A propos de Jésus lui-même, "les Juifs [...] s'étonnaient et disaient: "Comment cet homme sait-il les lettres, alors qu'il n'a pas fait d'études?" (Jn 7:15).
On retrouve ces idées chez les historiens profanes: "Celse, le premier écrivain à s'en prendre au christianisme, s'en moque parce que des ouvriers, des cordonniers, des cultivateurs, les plus ignorants et les plus rustres des hommes, sont les prédicateurs zélés de l'évangile ("Allgemeine Geschichte der christlichen Religion und Kirche, par August Neander, 1842, vol. 1, p. 120). Au dire d'Origène, Celse lui-même a reconnu que "ce n'étaient pas uniquement les gens simples qui étaient amenés par la doctrine de Jésus à adopter sa religion". Effectivement de nombreux nobles romains sont devenus chrétiens.
Pline le Jeune, en qualité de gouverneur de la Bithynie, légat de l'empereur Trajan de Rome, demanda à l'empereur quelle était la meilleure façon de procéder avec les chrétiens. Cet échange de correspondance ayant eu lieu au plus tard quarante ans après la mort de l'apôtre Paul, sa lettre constitue donc un document classique obligeant tous ceux qui ne croient pas au récit biblique de la vie de Jésus-Christ à admettre que celui-ci a réellement vécu, que ce fut un grand maître, qu'il fit des disciples dévoués, dont la vie devait être si différente de celle des païens qu'elle attirerait l'attention des empereurs romains eux-mêmes.
Dans cette lettre, après avoir reconnu qu'il n'a «jamais participé personnellement à des enquêtes concernant des chrétiens» Pline déclare: «Voici en attendant, la règle que j'ai suivie vis-à-vis de ceux qu'on me déférait comme chrétiens. Je leur ai demandé s'ils étaient chrétiens. Ceux qui l'avouaient étaient menée au supplice cependant que d'autres personnes niaient l'être ou l'avoir été. Celles-ci, mises à l'épreuve, non seulement offraient des sacrifices païens mais «s'emportaient en imprécations contre le nom de Christ. A rien de tout cela, dit-on, l'on ne peut jamais forcer ceux qui sont véritablement chrétiens». D'autres encore, ajoute Pline, reconnaissaient qu'ils avaient été chrétiens autrefois et qu'ils adressaient même «une invocation à Christ, comme à une divinité», mais que depuis quelque temps déjà «ils ne voulaient plus l'être».
Les accusés qui niaient être chrétiens étaient relâchés à condition, dit Pline, d'avoir "en ma présence, invoqué les dieux, et offert de l'encens et du vin à votre image [celle de Trajan] (...) [et d'avoir] maudit le Christ". Tout chrétien avéré était exécuté. (Lettres de Pline X: 96).
Pline voulait savoir si Trajan approuvait ses méthodes et sa façon d'agir. L'empereur, en réponse à cette lettre de Pline, le félicita pour la ligne de conduite qu'il avait adoptée. « Tu as, écrivit Trajan, suivi la voie que tu devais dans l'instruction de ceux qui t'ont été déférés comme chrétiens ». Le neveu et successeur de Trajan (117-138 apr. J.-C.), écrivant au proconsul d'Asie au sujet des chrétiens, déclara: «Par conséquent, si dans des accusations de ce genre les habitante de la province sont capables de soutenir quelque chose de précis contre les chrétiens, de manière à porter l'affaire devant les tribunaux, qu'ils le fassent, mais dans ce cas seulement et non quand Il s'agit d'accusations officieuses ou de simples bruits» (App. Euseb. Hist. Eccles., IV, 9).
Juvénal, écrivain satirique et poète latin (60-140 apr. J.-C. env.), fait allusion à la description que donne Tacite des persécutions de chrétiens (Bat. 1. p. 155-157). Sénèque (4 av. J.-C. - 65 apr. J.-C. env.), homme d'Etat et philosophe très estimé et tuteur de Néron, dit aussi quelques mots du christianisme (Epist. XIV). C'est ce que font également le sophiste grec « à la bouche d'or » Dion Chrysostome (40-115 apr. J.-C. env.) [Orationes Corinthiae XXXVII p. 463], et Arrien, historien et philosophe grec qui naquit vers l'an 96 apr. J.-C. (Dissertat. IV, 7 & 5 et 6).
Brossant les grandes lignes de la vie de Claude César, Suétone, historien latin qui naquit vers la fin du premier siècle, dit ceci: « [Claude] expulsa de Rome les juifs qui, à l'instigation de Chrestus (le Christ), provoquaient constamment des troubles » (Vie de Claude, chap. 25). Et lorsqu'il parle des cruelles persécutions qui sévirent sous Néron, Suétone dit encore: " On punissait les chrétiens, ce groupe d'hommes attachés à une nouvelle et pernicieuse superstition" (Vie de Néron, chap. 16).
Lucien, rhéteur grec qui naquit vers la fin du règne de Trajan, attaqua les doctrines des chrétiens et ridiculisa leur forme d'adoration. Écrivant à l'occasion de la mort de Peregrinos Proteios, un cynique illustre, Lucien déclara, entre autres choses, que les chrétiens « parlaient de lui (du Christ) comme d'un dieu, le considéraient comme un législateur et l'honoraient du litre de Maître. Aussi adorent-ils encore ce grand homme qui fut crucifié (crux simplex) en Palestine, pour avoir apporté dans le monde cette nouvelle religion ».
