La victoire de l’écologiste Van der Bellen rassure l’EuropeJean-Baptiste François, le 04/12/2016 à 18h35
L’extrême droite autrichienne a perdu dimanche 4 décembre son pari de concrétiser la poussée populiste en Europe en faisant élire son candidat, Norbert Hofer, à la présidence.
Alexander Van der Bellen à la sortie de son bureau de vote, à Vienne, le 4 décembre 2016. / Joe Klamar/AFPAprès le Brexit au Royaume-Uni, et l’élection de Donald Trump à la Maison-Blanche, le FPÖ en Autriche… c’était le scénario noir. Mais l’extrême droite autrichienne ne l’a pas emporté hier, à l’élection présidentielle. Lors des projections dimanche 4 décembre à la sortie des urnes, le candidat écologiste Alexander Van der Bellen, 72 ans, était crédité de 53,6 % des voix hier soir contre 46,4 % pour Norbert Hofer, son adversaire du FPÖ.
L’ancien professeur d’économie à l’université aura donc réussi à s’imposer en rempart contre l’extrême droite. Sous l’étiquette d’indépendant il enregistre dans de nombreuses circonscriptions une progression de plusieurs points par rapport au second tour du mois de mai qui avait été annulé, selon les premiers résultats partiels publiés.
Le FPÖ a perdu une bataille…Le parti d’extrême droite a admis sa défaite, hier. « Je souhaite féliciter M. Van der Bellen pour ce succès », a déclaré son secrétaire général, Herbert Kickl, à la télévision publique. Le FPÖ ne contestera pas le résultat de ce scrutin déjà annulé en mai dernier en raison d’irrégularités dans le dépouillement. Si le FPÖ est si magnanime, c’est qu’il sait que la partie n’est pas encore totalement jouée pour arriver au pouvoir. Le parti d’extrême droite rêve toujours d’un tremplin vers la Chancellerie lors des législatives, prévues au plus tard en 2018.
« Pendant la campagne, Alexander Van der Bellen a promis que s’il arrivait au pouvoir, il ne nommerait en aucun cas le président du FPÖ, Heinz-Christian Strache chancelier d’Autriche, même en cas de victoire de l’extrême droite. Le problème, c’est que l’ancien vert ne représente pas grand-chose politiquement, il n’est porté par aucun organe politique. Il pourrait nommer Hofer comme chancelier et lancer une crise de pouvoir au FPÖ », explique Patrick Moreau, politologue au CNRS spécialiste de l’Autriche.
Un « enfant de réfugiés »Alexander Van der Bellen, Européen convaincu, pragmatique et libéral, n’a d’autre choix que de durcir ses positions pour donner des gages à la droite. Celui qui a dirigé le parti des Verts jusqu’en 2008 défend désormais la « tolérance zéro » en matière de sécurité, une restriction de l’asile pour les « migrants économiques ».
Une ligne bien éloignée de sa sensibilité de départ, alors qu’il aime lui-même se présenter comme un « enfant de réfugiés », fils d’un aristocrate russe et d’une mère estonienne, ayant fui le stalinisme. Après sa naissance à Vienne, il grandit dans les montagnes du Tyrol, aux confins de l’Autriche et de l’Italie, lorsque l’Armée rouge est entrée dans la capitale autrichienne, en 1945.
Mais il a tenu bon face à son rival pour défendre l’idéal européen, lors des débats télévisés : « Vous ne comprenez rien à l’économie » ou « Je vous parle d’Europe : E-U-R-O-P-E, vous en avez déjà entendu parler ? », a-t-il lancé à Norbert Hofer comme pour faire sortir de son flegme un adversaire partisan de la sortie de la zone Euro.
Jean-Baptiste François
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