Anglicans : le dialogue œcuménique reste une priorité de l’Eglise catholique
Interview à L’Osservatore Romano du cardinal Kasper
ROME, Lundi 16 Novembre 2009 (ZENIT.org) - A quelques jours de la visite à Rome de l'archevêque de Canterbury, Rowan Williams, et après la publication de la Constitution apostolique « Anglicanorum coetibus », le cardinal Walter Kasper, président du Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens, a souhaité rappeler combien le dialogue œcuménique continue d'être une priorité de l'Eglise catholique et du pontificat de Benoît XVI.
Dans une interview accordée à L'Osservatore Romano, le 15 novembre, il a estimé que, selon toute probabilité, le primat de la Communion anglicane - à Rome du 19 au 22 novembre - parlerait du « développement indiscutablement positif des relations entre anglicans et catholiques après le concile ».
Selon L'Osservatore Romano, « les développements de la nouvelle structure personnelle pensée par le pape pour les anglicans seront examinés directement avec le primat ».
La prochaine visite au Vatican de l'archevêque de Canterbury « démontre qu'il n'y a eu aucune rupture, et relance le désir commun de se parler, en ce moment historique important », a affirmé le cardinal Kasper.
C'est dans cet esprit que l'archevêque de Canterbury rencontrera les membres de la Curie romaine et qu'il parlera avec le pape le 21 novembre. « Nous avons l'occasion d'ouvrir une nouvelle phase du dialogue œcuménique qui continue à être une priorité de l'Eglise catholique et du pontificat de Benoît XVI », a ajouté le haut prélat.
Concernant la constitution apostolique, « l'archevêque de Canterbury a maintenu une attitude équilibrée depuis qu'il en a été informé. Nos relations personnelles sont cordiales et transparentes. C'est un homme de spiritualité, un théologien », a encore affirmé le cardinal Kasper. « En réalité, aujourd'hui, les seuls obstacles au dialogue œcuménique peuvent venir des tensions internes au monde anglican ».
Le président du Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens a ainsi évoqué les problèmes concernant « l'ordination des femmes au presbytérat puis à l'épiscopat, la consécration d'un évêque homosexuel, la bénédiction de couples du même sexe : des choix qui ont provoqué de graves tensions internes au monde anglican ».
Dans cette interview, le cardinal Kasper est revenu sur la genèse et la signification de la nouvelle constitution apostolique.
« Un groupe d'anglicans a demandé librement et légitimement d'entrer dans l'Eglise catholique. Il ne s'agit pas de notre initiative. Ils se sont d'abord adressés à notre Conseil, et comme président, j'ai répondu que la compétence revenait à la Congrégation pour la doctrine de la foi », a expliqué le haut prélat.
Malgré tout, « le Conseil a toujours été informé par la Congrégation pour la doctrine de la foi et il n'est pas vrai que nous avons été tenus à l'écart. Nous n'avons pas participé directement aux conversations, mais nous avons été tenus au courant », a-t-il insisté.
Maintenant, « nous devons savoir concrètement qui et combien d'anglicans sont décidés à saisir cette opportunité. Ensuite, nous parlerons de temps et des lieux ».
Il faut « voir au cas par cas qui sont ces personnes », a également expliqué le cardinal. « On ne devient pas catholiques seulement parce qu'on est en désaccord avec les choix de sa propre confession. Voilà pourquoi je tiens à redire : il faut voir au cas par cas, et ne pas généraliser ».
Le cardinal Kasper a enfin évoqué le cas de la Traditional Anglican Communion : « Il y a près de deux ans, leurs représentants ont demandé à être incorporés dans l'Eglise catholique. Mais ils n'ont pas pris part aux conversations. Maintenant, ils sont montés sur un train en marche. Très bien, s'ils sont sincères, les portes sont ouvertes. Mais ne fermons pas les yeux sur le fait que depuis 1992, ils ne sont plus en communion avec Canterbury ».
Enfin, pour le président du Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens, il n'y aura pas de « répercutions négatives » à la publication de la Constitution apostolique, pas même chez les protestants : « Pour tous les chrétiens, c'est désormais une chose acquise que le pape veut continuer les dialogues œcuméniques, comme l'a voulu le concile Vatican II », a-t-il conclu.
Marine Soreau