Trois questions pour comprendre la polémique autour des jours fériés catholiques remplacés dans les outre-mer
Dans les départements d'outre-mer, un amendement à la loi Macron permet de remplacer ces jours fériés par des fêtes locales. Un changement qui suscite une vive polémique.
C'est un petit texte passé presque inaperçu durant l'examen de la loi Macron, mais qui suscite maintenant une vive polémique. Un amendement adopté le 14 février, par un hémicycle aux trois quarts vide, doit donner aux départements d'outre-mer la possibilité de remplacer les jours fériés catholiques par des fêtes locales. Francetv info vous résume la controverse en trois questions.
Qu'est-ce que la loi Macron va changer ?
Ce texte, défendu par la députée socialiste de la Réunion Ericka Bareigts et soutenu par d'autres élus d'outre-mer, prévoit que dans ces départements, "un arrêté préfectoral peut remplacer des jours fériés catholiques (le lundi de Pâques, l'Ascension, le lundi de Pentecôte, l'Assomption et la Toussaint) par un même nombre de jours fériés locaux", et ce "afin de tenir compte des spécificités culturelles, religieuses et historiques" de ces départements.
Cet amendement ne pourra toutefois entrer en application que lorsque la loi Macron aura été promulguée, s'il est maintenu dans les prochaines étapes de la procédure parlementaire, et n'est pas censuré au final par le Conseil constitutionnel.
Pourquoi ça fait polémique ?
Depuis son adoption à l'Assemblée, le texte suscite en tout cas une sérieuse controverse. Selon ses opposants, l'amendement 2 992 à la loi Macron pourrait, en effet, permettre de remplacer l'un des jours fériés catholiques par l'Aïd-el-Fitr, qui marque la fin du ramadan. "On entre de plain-pied dans le communautarisme, attaque le député UMP Eric Ciotti, lundi 23 février, dans Le Parisien. La France ne vient pas de nulle part, elle a une histoire, elle a une identité. Elle est l'héritière d'une civilisation judéo-chrétienne."
Un avis partagé par le Front national. Son vice-président, l'eurodéputé Florian Philippot, dénonce ainsi une "atteinte manifeste au principe d'unité et d'invisibilité de notre République" et de "violente régression communautariste". "Avec cet amendement, on fait reculer la laïcité en distinguant les Français selon leur religion", insiste-t-il dans un communiqué.
"Cela va à l'encontre de la paix sociale, déplore, lui aussi, le directeur de la communication de la Conférence des évêques de France, Vincent Neymon, interrogé par Le Parisien. Les autres religions n'ont jamais demandé à obtenir leurs propres jours fériés. Pourquoi ouvrir cette brèche ? Ce débat est déplacé."
Que répondent les partisans de cet amendement ?
Des critiques que rejettent les défenseurs de cet amendement. Pour la députée réunionnaise Ericka Bareigts, "il existe un paradoxe dans une République laïque" à donner "un statut légal aux seules fêtes d'une religion, bien que celle-ci ait un caractère fortement majoritaire dans la population. Ce paradoxe est renforcé dans les départements d'outre-mer où le fait et l'histoire religieux sont parfois de nature bien différente".
Sans se prononcer sur le texte, l'historien des religions, Odon Vallet, estime qu'"en théorie", ce changement "n'est pas une mauvaise chose". "Les jours fériés ne sont déjà pas les mêmes partout en France. En Alsace et en Moselle, on ne travaille pas le 26 décembre et le Vendredi saint. Cela serait assez logique de rendre l'Aïd férié à Mayotte, où la majorité des Français est musulmane", fait-il valoir dans Le Parisien.
L'UMP, elle, ne l'entend pas de cette oreille. Elle a déjà annoncé qu'elle attaquerait le texte devant le Conseil constitutionnel, si celui-ci passait l'étape de la navette parlementaire.
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