Origène, l'un des plus notables Pères de l'Église (185-254 apr. J.-C.), nous a conservé le témoignage de plusieurs autres non-chrétiens de l'antiquité. Il nous dit par exemple qu'un philosophe grec du nom de Noumenios, qui vécut dans la seconde moitié du IIème siècle, « cite un fragment de l'histoire de Jésus-Christ dont il cherche l'interprétation cachée » (Encyclopédie de McClintock & Strong, vol. 7, p. 225). Origène dit aussi que Phlégon, qui vécut vers le milieu du deuxième siècle, aurait mentionné l'accomplissement de certaines prophéties relatives à Christ (Contre Celse liv. 2, § 14).
Celse, ennemi farouche du christianisme qui vécut 130 ans environ après la mort de Jésus, cita souvent les Écritures grecques chrétienne parce que, dit-il, « nous prenons ces choses dans vos écrits pour retourner contre vous vos propres armes ». Les originaux des oeuvres de Celse sont perdus, mais Origène nous a préservé environ 80 de ses citations des Écritures. Celse affirme que l'on a parlé de Jésus comme de la Parole de Dieu, qu'on l'appelait Fils de Dieu, qu'il venait de Nazareth, qu'il était le fils d'un charpentier et aurait été conçu miraculeusement. Il fait encore allusion à la fuite en Égypte, au baptême de Jésus dans le Jourdain, à la voix qui le déclara fils de Dieu, aux tentations dans le désert, et au choix de 12 apôtres. Il admet que Jésus accomplit de grands miracles: multiplication des pains, guérison des aveugles, des boiteux et des malades, et résurrection des morts. Il mentionne également de nombreux points de doctrine des enseignements du Christ. Finalement il parle encore de la trahison de Judas, du reniement de Pierre, de la flagellation, du couronnement de Jésus, des moqueries dont on l'accabla ainsi que de l'obscurité et du tremblement de terre qui accompagnèrent sa mort, et de sa résurrection qui suivit. Ainsi cet écrivain païen prouva sans le vouloir que ces choses turent consignées par écrit et tenues pour vraies par tous les chrétiens de ce temps-là (The Critical Handbook of the Greek New Testament de Mitchell).
Ces récits indépendants prouvent que dans l'ancien temps même les ennemis du christianisme n'ont jamais douté de l'historicité de Jésus. L'histoire montre que les ennemis remettaient en cause sa position de roi céleste mais pas son existence.
Nous sont également parvenus beaucoup d'autres documents ou commentaires dont voici quelques extraits : Justin le Martyr (vers 150) qui parle des mémoires composés par les apôtres, Ignace (vers 115) qui connaît plusieurs évangiles dont un particulièrement, Irénée (vers 190) se dressant contre les hérétiques, parle de 4 évangiles. Il serait possible de continuer avec Polycarpe, Clément de Rome, Clément d'Alexandrie, Théophile, Papias, et beaucoup d'autres encore. Et tout cela, sans compter les archives de très anciennes villes qui parlent de chrétiens morts comme martyrs en Gaule. Hégesippe (historien du IIème siècle) raconte que les ennemis des chrétiens dénoncèrent les petits-fils de Jude -demi frère de Jésus- comme étant de la famille de David. Tous sont des témoins directs ou indirects de l'existence de Jésus Christ et de son ministère.
Le témoignage du Coran. Le Coran demande aux musulmans d'écouter et de suivre l'enseignement du Christ: "Dis: Nous croyons en Allah, à ce qu'on a fait descendre sur nous, à ce qu'on a fait descendre sur Abraham, Ismaël, Isaac, Jacob et les Tribus, et à ce qui a été apporté à Moïse, à Jésus et aux prophètes, de la part de leur Seigneur : nous ne faisons aucune différence entre eux; et c'est à Lui que nous sommes Soumis" (sourate 3:84).
"Tel est Issa (Jésus), fils de Marie: parole de vérité, dont ils doutent" (sourate 19:34).
Une preuve encore plus puissante de l'historicité de Jésus Christ.
C'est le fait que son influence ne dépend pas de sa présence physique sur la terre. Alors que l'influence qu'ont exercée sur l'histoire des monarques aussi puissants que Nébucadnezzar, Alexandre le Grand et César a cessé, celle de Jésus demeure. Des millions de gens suivent encore aujourd'hui son enseignement. Bien qu'étant à son époque un personnage très puissant, Napoléon fut obligé de reconnaître le caractère unique de l'influence exercée par l'homme Jésus. Il déclara: "Alexandre, Charlemagne et moi avons reçu l'extraordinaire pouvoir d'influencer et de commander les hommes. Mais notre présence était nécessaire. (...) Jésus-Christ, lui, a influencé et commandé ses sujets depuis dix-huit siècles sans être visiblement présent de corps". Il dit encore: "Alexandre, César, Charlemagne et moi avons fondé des empires. Mais sur quoi avons-nous basé les réalisations notre génie? Sur la force. Seul Jésus-Christ a fondé son royaume sur l'amour".
Rousseau, célèbre philosophe français du dix-huitième siècle, écrivit à propos de Jésus : "Quelle élévation dans ses maximes! quelle profonde sagesse dans ses discours, quelle présence d'esprit, quelle finesse, quelle justesse dans ses réponses! Quel empire sur ses passions! Où est l'homme, où est le sage qui sait agir, souffrir et mourir sans faiblesse et sans ostentation?"
(je n'en suis pas l'auteur)